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Une famille… plusieurs paires de jumeaux

Sita et Geeta ont eu la chance d’aller au collège, contrairement à leurs 13 autres frères et sœurs.

Quand des couples découvrent qu’ils attendent des jumeaux, le choc est souvent leur première réaction. Mais lorsque le phénomène se répète une deuxième, voire une troisième fois, c’est le bouleversement total pour ces parents de familles nombreuses. Et organiser la nouvelle vie familiale une fois le choc passé, n’est pas une mince affaire. Incursion au cœur de ces fratries exceptionnelles.

Vous êtes enceinte et comblée de bonheur. Votre petit ventre se gonfle peu à peu, souvent accompagné des symptômes désagréables du début de grossesse. Puis, arrive l’échographie où le gynécologue vous annonce qu’il n’y a pas un mais deux petits cœurs qui battent en même temps. Le choc est total à l’annonce de cette grossesse gémellaire. Cette expérience, Karina Jolicoeur l’a vécue il y a deux ans. «C’était une surprise énorme. C’était ma première grossesse et je ne m’attendais pas du tout à avoir des jumeaux. Je ne pouvais même pas y penser car dans ma famille, il n’y en a pas», avance Karina, une habitante de Cité Argy à Flacq. 

 

Elle essaie alors de comprendre en espérant de trouver une explication à sa situation du côté de la famille de Jean-François, son époux. «J’ai interrogé mes parents et ensemble, nous avons cherché du côté de nos ancêtres. Mais il n’y avait aucune trace de jumeaux dans la famille», confie Jean-François, l’heureux papa de deux magnifiques princesses, Jenelia et Jenelle. 

 

Cela fait deux ans que les deux fillettes, qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau, sont venues bouleverser le quotidien de Karina et Jean-François. Car élever des enfants du même âge en même temps requiert une sacrée organisation. «Elles ont les mêmes besoins,  au même moment. Par exemple, lorsque les deux ont soif, il faut que l’une d’elles patiente quelques minutes avant d’être nourrie au sein. Sinon, on la calme avec un biberon. À mon avis, la patience est la première chose qu’apprennent des jumeaux», souligne Karina en posant un regard tendre sur ses deux bébés. Et l’année dernière, lorsqu’elle tombe à nouveau enceinte, elle est loin de se douter que le même phénomène va se produire. Comme la première fois, la nouvelle tombe dès la première échographie. Un coup double qui lui met le moral à zéro. 

 

«Je ne savais plus quoi faire. Car avec nos deux filles, c’est très difficile financièrement. Nous vivons chez mes parents et nous dormons tous dans une seule chambre. Et avec l’arrivée prochaine de deux bébés de plus, nous ne savons pas comment nous allons faire», confie Karina, actuellement enceinte de huit mois. Le ventre bien arrondi, Karina avoue que cette deuxième grossesse gémellaire est plus dure que la première. En plus d’avoir été hospitalisée plusieurs fois, elle doit gérer un stress supplémentaire : l’organisation matérielle pour ses futurs bébés. «Il faut tout prévoir en double. Donc, double dépense.» 

 

À quelques jours de la naissance, elle lance un appel à l’aide aux Mauriciens. Tout ce qu’elle veut, ce sont des couches et des vêtements pour bébé. «Pour nos deux filles, le gouvernement nous a aidés pendant deux ans. On a touché une aide financière de Rs 2 000 par mois. Toutefois, en avril, lorsque nos filles ont eu 2 ans, cette aide s’est arrêtée.» 

 

Le couple Nursimooloo a mis au monde 15 enfants, dont trois paires de jumeaux.

 

 

À quelques mètres de là, chez les Nursimooloo, il n’y a pas deux mais trois paires de jumeaux : les sœurs Shiama et Uma, 47 ans, Sita et Geeta, 34 ans, et les frères Krishna et Ashock, 58 ans. Et au sein même de cette famille, l’on compte un total de 15 enfants, nés de l’union de Jeanine Lamarque et de celui qu’on appelait affectueusement Bolom Karuna, tous deux décédés depuis plus de 20 ans. Dans cette grande famille, rien n’a été facile. Maladevi Nursimooloo, la sœur aînée de cette fratrie exceptionnelle, en sait quelque chose. 

 

Onze sœurs et quatre frères

 

«On habitait dans une toute petite maison en tôle à l’époque. J’ai vu naître mes frères et mes sœurs. On est à 11 sœurs et quatre frères. Les temps étaient durs à l’époque. Mon père travaillait comme laboureur. Ce n’était pas facile pour lui de joindre les deux bouts», confie-t-elle. Le soir, ils dorment à plusieurs sur un lit alors que d’autres couchent sur un matelas posé à même le sol. «Tout le monde n’a pas eu droit à l’éducation. On n’avait pas les moyens. Du coup, je suis restée à la maison à m’occuper de mes frères et sœurs. Lorsque mes parents sont décédés, c’est moi qui ai dû subvenir aux besoins de la famille.» Multipliant les sacrifices et travaillant à la sueur de son front, Maladevi a, dit-elle, financé les mariages de plusieurs de ses frères et sœurs, oubliant son propre bonheur. 

 

«Je voulais ce qu’il y avait de meilleur pour mes frères et sœurs. Par exemple, cinq d’entre nous ont pu aller à l’école. Trois ont pu arriver jusqu’au CPE et les jumelles Sita et Geeta, les benjamines de la famille, ont eu la chance d’aller au collège.» Célibataire de son état, Maladevi est néanmoins une «maman» heureuse. Car c’est ainsi qu’on l’appelle. 

 

Dans le petit village de Reposoir à La Ferme, Rodrigues, Ijeanna Collet, 64 ans, est considérée comme une «super maman». Célibataire, elle a accouché de huit enfants, dont deux paires de jumeaux. Jean-Daniel et Marie Anielle, et Jean Charles et Marie Charline. «J’avais 28 ans quand j’ai appris que j’étais enceinte de jumeaux pour la première fois. Et j’avais déjà trois enfants à ma charge à l’époque. Et ma situation de mère célibataire était devenue très compliquée. Car je devais tout faire toute seule», explique-t-elle. 

 

Ijeanna Collet est l’heureuse maman de huit enfants, dont deux paires de jumeaux.

 

«Il n’y avait pas d’échographie à Rodrigues à l’époque. Les femmes enceintes faisait un X-ray et c’est ainsi qu’on m’a appris que j’attendais des jumeaux. Après le choc, le bonheur a pris place. Car j’étais maman de trois garçons. Et avec la grossesse gémellaire, j’ai eu une fille et un garçon.» Et deux ans plus tard, elle tombe une nouvelle fois enceinte… de jumeaux ! «Je savais déjà que j’attendais des jumeaux car j’avais les mêmes symptômes que la première fois. Mais aucun médecin ne me croyait et ce, jusqu’à la dernière minute. Et dans la salle de travail, ce n’est pas moi qui ai eu une surprise mais les médecins», ironise cette maman qui n’a rien oublié de ces moments exceptionnels de sa vie. 

 

Cette ex-Health Care Attendant qui a travaillé dans pratiquement tous les hôpitaux de Rodrigues est très fière d’avoir pu assurer seule l’avenir de ses huit enfants. «La plupart occupent des postes-clés. Malgré les difficultés, j’ai pu les envoyer à l’école.»Et c’est cela son plus grand bonheur de maman de famille nombreuse, dont deux paires de jumeaux.