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Back to square one

Comme un sort qui s’acharne ! À croire que la sérénité n’aime pas Pravind Jugnauth. Le jugement dans l’affaire Medpoint, qui permet au Directeur des Poursuites publiques de faire appel pour contester l’acquittement de Pravind Jugnauth au Privy Council, place le Premier ministre dans une situation inédite.

 

Jamais aura-t-on vécu pareil embarras au sommet de l’État. L’affaire n’est pas anodine car notre pays se trouve dans une inconfortable situation où, pour la première fois, son Premier ministre devra faire face à une action judiciaire. Et pas n’importe laquelle ! Celle d’un conflit d’intérêts, délit jugé sous le Prevention of Corruption Act. Les avocats de Pravind Jugnauth auront beau dire que «le conseil privé ne remet pas en cause les conclusions de la Cour suprême sur les faits», tout ceci n’est que littérature. Car, désormais, c’est le Privy Council qui jouera le rôle d’arbitre. 

 

De deux choses l’une : soit le conseil privé statuera, d’après son interprétation de la loi, que Pravind Jugnauth a commis une offense ayant été dans une situation de conflit d’intérêts. Il s’alignera alors sur le premier jugement de la Cour intermédiaire en date du 2 juillet 2015. Pravind Jugnauth sera alors trouvé coupable sous le Prevention of Corruption Act. Et sera dans une posture extrêmement gênante. Soit les Law Lords auront la même interprétation du jugement de la Cour suprême en date du 25 mai 2016 et trouveront que Pravind Jugnauth n’était pas dans une situation de conflit d’intérêts. Et dans ce cas-là, le chef du gouvernement serait réellement en position de dispenser des «claques» à ses détracteurs car il serait alors lavé de tout blâme et plus jamais personne n’osera lui coller l’étiquette  Medpoint sur le dos.

 

Au fond, ce n’est qu’un back to one pour le leader du MSM. Et c’est la deuxième fois qu’il fait face à cette situation. Quand il est devenu ministre de la Technologie après son élection au sein de l’Alliance Lepep fin 2014, Pravind Jugnauth était déjà sous le coup d’une poursuite judiciaire. Avec, quelques mois plus tard, les événements que l’on connaît : il fut trouvé coupable de conflit d’intérêts devant la Cour intermédiaire, fit honneur à sa fonction de ministre en démissionnant, fit ensuite appel, gagna et retrouva un maroquin ministériel.

 

Aujourd’hui, il se retrouve une nouvelle fois sous le coup d’une action judiciaire. Mais le gros changement est au niveau de sa fonction : il est à la tête d’un gouvernement et son accession au pouvoir, sans plébiscite populaire, est déjà contestée. C’est donc sur le plan moral que la pression continuera à s’exercer sur lui et, par conséquent, sur son gouvernement qui fait face à une série de scandales. Même si, pour l’heure, le leader du MSM est innocent, cette nouvelle épée de Damoclès brandie sur sa tête le fragilise quand l’on sait qu’il pourrait être trouvé coupable de conflit d’intérêts à n’importe quel moment. Sans compter que notre éthique prend un sérieux coup avec un Premier ministre au centre d’une histoire dont l’issue est un délit de corruption. C’est dire à quel point cet argument servira à tous les détracteurs du Premier ministre.

 

Les premières salves ont déjà commencé avec le leader de l’opposition qui affirme qu’il est «triste de constater que le pays a un Premier ministre qui doit se confronter à une possible condamnation». Les autres opposants ne sont pas en reste : Bérenger réclame la démission de Pravind Jugnauth comme chef du gouvernement et comme ministre, et n’exclut pas une action commune de l’opposition à ce sujet, alors que Bhadain, qui a fait montre d’audace en démissionnant comme parlementaire pour provoquer une élection partielle, annonce déjà la couleur de sa campagne. Elle prendra l’allure d’un âpre match Bhadain/Jugnauth. 

 

Et pendant que Jugnauth fils se retrouve au centre d’une nouvelle secousse, l’embellie de ce gouvernement est venue de sir Anerood Jugnauth qui mérite les félicitations de tout le pays. Son courage à saisir la Cour internationale de Justice, sa ténacité, sa plaidoirie convaincante lors de son discours à l’ONU, qui a débouché sur l’adoption d’une «advisory opinion», est un nouveau pas dans la bataille de Maurice pour la reconnaissance de sa souveraineté sur les Chagos. Et il est réconfortant que tous ensemble – Mauriciens, Chagossiens, gouvernement et opposition – soient et restent toujours derrière SAJ pour ce combat d’intérêt national qui dépasse nos petites personnes et les positions politiques partisanes. Car les Chagos et son peuple ont été regardés trop longtemps, hélas, avec indifférence…