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Un cocon appelé Foyer Monseigneur Leen

Elles s’y sentent en sécurité et aimées. Au foyer Monseigneur Leen, à Rose-Hill, qui a célébré récemment son 60e anniversaire d’existence, elles sont une vingtaine de filles, petites et grandes, à vivre sous les ailes protectrices des religieuses.

De l’extérieur, les grandes portes affichent un air austère et froid. Difficile d’imaginer qu’elles cachent un endroit qui respire l’amour et la compassion. Cela fait 60 ans que ce lieu pas comme les autres, appelé Foyer Monseigneur Leen, existe. Entre les quatre murs de ce refuge pour jeunes filles de 5 à 18 ans, placées là par la Child Development Unit (CDU), l’atmosphère est calme et paisible. Il faut s’approcher d’un peu plus près pour entendre les cris et les rires des petites qui s’amusent entre elles. Avec Noël et le Nouvel An, un air de fête plane dans chaque coin de l’établissement, d’autant que cette période coïncide avec un autre événement important : le 60e anniversaire d’existence du foyer. 

 

Il y a quelques jours, ses pensionnaires ont d’ailleurs participé à une grande fête dans la cour, en présence de nombreux invités, dont le Cardinal Maurice Piat. Un grand moment qui a fait la fierté de toute la bande. Durant ces 60 ans, des dizaines et des dizaines de jeunes filles sont passées par-là parce qu’elles ont été abandonnées ou que leurs familles respectives ne pouvaient prendre soin d’elles. Dirigé par des religieuses, ce foyer se veut être une maison qui protège et donne de l’amour. 

 

Alice, 19 ans, s’y sent comme chez elle. C’est d’ailleurs la seule maison qu’elle ait connue. C’est là qu’elle a fait ses premiers pas, qu’elle a dit ses premiers mots. Placée à la crèche de Quatre-Bornes lorsqu’elle n’avait que huit jours, elle est très vite arrivée au foyer où elle a construit toute sa vie, entourée de religieuses et d’autres enfants qui ont connu le même sort qu’elle ou presque. 

 

Alice, qui connaît un peu son histoire, n’a pas de rancœur, ni de colère. Entre ces murs, dit-elle, elle a vécu une enfance heureuse, a reçu tout ce dont elle avait besoin et, plus important, a grandi dans l’amour et un environnement sain. «Je n’imagine pas une autre vie que celle-là. Ici, je suis chez moi. J’ai des sœurs, des petites, d’autres un peu plus grandes. On s’entend toutes très bien, même si des fois on se chamaille. Mais ça, c’est normal», confie-t-elle avec le sourire. Étudiante en Form V au collège BPS, la jeune fille ne regrette absolument pas cette autre vie qu’elle aurait pu avoir. Souvent, elle se considère même chanceuse. «On n’a pas le droit de sortir seule. Jamais. Pas de sorties non plus avec les amis, ni de fêtes mais ce n’est pas grave.»

 

Face à elle, sœur Danielle, la responsable des lieux et celle qu’Alice et les autres considèrent comme leur maman. Comme elle ne peut imaginer vivre en dehors de ces murs, la jeune femme ne peut pas non plus imaginer sa vie sans cette dame au grand coeur. «C’est ma maman. Elle fait tout pour nous. Comme c’est les fêtes en ce moment, elle va faire du shopping pour nous acheter des vêtements et nos cadeaux. Pas besoin de lui dire ce qu’on veut, elle nous connaît tellement bien.»

