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L’inspecteur Moorghen au cœur d’une polémique : Ses proches : «On veut sa tête»

photo Barthelemy Azie qui avait 17 ans au moment de sa disparition bn .jpg

La victime était portée disparue depuis 1999.

Simon Azie ( cover) bn .jpg

Il ne veut qu’une chose : enterrer les restes de son fils.

Le bruit court que l’inspecteur, qui a résolu le meurtre de Barthélémy Azie 14 ans après, sera bientôt arrêté alors que deux de ses hommes ont déjà été appréhendés, puis relâchés sous caution. On leur reproche d’avoir falsifié la déclaration du père de la victime, Simon Azie. L’entourage de Rajesh Moorghen crie au complot alors que le constable Casimir affirme que l’inspecteur Ravin Ajodha, chargé de l’enquête sur ce cas allégué de «forgery», a voulu le persuader de témoigner contre Moorghen. Des accusations que le haut gradé rejette avec virulence. Cette saga est, semble-t-il, loin d’être terminée.

Rodrigues est en ébullition. Maurice aussi. Car, cette semaine, deux policiers rodriguais, le constable Casimir et le sergent Grazille Félicité, ont été arrêtés concernant l’enquête relative à l’affaire Barthélémy Azie dont le meurtre a eu lieu en 1999 et a été résolu 14 ans plus tard par l’inspecteur Moorghen. Il est reproché aux deux policiers d’avoir écrit et fait signer une fausse déclaration à Simon Azie, le père de la victime, sur l’instruction de l’inspecteur mauricien Rajesh Moorghen. Celui-là même qui a résolu l’affaire Barthélémy Azie après toutes ces années et qui avait commencé à plancher sur un autre cas d’assassinat allégué, celui de huit pêcheurs rodriguais par des garde-côtes, il y a 25 ans. Lui aussi serait sur le point d’être arrêté pour forgery.

En attendant, les proches de l’inspecteur de 42 ans, actuellement affecté au poste de police de Rivière-Coco après un énième transfert, n’hésitent pas à crier au complot. «On a l’impression que Rajesh est persécuté. Il faudra prouver qu’il y a eu forgery. Où sont les preuves ? On ne les a pas vues à ce jour. Si Moorghen et ses collègues ont incité Simon Azie à faire une fausse déclaration en date du 23 janvier, comment expliquer alors que le lendemain, l’homme a fait la même déclaration au téléphone sur les ondes d’une radio privée ? Pourquoi change-t-il de langage maintenant ? Moorghen n’a rien à se reprocher dans cette affaire. C’est pour cela qu’il attend de pied ferme les enquêteurs. Il a toujours été une menace pour sa hiérarchie», s’insurge un de ses amis.

L’inspecteur Moorghen est-il réellement victime d’un complot, comme le pensent certains dans son entourage et au-delà ? Ou bien a-t-il réellement poussé Simon Azie à faire une fausse déclaration contre des hauts gradés mauriciens ? Dans celle-ci, Simon Azie accuse le CP Rampersad, l’ancien CP Gopalsingh et l’ACP Vudamallay, patron du CCID, de négligence. Il déplore la façon dont l’enquête sur le meurtre de son fils a été menée durant les dernières années et explique qu’il a personnellement adressé une correspondance au CP Gopalsingh, le 1er juin 2006, mais que l’assassinat de son fils n’avait jamais été élucidé. À l’époque, le SP Raddhoa et son équipe s’étaient rendus dans l’île pour résoudre cette affaire, en vain.

Aujourd’hui, l’affaire se corse davantage car le constable Christian Casimir affirme que les Casernes centrales veulent la peau de l’inspecteur Moorghen et montre du doigt l’inspecteur Ravin Ajodha, chargé de l’enquête sur ce cas de forgery alléguée. «À aucun moment, je n’ai falsifié la déclaration de Simon Azie. Ce dernier a été interrogé à 20 reprises par l’inspecteur Moorghen alors que moi, j’étais chargé de prendre les notes. Il n’y a pas eu de falsification. Mais comment se fait-il que, sur 20 déclarations, il n’y a qu’une seule qui pose problème : celle où Simon Azie affirme qu’il veut entamer des poursuites contre les chargés de l’enquête de l’époque ?» s’interroge-t-il.

