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Le long cauchemar des proches de Chaitlall Gunness

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Il formait avec son épouse Amrita un couple très complice.

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Avec son frère, le chirurgien cardiaque Sunil Gunness.

Les membres de la famille du «Chief Executive Officer» de la «State Bank of Mauritius» ont passé quatre jours dans la tourmente, l’angoisse et l’incertitude. Ayant appris le décès de leur cher parent, ils tracent le portrait de celui qui est décrit comme un battant…

«C’est terrible … » Ce sont les seuls mots que nous dira Amrita, l’épouse de Chaitlall Gunness, 57 ans, lorsque nous l’avons eue au téléphone en fin de semaine pour l’interroger sur ce qu’elle vit depuis que son époux et elle se sont retrouvés au cœur des attentats terroristes qui ont secoué l’Inde mercredi jusqu’à hier après-midi. Chaitlall Gunness, Chief Executive Officer (CEO) de la State Bank of Mauritius, était en voyage d’affaires et logeait avec son épouse à l’hôtel Taj Mahal.

Trop accablée, celle-ci qui ne se trouvait pas à l’hôtel au moment de l’attaque, ne nous en dira pas plus. La dépouille du haut cadre bancaire a été identifiée par Rajiv Servansingh et le consul Ravi Sawmy, hier.
Plusieurs thèses entourent cette mort atroce. Si selon certaines sources Chaitlall Gunness serait mort par asphyxie, d’autres laissent entendre qu’il aurait été abattu à bout portant par un terroriste.

Se trouvant, à hier après-midi, toujours dans la Grande Péninsule, c’est chez son amie Mona Doctor, la petite-fille de Manilall Doctor, qu’Amrita Gunness a trouvé refuge. «En ces temps difficiles, elle habite chez moi. Une de ses sœurs est aussi avec elle. Malgré le cauchemar, qu’elle vit, Amrita est très brave, elle fait face à la situation difficile dans laquelle elle se trouve. Elle est atterrée, mais elle se montre forte pour ses enfants et sa famille», déclare Mona Doctor.

En cette période de grandes douleurs, entre le choc de l’attentat, la prise d’otages, la découverte du cadavre et l’identification du corps, cette grande amie de la famille
endeuillée préfère se rappeler les bons moments qu’elle a vécus aux côtés de Chaitlall Gunness.

Et pendant quelques minutes, elle arrive à ne plus penser aux terribles instants de ces derniers jours : «C’était, il y a quelques mois, il était en Inde avec son épouse.» Charmant, très calme et souriant sont les trois qualificatifs qui lui viennent en tête lorsqu’on lui demande de faire un portrait de celui qu’elle décrit comme quelqu’un qui était «un très bon ami, un homme complet, un excellent père et un formidable époux».

Le cardiologue Sunil Gunness dit, pour sa part, avoir perdu un frère «extraordinaire» : «Ma mère Sushil est accablée par cette perte. C’est un véritable cauchemar. Il était pour elle un fils admirable tant il chérissait les liens sacrés qui unissent la famille. Je garderai à jamais le souvenir d’un fonceur qui croyait en ses rêves. Il a commencé petit, mais il était devenu un grand à force de travail… Il n’a pas hésité à passer plusieurs fois des examens pour y arriver.»

Selon Kumar Gunness, le frère aîné du CEO – qui s’est rendu vendredi soir à Mumbai –, toute la famille est «vraiment secouée» par cette tragédie : «Du jour au lendemain, notre vie s’est retrouvée bouleversée. On n’arrive toujours pas à croire ce qu’on est en train de vivre. J’ai choisi de faire le déplacement à Mumbai pour épauler ma belle-sœur.»

Lui aussi trouve du réconfort en parlant de son cadet. Le temps de quelques minutes, le long cauchemar dans lequel il se trouve depuis mercredi s’estompe. Il raconte ainsi son petit frère, «un type modeste, calme, qui avait une grande simplicité, et qui était attaché aux valeurs et
aux principes dans la vie».

Il parle, toujours de son frère, comme «l’exemple à suivre» : «C’était quelqu’un qui s’est construit lui-même, petit à petit. Enfant, il était déjà très ambitieux. Après sa scolarité primaire à l’école de Bassin, d’où nous sommes originaires, il a fait ses études secondaires au collège New Eton. C’est un battant. Après beaucoup de sacrifices, il s’est inscrit à l’université de Maurice pour ensuite s’envoler pour l’Angleterre pour des études supérieures.»

Chaitlall, poursuit Kumar, a toujours été quelqu’un de patient : «Il a d’abord été enseignant dans un collège à Rivière-des-Anguilles. Puis, il a commencé comme simple comptable à la State Bank mais a très vite gravi les échelons. Il s’est beaucoup investi pour réussir et faire carrière. Il compte plus d’une vingtaine d’années à la banque. Il a rejoint l’institution dans les années 80. C’est en 2003 qu’il a accédé au poste de Chief Executive Officer.» À la State Bank, on se souvient d’un CEO «aux qualités humaines exceptionnelles», confie Raja Ramdhaursingh Chairman de la SBM.