 

C’est le cas de le dire ! Cela fait plusieurs années que sœur Danielle s’occupe de «ses» filles. Aujourd’hui, elles sont 21 résidentes au total et elle connaît l’histoire de chacune sur le bout des doigts. Des histoires parfois tristes, parfois sombres, mais ce n’est pas ce qui importe. La mission de sœur Danielle est de les protéger, de leur donner de l’amour et de l’affection, de les élever comme une maman le ferait avec ses enfants. «On s’attache facilement. C’est une relation d’affection très forte.» Le foyer opère comme une vraie famille. «Nous vivons une vie de famille comme les autres. Elles vont à l’école, elles s’amusent aussi. Il y a des règles qu’il faut respecter, évidemment, mais l’objectif, c’est d’assurer leur développement et de les aider à s’épanouir et à devenir des jeunes adultes indépendantes et responsables», explique sœur Danielle. 

 

Nulle part où aller

 

Pour ce faire, tout est mis en place par son équipe et elle, qui veillent au grain sur leurs petites protégées. Grâce au soutien de plusieurs sponsors, les filles ont droit à plusieurs activités, à des sorties mais aussi à de l’accompagnement scolaire et à du soutien psychologique. Malgré tout ce qui est fait pour elles, sœur Danielle nourrit quand même certaines craintes, consciente que la vie à l’extérieur des murs du foyer est loin d’être rose. «Ici, elles sont bien protégées. On vit dans un cocon loin de tout, à l’abri. Elles sont fragiles. Vont-elles pouvoir affronter le monde une fois dehors ?»

 

Elle sait bien que ça arrivera tôt ou tard. L’après-Foyer Monseigneur Leen est l’une des plus grandes préoccupations de la religieuse. Normalement, dit-elle, les résidentes doivent y rester jusqu’à leur majorité seulement mais il est souvent bien difficile de respecter cette règle. «Beaucoup n’ont nulle part où aller, pas de famille, pas de maison. On ne peut pas les lâcher comme ça dans la nature, elles restent donc ici jusqu’à ce qu’on trouve une solution.»

 

Natacha, 24 ans, fait partie de ces résidentes qui n’ont aucun endroit où aller à part ce foyer où elle vit depuis l’âge de 2 ans après avoir été abandonnée dans un orphelinat. Toute son enfance, confie-t-elle, elle y a reçu de l’amour et s’est sentie en sécurité. Et aujourd’hui, elle ne veut pas quitter cet endroit. «J’aimerais vivre ici tout le temps et ne pas partir. Aujourd’hui, j’aide sœur Danielle à nettoyer la maison et je m’occupe des enfants. C’est un peu comme mon travail. J’espère pouvoir rester.» 

 

Comme Natacha, Alice essaie aussi de ne pas penser à l’avenir, du reste, pas au moment où elle devra quitter le foyer. Parce que des projets, Alice en a plein la tête. Après le collège, elle espère ainsi suivre une formation et travailler avec les enfants dans un hôtel. C’est là son plus grand rêve. 

 


 

Une histoire émouvante

 

60 ans d’engagement auprès des petites filles. C’est la mission des religieuses du Foyer Monseigneur Leen depuis toutes ces années. Comme son nom l’indique, le foyer fait référence à Monseigneur James Leen qui a été évêque de Port-Louis de 1926 à 1949. À cette époque, les diocésains avaient cotisé pour offrir un cadeau au prêtre qui finit par mourir d’une maladie au presbytère de Ste Hélène. Pour lui rendre hommage, ils ont alors acheter une maison pour héberger les petites filles de la crèche du Coeur Immaculé de Marie de Quatre-Bornes, qui avaient atteint l’âge de la scolarité. En 1956, le diocèse acheta une maison à Rose-Hill et c’est Monseigneur Liston qui y aménagea un foyer pour les filles en mémoire de Monseigneur Leen. Soeur Solange Giblot Ducray a été la première à prendre les rênes en se dévouant à apprendre aux filles la broderie, l’artisanat, la couture, la cuisine et les valeurs. C’est en 1976 que le foyer a commencé à recevoir des subventions de l’État, avant que la CDU ne prenne la relève. Aujourd’hui, ces filles vivent une vie de famille, sont scolarisées et collaborent au bon fonctionnement de leur maison.