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Moi, prostituée dans un salon de massage

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«Ce sont toujours les mêmes têtes qui reviennent, des hommes entre 25 et 40 ans. Ils viennent seuls ou avec des amis», raconte la jeune femme.

 

Alors que des salons de massage ferment, semaine après semaine, pour cause de prostitution, une ex-employée qui, jusqu’à récemment, proposait ses «services» dans un tel établissement, raconte son passage dans cet univers feutré.

 

C’est par le biais d’une amie, que cette jeune femme de 35 ans a découvert le monde des salons de massage aux pratiques particulières. À cette époque pas si lointaine – en janvier dernier –, elle n’a guère le choix, dit-elle. Criblée de dettes, élevant seule ses trois enfants âgés de 19, 16 et 9 ans, et n’ayant jamais travaillé auparavant, notre interlocutrice se sent le dos au mur.

 

«Mon époux faisait le va-et-vient depuis trois ans. Il est définitivement parti au début de cette année», raconte-t-elle. Il lui laisse cependant un paquet cadeau au goût amer. «Des dettes de l’ordre de Rs 70 000 ; il n’avait pas réglé ses mensualités à la National Housing Development Company pour l’achat de notre maison.» Outre tous ses frais du ménage, la jeune femme doit trouver Rs 6 000 pour régler, chaque mois, les mensualités.

 

Une amie lui propose alors la «solution miracle» pour sortir du gouffre. «Comme je n’avais jamais travaillé, elle m’a conseillé d’intégrer un salon de massage pour régler mes problèmes financiers.» C’est que l’amie en question, qui est également mère de famille et séparée de son conjoint, évolue dans ce secteur. Et lui en confie les secrets. «Elle m’a raconté qu’elle touchait beaucoup d’argent en proposant des services très particuliers aux clients.» Après bien des hésitations, notre interlocutrice finit par céder, «à cause de la fragilité de ma situation.» Elle se rend au salon quelques jours plus tard.

 

Si l’établissement pour lequel elle travaillait servait de couverture pour des activités de prostitution, certaines des filles savent vraiment masser, assure notre interlocutrice. Même si elles ne détiennent pas de diplôme dans le domaine. Mais nombreuses sont-elles à recourir aux extras en raison de leurs problèmes financiers.

 

Lors de son entretien, relate-t-elle, elle avoue au patron son inexpérience en matière de massage. Lui aurait demandé sèchement à la trentenaire si elle savait faire «lot zafer la». «Je me débrouille», répond-elle, et se met au boulot le même jour.

De bouche à oreille

 

Ses horaires de travail sont presque des heures de bureau normales. Début de la journée à 10 heures pour finir à 17 heures avec, parfois, des heures supplémentaires jusqu’à 21 heures, selon la demande. «J’ai, au minimum, deux clients par jour. Lorsque le client vient au salon – qui comporte sept chambres –, il a droit à plusieurs forfaits. La séance de 30 minutes lui coûte Rs 400. Pour 45 minutes, c’est Rs 500 alors qu’il doit compter Rs 600 pour une heure.»

 

La clientèle, dit-elle, varie peu pour cet établissement dont la «réputation» s’est faite de bouche à oreille. «Ce sont toujours les mêmes têtes qui reviennent, des hommes entre 25 et 40 ans. Ils viennent seuls ou avec des amis.»

 

Notre interlocutrice souligne que c’est le client qui choisit sa masseuse. Elles sont toutes assises à la réception. «On est six filles à temps plein, d’autres font ce travail à temps partiel.» L'homme paie alors pour le forfait choisi et se rend dans une des salles libres. «On ne propose rien aux clients. On leur donne les tarifs uniquement à leur demande : masturbation à Rs 300, fellation pour Rs 500 et Rs 1 000 si c’est pour avoir des relations sexuelles.»

 

Le salaire mensuel qu’elle perçoit – Rs 2 000 – n’étant pas très élevé, c’est grâce aux «extras», confie la jeune femme, qu’elle a pu régler une partie de ses dettes. «Je gagnais jusqu’à Rs 4 000 par jour quand je faisais des heures sup’.»

 

Notre interlocutrice a pourtant, selon ses dires, arrêté ces activités il y a quelques semaines. «J’ai pris peur. Il y a des descentes de police régulièrement. Qu’aurais-je dit à mes enfants et à mes proches si on m’avait arrêtée ? Personne ne savait que je faisais ce sale travail. Ils croyaient que je travaillais dans la cuisine d’un restaurant. Les autres filles mentent également aux siens.»

 

Notre interlocutrice dit désormais remuer désormais ciel et terre pour trouver un «vrai» emploi. Pour pouvoir respecter ses engagements financiers et élever ses enfants dans la dignité.

 

Perquisitions et arrestations

 

Lors d’une énième perquisition dans un salon de massage, le vendredi 8 juillet, des policiers du poste de police de Quatre-Bornes ont appréhendé la gérante et trois de ses masseuses. L’une d’elles a été prise en flagrant délit alors qu’elle faisait une fellation à un client. Les suspectes seront traduites en cour le lundi 11 juillet. Une charge provisoire de «Brothel Keeping» sera logée contre la gérante alors qu’une charge provisoire de «solliciting male for immoral purpose» pèse sur les trois jeunes femmes.

 

Le mercredi 29 juin, un établissement à St-Paul a reçu une visite surprise de la police. Deux Beau-Bassinoises de 27 et 29 ans ont été arrêtées. Elles ont été prises en flagrant délit de prostitution. La gérante, âgée de 30 ans, a également été arrêtée. Cette habitante de Phœnix fait l’objet d’une charge provisoire de «brothel keeping». Une charge provisoire de solliciting male for immoral purpose pèse sur les deux autres jeunes femmes. Le propriétaire des lieux, qui habite Highlands, a aussi été arrêté. Une charge provisoire de managing a brothel pèse sur cet homme de 41 ans.

Le 31 mai, un salon de prostitution a été mis au jour à Ligne Berthaud, Vacoas. Deux femmes ont été arrêtées puis libérées sous caution. L’une, âgée de 25 ans, venait de faire une fellation à un habitant de Camp-Caval quand la perquisition a eu lieu. Les policiers ont recueilli quatre préservatifs appartenant au Curepipien. La gérante, âgée de 30 ans, a également été arrêtée.

 

Quelques jours plus tôt, soit le 25 mai, trois suspectes avaient été appréhendées à Glen-Park. Une habitante de cité Vallijee et une Quatrebornaise ont été prises en flagrant délit de prostitution. Les deux hommes qui se trouvaient en leur compagnie, à savoir un habitant de Plaine-Lauzun et un homme de 30 ans, habitant Nouvelle-France, sont rentrés chez eux après avoir consigné leurs dépositions respectives. La gérante, une habitante d’Henrietta, a également été arrêtée.

 

Six mois de prison et Rs 50 000 d’amende pour deux gérantes

 

La Cour suprême a été sans pitié envers deux femmes. Celles-ci ont écopé d’une amende de Rs 50 000 et de six mois de prison après avoir été trouvées coupables de «Brothel Keeping». Elles avaient converti leur salon de massage qui se trouve à Eau-Coulée en maison close. Les juges Caunhye et Chan ont maintenu la sentence en appel.

 

Les faits remontent à mai 2006. Deux couples sont surpris en pleins ébats lors d’une opération policière. Les deux gérantes sont alors arrêtées de même que deux jeunes femmes. Lors du procès, les deux couples ont servi de témoins clés à la poursuite et ont affirmé avoir eu des relations sexuelles dans ledit salon.

 

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