Depuis que la famille s’est retrouvée plongée dans ce cauchemar, tous, dit Kumar Gunness, se serrent les coudes : «La famille était sacrée pour Chaitlall, plus particulièrement ses deux filles : Anju, 24 ans, diplômée de médecine en Irlande, et Alchana, 19 ans, qui étudie le droit en Angleterre (Elles seraient rentrées à Maurice hier). À chaque fois qu’il était en congé, il se faisait un devoir d’aller en Europe pour passer du temps avec elles. En juin dernier, il était d’ailleurs très heureux lorsque son aînée avait décroché son diplôme.»

Jason Gunness, 30 ans, le fils de Kumar, se souvient parfaitement de ce moment : «Mon oncle était ce jour-là très fier.» Le jeune homme s’attarde aussi sur la façon dont son oncle a gravi les échelons : «Il doit sa réussite à lui-même. Rien ne le prédestinait à un tel parcours, mais il était déterminé. Ils étaient huit enfants dans la famille, cinq frères et trois sœurs (le dernier frère est décédé), et ils vivaient modestement à la route Bassin, à Quatre-Bornes. Mon grand-père Indurduth était un simple planteur mais il a su transmettre les valeurs à ses enfants qui se sont tous fait une situation.»

Raj Dussoye, actuel CEO de Bank One et ex-employé de la State Bank
qui a côtoyé Chaitlall Gunness
pendant environ 25 ans, confirme que son ex-collègue «aimait se donner à fond dans son travail».

En sus d’être «un chef strict qui aime le travail bien fait», Chaitlall Gunness était aussi, selon Raj Dessoye, un bon vivant qui adorait se maintenir en forme : «Il était un grand fan de Manchester United. Il aimait aussi faire du footing et de la gym. Il avait aussi une hygiène de vie irréprochable; il adorait les fruits de mer.» Le CEO de Bank One décrit aussi Chaitlall Gunness comme quelqu’un de très amical : «Il aimait rire et sa bonne humeur était souvent communicative.»

Une autre proche de la famille, Amita Gunness, abonde dans le même sens : «Je me souviens particulièrement des moments qu’on a passés avec tous les membres de la famille; c’était dimanche dernier à l’occasion du mariage d’un proche. C’est le dernier événement dans la famille où on a pu profiter de son beau sourire…»

Un sourire qui s’est, hélas, tragiquement éteint.

Une carte d’identité mauricienne retrouvée sur un terroriste

Voilà une découverte qui sème le trouble. Les membres du commando de la marine indienne ont retrouvé une carte d’identité mauricienne au nom d’Abu Islami dans un sac appartenant à un des terroristes. Les officiers ont aussi retrouvé dans le même sac sept cartes de crédit portant le même nom. Toutefois, ce nom ne figurerait pas sur le registre de l’état civil à Maurice. Tout porterait à croire que le document serait un faux ou qu’on l’ait falsifié.

C’est d’ailleurs la thèse que privilégie Mukeshwar Choonee, le haut-commissaire mauricien en Inde : «Dès que nous avons eu cette nouvelle, nous avons fait une demande auprès de toutes les autorités concernées en Inde afin que toutes les informations nous soient transmises dans les meilleurs délais pour que nous puissions les vérifier à notre niveau. Au début, je croyais que la carte en question appartenait à M. ou à Mme Gunness. Mais après vérification, il semble que la carte d’identité mauricienne retrouvée sur le terroriste serait un faux ou un document falsifié puisque, a priori, ce nom n’existe pas sur les registres officiels mauriciens.»

Le Dr Arvin Boolell, ministre des Affaires étrangères, suit lui aussi cette affaire de très près : «Cette carte d’identité pourrait être une fausse carte. Les autorités indiennes sont en train de faire une enquête là-dessus et nous travaillons de concert avec le haut-commissaire de l’Inde pour essayer de faire la lumière sur cette affaire.»

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a, quant à lui, déclaré, lors d’une rencontre avec la presse hier, qu’il a parlé de toute l’affaire avec son homologue indien. «Nous ne sommes pas sûrs de ce que c’est, mais l’enquête se poursuit afin de connaître tous les détails», a-t-il affirmé. Pour l’heure, le mystère de la carte reste plus ou moins entier.

Qui sont les Moudjahidines du Deccan ?

L’attentat, d’une ampleur inédite, qui a frappé Mumbai a été revendiqué par un groupe islamiste, les Moudjahidines du Deccan (plateau central de l’Inde) quelques heures seulement après le début de ces attaques. Ce groupe était jusqu’alors inconnu.

