• Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»
  • Arrêté pour vol et possession d’objet volé - L’avocat Akil Bissessur affirme : «Mo ena kamera ki demontre tou»
  • Un conducteur ivre tue un motocycliste de 63 ans, à Haute-Rive - Rita, l’épouse de Harryduth Ghoorbin : «Mo misie pann resi trouv figir nou deziem ti zanfan»
  • Concours de beauté - Priyadarshi Dowlut : une Miss mauricienne en croisière
  • Moi, Ansley, ma passion pour la déco, mon combat contre le cancer et ma rage de vivre
  • Trois ans après le décès de 11 patients de l’hôpital de Souillac : le cauchemar des dialysés se poursuit
  • Le MSM s’active - Pravind Jugnauth à Camp-Ithier : «Il faut de la continuité et de la stabilité»
  • Opposition : une alliance fragilisée qui veut convaincre malgré tout

Il était une fois mon papa, Angidi Chettiar

CHET1.jpg

En compagnie de Navin et Veena Ramgoolam et de quelques membres de sa famille.

CHET3.jpg

Dop Chettiar en compagnie d’Arvin Boolell, le ministre des Affaires étrangères, et Paul Bérenger, le leader de l’opposition, jeudi soir à la résidence du défunt.

Malgré ses obligations politiques, l’ancien président de la République est décrit par un de ses fils comme quelqu’un qui a toujours été présent pour sa famille. Récit d’un fils qui raconte son père…

«Dans la vie il faut avoir un objectif…» Dop Chettiar, 64 ans, se souviendra toujours de ces paroles venant de son père, Angidi Chettiar, 82 ans, vice-président de la République, qui s’est éteint, mercredi soir, à son domicile à Moka, après une longue maladie. Ces quelques mots, dit-il, résument parfaitement le parcours de celui qui était et qui restera à jamais un exemple pour lui et ses autres frères et sœurs (ils étaient six : cinq fils, une fille. Un des fils est décédé) : «Malgré ses diverses obligations et son emploi du temps souvent chargé, mon père a toujours été là pour chacun de ses enfants. Il avait des buts à atteindre et même s’il n’a pas réalisé son rêve de devenir président, il a fait tout ce qu’il voulait faire et il peut être fier de lui. »

Si la carrière politique d’Angidi Chettiar — qui a été au cœur de bien des événements importants de notre pays, — n’est plus aujourd’hui un secret pour personne, tous méritent, poursuit Dop Chettiar, ingénieur en informatique, de connaître l’homme qui était derrière le politicien.

Arrivé à Maurice à l’âge de 8 ans de Madurai, une ville dans le sud de l’Inde, Angidi Chettiar, l’aîné d’une famille de quatre enfants (un de ses frères est décédé), n’a jamais caché son grand bonheur et sa gratitude envers ses parents pour l’avoir emmené dans cette petite île pour laquelle il avait développé un grand attachement : «Il était très fier de ses origines mais sa vie il l’avait construite ici et c’est ici qu’il voulait la terminer.»

Travail bien fait

La communication a toujours été au cœur de toutes ses entreprises : «Lorsqu’on était jeunes et qu’on discutait avec lui, il nous racontait toujours comment il était venu à Maurice. Il nous a aussi toujours conseillé d’aller visiter le pays qui l’a vu naître. Chose qu’on a tous tenu à faire à un moment de notre vie.»

Quand il ferme les yeux et fait appel à ses souvenirs, Dop revoit son père, jeune. Il le décrit comme un homme qui avait une hygiène de vie très stricte : «Il se réveillait tout le temps à 5 heures même jusqu’à tout dernièrement. Pour lui, le monde appartient à celui qui se lève tôt.» Que ce soit dans son business de textile (à la rue La Corderie puis à la rue Desforges) qu’il gérait de main de maître ou encore en tant que politicien, son père, raconte-t-il, était quelqu’un qui n’aimait pas se précipiter : «Il aimait prendre son temps et exigeait le travail bien fait.»

Ce souci du détail et de la perfection, Angidi Chettiar qui a fait sa scolarité primaire au Young Men’s Hindi-Aided School à Port-Louis, puis ses études secondaires au collège Royal de Port-Louis, l’a aussi transmis à ses enfants : «Il avait une très bonne relation avec tous ses enfants et le plus important, c’est qu’il nous écoutait. La bonne entente est primordiale dans une famille.» C’est ainsi, que l’ancien vice-président n’a jamais mis la pression sur ses enfants : «Il nous faisait confiance et même s’il était passionné par la politique et vouait une admiration sans bornes à sir Sewoosagur Ramgoolam, il ne nous a jamais obligés à lui emboîter le pas.»

Il ne cachait pas non plus sa fierté devant la réussite de ses enfants : «Mes frères et moi avons tous fréquenté le collège Royal de Port-Louis et ma sœur a été pour sa part, élève au collège Queen Elizabeth. Nous avons tous décroché des bourses de l’État, ce qui n’est pas courant dans une même famille.»

Son père, dit-il, était aussi très attaché aux valeurs familiales : «Je me souviens toujours de sa tristesse lorsqu’ il avait perdu sa mère. Elle comptait énormément pour lui.» Idem lorsque son épouse Malliga est décédée en 2006 : «Ils ont cheminé ensemble pendant 61 ans.»

Lorsqu’il évoque les souvenirs de son père, Dop Chettiar décrit ce dernier aussi comme quelqu’un qui n’était pas du tout difficile : «C’était un bon vivant et il aimait les petits plaisirs de la vie, par exemple, il appréciait lorsque les plats étaient bien mijotés. Il dédiait la journée de vendredi à la prière et suivait toujours de très près l’actualité politique.Ses 18 petits-enfants et ses deux arrière-petits-enfants comptaient aussi énormément pour lui. Ils étaient le résultat de l’accomplissement de sa vie.»

Avec ses autres frères et sœur — Ramen, 59 ans, médecin au Canada, Gororaj, 57 ans infirmier, Mariammar, 55 ans, femme au foyer, Nataraj, 55 ans, également médecin au Canada —, Dop rendra demain, lors des funérailles d’Etat un vibrant hommage à celui qui a non seulement marqué leur vie… mais aussi à celui qui laisse ses empreintes dans l’histoire du pays.

Adieu à un vétéran du PTr

L’ancien vice-président de la République a durant toute sa vie été fidèle au Parti travailliste. Il a pendant longtemps évolué aux côtés de sir Seewoosagur Ramgoolam et a même été trésorier du parti. Angidi Chettiar a été député pendant plusieurs années et a aussi servi comme ministre dans le gouvernement de Ramgoolam père. Il est devenu vice-président pour la première fois en 1997 et avait démissionné de ses fonctions, en 2002 refusant de donner son assentiment à une loi anti terroriste, la Prevention of Terrorism Act (POTA). Il avait retrouvé son poste de vice- president de la République, en 2007, à la fin du mandat de Raouf Bundhun. Dans le milieu politique, Angidi Chettiar est connu pour certaines de ses maladresses, notamment pour les propos qu’il avait tenus dans le passé à l’égard de Navin Ramgoolam qu’il avait décrit comme «impe lente».

Alors qu’il y a beaucoup de questions par rapport à celui qui va remplacer Angidi Chettiar à la vice-présidence, les préparatifs des funérailles vont bon traind’Etat. Les obsèques auront lieu demain, lundi, et le convoi mortuaire sortira de son domicile à Gentilly, Moka. Depuis la nouvelle de son décès, les personnalités politiques se sont succédé dans la demeure des Chettiar pour témoigner de la sympathie à la famille endeuillée.

Archive: