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Une prothèse pour une nouvelle vie

Aurélie essayant sa toute première prothèse.

L’amputation est une épreuve difficile à laquelle font face quelque 300 Mauriciens chaque année. Se retrouver du jour au lendemain avec un membre en moins et une mobilité réduite, c’est une réalité qui est dure à accepter. Depuis deux ans maintenant, la Global Rainbow Foundation vient en aide et soutient ceux qui ont subi une amputation, en leur offrant une prothèse gratuitement, de la réhabilitation et une aide psychologique. Benjamin Goindsamy, Sarofak Auckburally et Aurélie Volcy nous parlent de leur expérience.

D’abord, il y a eu le choc. Pour certains, ce fut à la suite d’une maladie, pour d’autres après un accident. Ils n’avaient jamais imaginé vivre une telle épreuve et pourtant, il leur a fallu accepter cette réalité qui les obligeait à être désormais des personnes à mobilité réduite. Face à la perte d’un membre, ils s’étaient sentis anéantis. Les mois de convalescence ont été longs et devant cette image de grand vide à la place de leur bras ou de leur jambe, ils ont souvent ressenti un  profond désarroi.

 

Pour arriver à surmonter cette douleur physique, mais aussi psychologique, créée par cette amputation qui s’avère être particulièrement difficile, ils ont eu besoin de quelqu’un sur qui s’appuyer, de proches sur qui compter. Nombreux d’entre eux ont aussi pu compter sur la Global Rainbow Foundation qui vient en aide et soutient ceux qui ont subi une amputation.

 

L’association caritative, créée par le Professeur Armoogum Parsuramen, est la première à Maurice à offrir des prothèses gratuitement, grâce à une collaboration avec Jaipur Foot, en Inde. Lors du dernier Jaipur Foot Camp, qui a eu lieu entre le 7 et le 20 décembre, plus de 109 prothèses ont été livrés. Et un nouveau centre Jaipur a récemment ouvert ses portes à Solitude.

 

Parmi les bénéficiaires, l’on trouve un homme qui fait la fierté des membres de l’association. Benjamin Goindsamy est âgé de 59 ans. Depuis quatre mois, il a quitté son île Rodrigues natal pour s’installer à Maurice, afin d’apprendre à fabriquer… des prothèses. En le voyant s’activer dans l’atelier de la Global Rainbow Foundation à Solitude, les mains couvertes d’une peinture blanche, on a du mal à croire qu’il a une jambe en moins. Et pourtant, cela fait 22 ans que Benjamin a été amputé. «Auparavant, je travaillais dans l’agriculture et après mon amputation, je n’ai jamais pu reprendre mon travail», se remémore-t-il. L’an dernier, il avait été le premier à recevoir une prothèse lors de la première édition du Jaipur Foot Camp. Pour lui, le changement avait immédiatement eu lieu : «Avant, je portais parfois des prothèses offertes par le gouvernement, mais elles me faisaient très mal et m’empêchaient de me déplacer. Mais depuis que j’ai cette nouvelle prothèse, je me sens beaucoup mieux, un peu plus comme les autres.»

 

Reprendre confiance

 

En effet, depuis un an, Benjamin n’est plus le même. Plus épanoui, il a repris confiance en lui et ose aujourd’hui rêver d’un avenir différent : «Je suis très content que le Professeur Armoogum Parsuramen m’ait donné l’occasion d’apprendre un nouveau métier. Je ne le fais pas uniquement pour moi, mais aussi dans le but d’aider ceux qui, comme moi, souffrent d’une amputation.» Pour lui, c’est définitivement une nouvelle vie qui commence. Bientôt, il s’envolera pour Jaipur, en Inde. Pendant quelques mois, il y recevra une formation intensive sur la fabrication de prothèses.

 

Commencer une nouvelle vie, c’est aussi ce dont rêve Sarofak Auckburally, 20 ans. Il y a six mois, la vie de ce jeune homme a complètement basculé. Employé sur un chantier de construction, il était en service lorsque sa chemise s’est prise dans une bétonneuse qui a fini par lui déchiqueter le bras. «Lorsqu’on est arrivé à l’hôpital ce jour-là, je savais déjà qu’on allait m’amputer le bras. Il n’y avait plus rien à faire», se souvient-il.

 

Si, au début, il tente de se montrer fort en essayant de ne pas y penser, son incapacité à faire certaines choses et ses difficultés à prendre soin de lui-même le replongent inlassablement dans ses tourments. «J’ai toujours besoin de quelqu’un à mes côtés pour s’occuper de moi. Au début, je n’arrivais même pas à m’habiller tout seul», fait-il remarquer.

 

Les mois passent et à force de courage et de détermination, Sarofak s’adapte peu à peu à sa nouvelle situation. Avec sa nouvelle prothèse, il espère devenir plus autonome et trouver un travail afin d’être plus indépendant. «C’est la première fois que je mets une prothèse. Ça va prendre un peu de temps avant que je m’y habitue, mais je suis persuadé que ça me sera d’une grande aide», souligne le jeune homme.

 

Pour d’autres, la blessure est encore là, le traumatisme encore vivace. Aurélie Volcy, 15 ans, a du mal à parler de ce jour de janvier où, dans un accident, elle a eu le bras droit sectionné. Une douloureuse épreuve qui l’a plongée dans une profonde détresse. «J’étais dans un van. On revenait de Souillac où on fêtait l’anniversaire de mon oncle. Le van a dérapé et fait plusieurs tonneaux», raconte-t-elle d’une voix saccadée.

 

Quand elle se réveille plusieurs heures plus tard, elle a déjà subi deux interventions chirurgicales. En ouvrant les yeux, Aurélie ne peut contenir ses larmes en constatant qu’elle n’a plus l’un de ses bras. Les séquelles physiques et psychologiques de son accident et de son amputation ont créé chez elle une sorte de blocage.

 

Selon sa sœur aînée, Aurélie refuse d’en parler. Les souvenirs sont, pour elle, encore trop douloureux. «Au début, elle refusait de sortir, elle pleurait tout le temps», déclare cette dernière. Alors qu’elle croquait la vie à pleines dents comme tous les ados de son âge, Aurélie a dorénavant du mal à envisager l’avenir : «C’est difficile pour moi. Ma vie ne sera plus jamais la même. Je n’arrive plus à faire les choses comme avant. Rien que d’attacher mes cheveux, ça m’est impossible.»

 

Toutefois, entourée de sa famille, elle reprend lentement goût à la vie. Avec sa nouvelle prothèse, elle nourrit de nouveaux espoirs, même si l’adaptation à sa nouvelle main est, pour le moment, compliquée et demande une réhabilitation.

 

Pour Aurélie, comme pour les autres, cette prothèse, bien plus qu’un outil qui les aidera à retrouver une certaine mobilité, représente la promesse d’une vie nouvelle.

 


 

Global Rainbow Foundation

 

Prof Armoogum Parsuramen : «Notre mission est de servir ceux qui souffrent d’un handicap»

 

 

Accompagner les personnes atteintes d’un handicap afin de les aider à retrouver une indépendance physique, fonctionnelle et cognitive… C’est la mission de la Global Rainbow Foundation, association lancée par le Pr Armoogum Parsuramen. Depuis la création de l’association, les aides en faveur des personnes qui ont subi une amputation se sont multipliées. Pour aller encore plus loin dans cet engagement, deux centres ont récemment ouvert leurs portes dont celui de Solitude qui a accueilli le Jaipur Foot Camp 3 et le GRF Rehabilitation & Training Centre for Disabled qui a été lancé en août afin d’offrir un service de réhabilitation et de suivi médical et psychologique aux bénéficiaires. Jusqu’ici, plus de 300 personnes ont pu bénéficier des prothèses de Jaipur.

 

La troisième édition du Foot Camp a même accueilli un petit Seychellois : «C’est notre plus jeune bénéficiaire. Il a 15 mois. Il est né avec une malformation et nous lui avons offert sa première prothèse. Nous allons le suivre régulièrement et adapter sa prothèse chaque année», explique le fondateur de l’association. Si cette dernière travaille de paire avec des collaborateurs de Jaipur, le Pr Armoogum Parsuramen a annoncé que trois Mauriciens, bénéficiaires de l’association, allait bientôt se rendre en Inde pour une formation afin de réaliser eux-mêmes des prothèses dans l’atelier de fabrication de la Global Rainbow Foundation. «Le but est de ne pas attendre que nos collaborateurs puissent venir pour faire le Foot Camp et livrer les prothèses. Si nous sommes capables de les faire nous-mêmes, nous irons beaucoup plus vite et pourrons toucher plus de personnes», dit-il en soulignant que 300 amputations ont lieu chaque année à Maurice. Et pour l’année à venir, le fondateur de la Global Rainbow Foundation a plusieurs projets pour l’association. Le premier : ouvrir un Jaipur Foot Centre permanent à Pointe-aux-Sables et employer six Mauriciens souffrant d’un handicap pour y travailler.