Graves allégations

Mais il y a plus grave encore, selon lui : «J’ai été interrogé une nouvelle fois, le vendredi 21 mars, par l’inspecteur Ajodha. À un moment, il m’a dit qu’il savait que j’étais innocent. Il m’a aussi confié que l’inspecteur Moorghen était allé trop loin et portait préjudice aux Casernes centrales. Et que c’était pour cela qu’une machinerie avait été mise en place pour le piéger. Il m’a aussi dit qu’il pouvait me sortir de cette affaire à condition que je fasse des déclarations contre Moorghen pour mieux le piéger. Pour ce faire, il m’a proposé de prendre son numéro de téléphone pour une éventuelle rencontre avec le responsable de la police de Rodrigues afin d’arranger les choses en ma faveur. Mais j’ai refusé catégoriquement car je n’ai fait que mon travail, comme Moorghen.»

De graves allégations que l’inspecteur Ravin Ajodha récuse. «Je suis peut-être de petite taille. Mais je ne suis pas bête», nous lance cet enquêteur de carrière sur un ton courtois. «Il est vrai que le constable Casimir a été interrogé le vendredi 21 mars et qu’on s’est vu. Mais à aucun moment je ne lui ai dit de faire une déclaration contre Moorghen, encore moins que je pouvais le sortir de la situation où il se trouve concernant l’affaire Barthélémy Azie. À aucun moment non plus je n’ai reçu d’ordre pour piéger Moorghen et le faire tomber. Jamais. Il n’y a aucun complot. On mène une enquête et elle nous a conduits à interroger le constable Casimir et le sergent Félicité», affirme l’inspecteur.

Il explique pourquoi cette enquête sur ces policiers a été ouverte. «Comment se fait-il que, dès la réouverture de l’enquête sur la disparition de Barthélémy Azie, son père Simon Azie a toujours réclamé que ce soit uniquement Moorghen qui enregistre ses déclarations ? D’ailleurs, c’est suite à des contradictions dans les déclarations de ce dernier à la presse que nous avons décidé d’ouvrir une enquête», souligne Ravin Ajodha.

Menaces

Et aujourd’hui, Simon Azie vient dire qu’il ne connaît rien à cette affaire (voir sa déclaration en hors-texte). Ce qui fait que, dans l’entourage de Rajesh Moorghen, on persiste et signe : «On veut sa tête. Selon nos informations, les deux policiers ont reçu des menaces pour dire qu’ils ont agi sous les ordres de Moorghen. Dans n’importe quelle enquête, c’est toujours le supérieur qui pose les questions et c’est un constable ou un sergent qui prend la version par écrit. Ils ont juste écrit ce que l’homme a dit. Kot forgery ladan ?» s’insurge un proche de Rajesh Moorghen. Selon lui, on chercherait à piéger ce dernier parce qu’il songeait à interroger le commissaire de police (CP) under warning pour négligence alléguée dans l’affaire Azie après avoir porté plainte contre le Divisional Commander de Rodrigues.

Une autre personne qui le côtoie de près avance qu’il y a plusieurs zones d’ombre qui doivent être éclaircies concernant cette histoire de forgery. Selon notre source, il y a notamment le fait que deux policiers de la CID de Port-Mathurin se seraient rendus au domicile de Simon Azie avant de l’emmener à leur bureau pour le questionner. Cela se serait déroulé alors que Rajesh Moorghen était à Maurice. Leur Diary Book ne ferait cependant pas mention de ce déplacement.

Pour notre source, ce n’est pas la première fois que Rajesh Moorghen, est victime de persécution. «Certains policiers sont jaloux de lui, c’est la raison pour laquelle, à chaque fois, on lance de fausses accusations contre lui. Je vous rappelle qu’il est un ancien enquêteur du CCID. Il est parmi ceux qui ont enquêté sur Éric Stauffer et Mookhesswur Choonee. Il a également travaillé à la Very Important Persons Security Unit sans oublier plusieurs affectations à la Western Division où il a travaillé aux postes de police de Quatre-Bornes, Petite-Rivière et Bambous. Il a également été en poste à la Special Supporting Unit», assène un autre de ses proches.