Il s’agirait d’une branche des Moudjahidines indiens, issue du Mouvement étudiant islamique de l’Inde (SIMI). Le SIMI a été
interdit par le précédent gouvernement nationaliste et est tenu pour
responsable de la quasi-totalité des attentats de ces dernières années.

L’un des terroristes retranchés dans l’hôtel Oberoi-Trident,
interrogé par une télévision, a affirmé que le groupe réclamait la fin des «persécutions» contre les musulmans de l’Inde, une forte minorité de 150 millions de personnes. Mais l’Inde y a vu, une nouvelle fois, la main du Pakistan, souvent accusé par Delhi de soutenir des groupes islamistes, auteurs d’attentats sur le sol indien. Islamabad rejette catégoriquement ces accusations.

Pourtant, selon les autorités indiennes, il y aurait un Pakistanais parmi les trois extrémistes arrêtés dans le Taj Mahal. Les services de renseignements indiens affirment que les extrémistes sont membres du Lashkar-e-Taïba, un groupe islamiste basé au Pakistan.

Le couple français, parmi les victimes, a investi à Maurice

La nouvelle a eu effet d’une bombe au sein de l’entreprise La Nouvelle Lingerie Mauricienne. Loumia Hiridjee, 46 ans, et son époux Mourad Amarsy, 47 ans, un couple français qui a investi dans cette entreprise mauricienne, a péri lors des attentats en Inde. Les deux dînaient à l’hôtel Oberoi mercredi soir – ils vivaient en Inde depuis quelque temps – lorsque celui-ci a été attaqué par les terroristes.

À Maurice, ceux qui les ont connus sont sous le choc. «Nous sommes en deuil. Cette nouvelle nous a bouleversés. C’est une grande perte. Quand ils venaient dans l’île, ils ne manquaient jamais de venir saluer les employés de La Nouvelle Lingerie Mauricienne. Chaque année, ils venaient à Maurice, ils étaient des amoureux de notre pays», confie un proche du couple dans une déclaration à 5-Plus dimanche hier. Selon lui, le couple français s’était rendu en Inde il y a quelque mois, pour y habiter ainsi que pour faire des affaires. Loumia Hiridjee est connue pour être la fondatrice de la lingerie féminine Princesse Tam Tam qui compte 158 magasins dans le monde entier.

Un proche des deux victimes parle d’elles comme de gens qui n’hésitaient pas à aider les autres : «Mourad disait parfois qu’on n’est que de passage sur terre et qu’il fallait en profiter pour essayer d’œuvrer pour le bien-être d’autrui. C’est ce que Loumia et lui ont fait durant leur existence. Leur œuvre continue par-delà la mort car ceux qui les connaissent suivront leur exemple.» Loumia Hiridjee et son compagnon apportaient du bonheur dans la vie des plus démunis en faisant des dons à Maurice et à Madagascar d’où est originaire la fondatrice de Pincesse Tam Tam.

Du côté de cette entreprise, la perte du couple, qui laisse derrière lui trois enfants, est également déplorée. «C’est une catastrophe pour l’entreprise et pour tous les gens qui les ont connus», a déclaré Roland de Farcy, le président de Princesse Tam Tam à Associated Press.

Bombay sous les feux des terroristes

Un bilan lourd, très lourd ! Au moins 195 morts, dont le Mauricien Chaitlall Gunness, et près de 300 blessés dans les attentats de Mumbai. Ce n’est qu’hier, après plus de 60 heures de siège, que les forces des armées indiennes sont venues à bout des attaques terroristes en reprenant le contrôle de la dernière poche de résistance, l’hôtel Taj Mahal.

«Le Taj est sous notre contrôle», a déclaré hier le chef de la police de la ville, Hasan Gafoor à Reuters. Dans les combats qui se sont déroulés en fin de matinée, hier dans l’enceinte de l’hôtel, trois terroristes et un militaire ont trouvé la mort. Hasan Gafoor a également précisé que sur les dix extrémistes islamistes responsables des attentats de mercredi, neuf ont été tués et un capturé. D’autre part, une carte d’identité mauricienne a été retrouvée dans les effets personnels d’un des terroristes (voir hors-texte).

Fusillades, explosions et incendies… plusieurs endroits ont été visés simultanément mercredi : les hôtels Trident-Oberoi et Taj Mahal, le café Leopold ainsi qu’une gare. Ces attentats ont été revendiqués par les Moudjahidin du Dekkan. Les activistes étaient, semble-t-il, bien préparés, organisés et informés. Ils connaissaient apparemment très bien les différents endroits qu’ils ont attaqués. «À certains moments, a déclaré un général de l’armée indienne vendredi, ils se sont montrés aussi forts que nous au combat et dans les déplacements. Soit il s'agissait de militaires, soit ils ont suivi une longue formation de commando.»

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