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Son fils est mort par overdose de drogue synthétique | Yolanda : «Je maudis celui qui lui a vendu ce poison mortel»

Le coeur de cette mère saigne depuis la fin tragique de son fils.

Le chagrin de ces parents qui ont perdu un fils à cause de la drogue de synthèse fend le cœur. Témoignage…

Son cœur de maman est meurtri à jamais. Elle ne sait pas comment vivre sans son Damien, sa fierté. Le jeune homme de 19 ans est décédé d’une overdose de drogue synthétique le 1er avril. Laissant ses proches dans une terrible souffrance. Plus d’un mois plus tard, Yolanda est toujours sous le choc. «J’étais déjà au travail quand on m’a annoncé que mon fils est mort. J’ai d’abord cru à une mauvaise plaisanterie. Hélas, c’était la triste réalité», nous raconte-t-elle, avec toute la tristesse du monde. 

 

Cette tragédie a complètement bouleversé son existence. Elle a d’ailleurs quitté sa maison, dans un village de l’Est, pour aller habiter chez un proche. «Mo latet fatige. Enn sel garson mo ti ena. Toulezour mo get so foto mo plore. Mo pa aksepte sa lamor la. Je maudis celui qui lui a vendu ce poison mortel. Chaque matin, je lève la tête vers le soleil pour réclamer la justice divine», confie cette dame de 43 ans.

 

Damien, qui allait avoir 20 ans le 2 juillet, caressait le rêve de devenir cuisinier. Il avait mis fin à ses études secondaires prématurément et suivait des cours de cuisine. Sa mère a du mal à expliquer comment il est tombé dans la drogue. «Li pa ti ladan ditou li. Li ti pe kasiet pou fim sigaret. Linn koumans fim sa zafer la ek so bann move frekantasion», explique Yolanda. Son fils, dit-elle, était un jeune homme cool, respectable et populaire dans leur localité. «Me linn mal swazir so bann kamarad.»

 

«Il a dit qu’il avait changé»

 

Craignant le pire pour leur fils, Yolanda et son époux Sylvestre décident de l’envoyer à Rodrigues où ils ont de la famille. Damien a alors 17 ans. «Mais lorsqu’il a eu 18 ans, il est rentré au pays, à notre grande surprise. Il nous a dit qu’il avait changé. Tout a basculé quelques mois plus tard, en janvier dernier, lorsque mon époux a eu un accident au travail», relate Yolanda, la voix brisée par l’émotion. 

 

Sylvestre, qui est mécanicien, est hospitalisé pendant une semaine. «Dan sa enn semenn la mem tou baskile la. Latitid Damien inn sanze. Linn koumans rant tar lakaz ek pa ekout nou ditou. Nou ti panse linn koumans bwar ek so bann kamarad.»

 

Le jour du drame, mère et fils quittent la maison ensemble vers 7 heures pour se rendre au travail. Leur route se sépare à Flacq. «Il devait commencer un nouveau boulot», souligne Sylvestre. Mais le jeune homme ne s’y est pas rendu. 

 

Quelques heures plus tard, l’horrible nouvelle tombe. «Un proche m’a appelé vers 9 heures pour prendre des nouvelles de mon fils, raconte Sylvestre.Je lui ai dit qu’il était allé travailler. La personne m’a rappelé quelques minutes plus tard pour m’annoncer sa mort. Zot dir inn gagn li dan sime rail a kote enn miray. Enn kamarad ti ek li me linn sove kan mo garson inn tonbe. Dimounn dir ti truv zot sorti kot enn misie ki tou dimounn kone vann ladrog sintetik dan landrwa.»

 

L’autopsie a conclu à une overdose, avance Yolanda. Aujourd’hui, elle ne ressent que de la colère et du mépris pour le présumé trafiquant en question. Ce dernier, dit-elle, est fiché à la police et a déjà fait de la prison. Il est également connu comme un gros bras proche des politiciens. «Le convoi mortuaire de mon fils s’est arrêté durant quelques minutes devant sa porte avant de continuer jusqu’à l’église pour les funérailles. Notre objectif était de sensibiliser les autres jeunes de notre cité.»

 

Quelques jours plus tard, Sylvestre a fait une déposition à la police pour signaler le va-et-vient suspect de deux motards devant sa maison. Des personnes auraient également lancé des pierres sur la toiture de sa terrasse durant la nuit. La police lui a promis de faire des patrouilles régulières afin de parer à toute menace et à toutes les représailles. 

 

Traumatisée par toute cette situation, Yolanda a trouvé refuge ailleurs. Sylvestre, lui, est resté pour veiller sur sa maison et ses chiens. Leur vie est à jamais chamboulée parce que leur fils est devenu accro aux drogues synthétiques et en est décédé.

 


 

Pourquoi ces nouvelles substances sont populaires

 

Disponibilité et prix abordables. Les travailleurs sociaux sont unanimes à reconnaître que ce sont les deux principales raisons qui font que les drogues de synthèse se vendent comme des petits pains. Elles ne coûteraient que Rs 25 à Rs 50 le sachet, à partager entre cinq à six personnes. La dernière arrivée sur le marché s’appelle Rambo. Avant elle, il y avait déjà Bat dan latet, C’est pas bien et tellement d’autres. 

 

Le travailleur social Danny Philippe, coordinateur chez Leadership Empowerment Action Development, est très préoccupé par cette «situation alarmante». «Les drogues de synthèse sont disponibles islandwide. C’est un combat perdu d’avance si les autorités tardent à réagir. Tous les pays qui ont appliqué la répression, la prévention et la réduction des risques ont enregistré une baisse dans le nombre de consommateurs. La Suisse et le Canada l’ont déjà fait et cela marche.»

 

Selon lui, les drogues de synthèse ont fait leur apparition à Maurice en 2008 : «Sa ti koumanse ek Black Mamba. Zordi sak landrwa ena so prop ladrog sintetik. Zenes prefer sa parski li pli bomarse. Ek Rs 50 zot gagn plis ki sink sigaret pou fime. Ek enn poulia gandia ki zot aste Rs 200, gagn zis trwa sigaret.» Mais la drogue de synthèse est beaucoup plus dangereuse. «Bann zenes gagn mari problem, sirtou kan zot fim sa dan bong. Kan zot ariv lopital dokter mem abriti ek sa bann sintom zot gagne la.»

 

Ally Lazer, travailleur social engagé au sein du Mouvement civique national, s’attarde, lui, sur le rajeunissement et la féminisation des consommateurs des drogues, de synthèse surtout : «Je tire la sonnette d’alarme depuis plus de deux ans. Notre plus jeune patient au centre Idriss Goomany n’a que 14 ans. Il y a deux semaines, nous avons reçu une fille de 13 ans qui nous a dit qu’elle se prostituait pour se droguer avec la complicité de son frère de 9 ans. Leur mère est prostituée.»

 

À ce jour, il y a eu plusieurs décès causés par les drogues de synthèse, disent les travailleurs sociaux. «Il y a eu plus de 50 morts», affirme Ally Lazer. Danny Philippe s’engage, pour sa part, dans un projet concret : «Enn zenn kinn konsom sintetik so plas pa dan Brown Sequard ou Rehabilitation Youth Centre. Nous voulons mettre sur pied un centre pour traiter les consommateurs de drogues de synthèse.»

 


 

Camp Diable dit non

 

Le Sugar Industry Labourer Welfare Fund organise une marche contre la drogue, le dimanche 21 mai, à Camp Diable. Plusieurs groupes et associations de la localité participent à cet événement, dont l’association Zanfan Camp Diable. La marche débute à 8 heures à Cité EDC pour terminer au village hall.