Bien qu’il ait à chaque fois produit de bons résultats, poursuit notre interlocuteur, il a connu de nombreux «transferts punitifs». Il a d’ailleurs été muté à Rodrigues en 2011 après une affaire de mœurs alléguée. «On l’avait transféré à Rodrigues pour le casser moralement. Ses détracteurs n’ont cependant pas réussi leur coup car, sur place, il a également fait parler de lui à plusieurs reprises. Il a, entre autres, démantelé un réseau de paris illégaux durant la saison hippique l’année dernière, avant de résoudre la mystérieuse disparition de Barthélémy Azie», souligne un ami.

Mais pour ses détracteurs, l’inspecteur n’est nullement un «bel terib». «Il a un comportement de rebelle et il donne l’impression d’être toujours en représentation», affirme quelqu’un qui l’a côtoyé dans le cadre de son travail. Une autre source aux Casernes centrales surenchérit : «C’est un showman qui aime la pub gratuite. Ses supérieurs lui reprochent d’ailleurs souvent sa proximité avec la presse. Il parle trop quand il travaille sur une affaire, pour vanter ses exploits et blâmer sa hiérarchie.»

Quoi qu’il en soit, ces derniers jours, après avoir été transféré du poste de police de Grande-Montagne à celui de Rivière-Coco, il planchait sur l’affaire des huit pêcheurs morts il y a 25 ans après avoir reçu une autre lettre anonyme. L’entourage de Rajesh Moorghen avance qu’il avait bon espoir d’élucider cette nouvelle affaire.

Mais avec l’enquête ouverte sur lui et son équipe, ce cas reste en suspens. Le sort même de l’inspecteur reste en suspens. Sera-t-il arrêté ou pas ? On devrait le savoir bientôt…

Le service de presse de la police : «No comment»

Le quartier général de la police n’a pas souhaité commenter l’enquête dont fait l’objet l’inspecteur Rajesh Moorghen. «No comment dans la mesure où il y a une enquête en cours», nous a déclaré le constable Dharmarajen Mooroogan, responsable du service de presse de la police. Ce dernier fait aussi l’objet d’une plainte de Rajesh Moorghen.

Simon Azie : «Mo pa konn nanye dan sa zafer la !»

Tient-il un double langage ou bien a-t-on réellement falsifié sa déclaration ? En tout cas, Simon Azie semble ne plus savoir sur quel pied danser depuis que cette affaire de forgery alléguée a éclaté. «Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe actuellement. Personnellement, je dois remercier l’inspecteur Moorghen qui a permis d’élucider le meurtre de mon fils. Il a fait un bon travail, je dois le reconnaître. Je remercie aussi les Casernes centrales qui l’ont envoyé à Rodrigues. Car, sans sa présence dans l’île, je n’aurais jamais su la vérité sur la disparition de mon fils», confie-t-il, au téléphone.

Questionné sur l’arrestation du constable Christian Casimir et du sergent Grazille Félicité, soupçonnés d’avoir falsifié sa déclaration, Simon Azie répond : «Mo pa konn nanye dan sa zafer la !» Il ajoute qu’il a été interrogé par l’inspecteur Moorghen, en présence du constable Casimir. «Je n’ai fait que signer des déclarations car je ne sais pas lire. Je n’ai jamais dit que je voulais poursuivre le commissaire de police pour négligence quant à la manière dont le dossier de mon fils avait été traité», précise Simon Azie, 67 ans. Pourtant, il y a deux mois, il avait lui-même déclaré, sur les ondes d’une radio privée, qu’il reprochait aux Casernes centrales sa manière de gérer ce dossier.

Mais il semble que Simon Azie ait oublié cet épisode. «Je ne me souviens pas avoir dit quelque chose de ce genre. Tout ce que je veux, c’est qu’on me remette les ossements de mon fils pour organiser ses funérailles.» Il reconnaît toutefois avoir reçu la visite de quelques éléments de la Central Investigation Division de Port-Mathurin, à son domicile, il y a environ deux semaines. Pour quel motif ? Face à cette question, Simon Azie reste plutôt évasif. «Mo pa tro koner kifer zot ti vinn get mwa», dit-il. Fait-il l’objet d’une manipulation ? De la part de qui ? C’est à la police de tirer cette affaire au clair.

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