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Femmes et alcoolisme : Étoile d’Espérance, la réhabilitation comme bouée de sauvetage

Bien plus qu’un centre de désintoxication, la nouvelle maison de réhabilitation d’Étoile d’Espérance est un cocon qui prend sous son aile les femmes qui ont besoin d’aide et de soutien. Pour les aider à devenir abstinentes, l’ONG multiplie les thérapies.

Une tranquillité sereine inonde les lieux. Un calme apaisant qui rend la nouvelle maison d’Étoile d’Espérance comme un cocon qui protège et qui donne des armes aux femmes pour se défaire de leurs propres démons. Permettre aux femmes atteintes d’alcoolisme de sortir de leur quotidien, de venir se ressourcer dans un environnement sain, de se libérer de leurs souffrances grâce à des thérapies adaptées à leurs besoins pour enfin se défaire de leur addiction et connaître l’abstinence, voilà la raison d’être d’Étoile d’Espérance. Cette ONG offre depuis 1997 aux femmes dépendantes à l’alcool, le temps d’une thérapie résidentielle, un encadrement adapté, un service d’écoute, une aide psychologique et différentes activités dans le cadre d’un programme de réhabilitation taillé sur mesure. 

 

Depuis quelques semaines, c’est une nouvelle maison de réhabilitation qui a ouvert ses portes à Curepipe. Soutenue par SWAN dans cette démarche, l’ONG, dont le centre se retrouvait anciennement à Quatre-Bornes, est tombée sur une vieille maison inhabitée qui a dû être retapée. Pour donner une âme à cette maison, chaque membre de l’équipe, explique Micaëlla Clément, directrice des projets et des finances du centre, a donné un peu du sien. Cette nouvelle maison, dit-elle, c’est aussi un moyen de leur redonner goût à la propreté. «Quand on est alcoolique, on se néglige, on ne prend pas soin de soi et de sa maison. Vivre dans un tel environnement leur apprendra à respecter leur environnement, à réapprendre à entretenir une maison et à prendre soin de soi.» À la maison de réhabilitation, ce sont les résidentes qui entretiennent la maison. Les tâches sont distribuées de sorte que tout le monde prenne part de manière active à la vie de la maison. 

 

La déco est moderne, tout en ayant un côté rustique. Tout a été pensé dans les moindres détails, allant des couleurs choisies aux anciens meubles qui ont été recyclés, en passant par le jardin. «Offrir un environnement sain, propre et agréable aux femmes qui viennent ici est très important. Non seulement cela les met en confiance mais ça leur permet aussi de comprendre que nous ne sommes pas une prison mais une maison de réhabilitation qui les aide à s’en sortir», explique Micaëlla Clément. Parce que l’alcoolisme cache toujours une souffrance profondément enfouie, ici les portes ne sont jamais fermées à clé, une manière de dire aux femmes qui y résident qu’elles ne sont pas enfermées contre leur gré et qu’elles sont les seules à décider de leur destin. 

 

Partage

 

Le traitement qui y est proposé n’est pas médical mais thérapeutique. C’est là, souligne Micaëlla Clément, toute la différence. Ici, dit-elle, les différences n’ont plus aucune importance. Juger l’autre y est interdit. Grâce aux thérapies de groupe, chaque résidente se retrouve dans l’histoire de l’autre. Le partage est bienfaiteur car il permet de s’identifier aux autres, de ne pas se sentir seule et de se défaire du phénomène de la honte grâce au pouvoir de la parole. 

 

Pour faciliter la réhabilitation, explique Gilbert Leste, directeur thérapeutique d’Étoile d’Espérance, un espace d’écoute et des groupes de parole sont mis en place pour permettre aux résidentes de mieux affronter leurs peurs et leurs angoisses afin de mieux exprimer les émotions et les sentiments longtemps enfouis. «Le partage amène la prise de conscience et la remise en question. C’est comme ouvrir symboliquement une porte pour se projeter dans l’avenir. Le programme met aussi l’accent sur les liens familiaux et sociaux qu’il faut recréer pour faciliter le retour de nos résidentes dans le monde extérieur. Et une fois dehors, nous ne les laissons pas livrées à elles-mêmes. Grâce au programme Aftercare, le centre maintient un contact après la phase résidentielle», explique-t-il. 

 

Pour la remise en forme et une meilleure confiance en soi, plusieurs activités sont proposées aux résidents. Au détour d’un petit sentier se dessine d’ailleurs une petite case créole qui fait office d’atelier créatif. À l’intérieur, bijoux en papier, macramé, objets de déco à partir de produits recyclés font honneur aux talents de ces femmes. Ces produits, explique Micaëlla Clément, seront exposés et mis en vente lors d’une journée portes-ouvertes qui sera organisée bientôt. En attendant, le mois de septembre s’annonce lourd de sens pour Étoile d’Espérance qui marquera une fois de plus cette année la Journée mondiale de la sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale, un danger silencieux qui ronge de nombreuses femmes. Conscientiser la population face à cette maladie – car oui, l’alcoolisme est une maladie reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé – est donc extrêmement important. 

 

Malheureusement, aujourd’hui encore, souligne Micaëlla Clément, les Mauriciens jettent un regard accusateur sur l’alcoolisme, principalement sur les femmes qui boivent. «Nous jugeons la femme plus sévèrement que l’homme. Si elle boit, c’est qu’elle est une femme de mauvaise vie et même si elle réussit à s’en sortir, cette étiquette la poursuivra toujours. Par contre, si un homme devient abstinent, on le verra comme quelqu’un de courageux. Cette mentalité doit changer.» D’où l’importance, dit-elle, de parler encore et toujours de l’alcoolisme comme une maladie et non une fatalité.