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Safire : Nou Laferm, ce souffle d’espoir pour les enfants des rues

Ils sont plusieurs jeunes à prendre part à un programme de formation entrepreneurial.

Ils ont récemment présenté, avec fierté, leur ferme pédagogique au président de la République, Barlen Vyapoory. Les enfants de Safire enchaînent les projets et réalisations pour que tous puissent avoir un meilleur demain.

Au cœur de Verdun, dans un petit écrin perdu au milieu des champs de cannes, les petits plants poussent au gré du vent, de la pluie et du soleil. Dans la terre, les giraumons, maïs et autres filent. Contrairement aux autres jardins, celui-ci est différent et particulier. Nou Laferm, c’est un projet de Safire (Service d’Accompagnement, de Formation, d’Insertion et de Réhabilitation de l’Enfant), lancé il y a quelques années pour prendre en charge les enfants exclus du système scolaire et issus de milieux difficiles et en situation de rue, afin de les réhabiliter à travers l’agriculture.

 

On leur inculque la patience, la persévérance, le sens du travail et de l’effort. Ils apprennent aussi à avoir confiance, à croire en eux et en leur potentiel. En faisant pousser les légumes, ce sont eux aussi qui grandissent et qui fleurissent pour qu’une fois adultes, ils puissent s’en sortir et avoir une vie meilleure. 

 

Vendredi, à l’occasion de la Duke of Edinburgh’s International Award Ceremony, l’équipe et les enfants de Safire ont reçu le président de la République, Barlen Vyapoory, qui est venu remettre les certificats à ceux ayant complété et réussi ce programme international dont l’objectif est de développer des talents et des valeurs. Une visite importante pour Safire qui a reçu un habitué de l’association. «Il a travaillé avec Safire dans le passé et il est déjà venu nous rendre visite une fois. Ça fait toujours plaisir de le recevoir», souligne Mehdi Bundhun, responsable de la communication de l’association. Barlen Vyapoory a, par la même occasion, rencontré les neuf filles de Safire qui ont participé à la Street Child World Cup en marge de la Coupe du Monde en mai, à Moscou. Parmi les 24 pays participants, Maurice est d’ailleurs arrivée à la huitième place. Une participation qui a fait la fierté de Safire et de Maurice.

 

Les enfants de l’ONG ont également profité de cette visite pour faire découvrir au président leur jardin et le fruit de leur travail. Cette ferme pédagogique, ils en sont fiers. Avant d’être pris en charge par Safire, qui opère dans neuf régions de l’île, ces enfants traînaient les rues loin de l’école et de ses enseignements. Si auparavant, l’agriculture leur était totalement inconnue, ils ont appris, sous la coupe de Bernard Delangre, responsable de la ferme, à apprécier et à aimer la terre et ses richesses. «Au début, ils étaient réticents à l’idée de patauger dans la terre sous le soleil mais petit à petit, ils ont commencé à prendre du plaisir, à apprendre, à comprendre que la terre n’était pas quelque chose de sale mais une source d’innombrables bienfaits.»

 

Perspectives

 

Si apprendre à planter peut offrir à ces enfants des perspectives de débouchés et d’entrepreneuriat, il est surtout question, à travers le jardinage, de les aider à se préparer pour l’avenir et la vie adulte en leur apprenant à mettre de la patience et de la persévérance dans le travail, à fournir des efforts pour des résultats. Aujourd’hui, préparer la terre l’épierrer, monter les plates-bandes, semer les graines et y mettre du fumier n’a plus de secrets pour ces jeunes ados. Certains comme Angelo, 13 ans, y ont même pris goût. «Ça fait cinq ans que je fréquente Safire. C’est d’abord mon frère qui est venu et puis moi. Au début, je ne comprenais pas pourquoi ils nous apprenaient à planter mais maintenant, j’aime ça. J’ai beaucoup appris. Je ne vais peut-être pas devenir planteur parce que je veux être chauffeur mais j’aime bien.»

 

À 12 ans, Owen a découvert l’agriculture comme ses petits amis. «Au début, c’était assez difficile mais après, on s’habitue. On est surtout contents de récolter ce qu’on a semé.» Outre l’agriculture, les jeunes de Safire s’occupent de leurs poules et cabris. «Nous avons au moins 100 œufs par jour que nous revendons. Nous revendons aussi, quelques fois, nos cabris, tout comme nos légumes. Ça nous fait quelques revenus», souligne Mehdi Bundhun.

 

Si Nou Laferm est la principale activité de Safire, l’association vient de se lancer dans un nouveau projet dont bénéficient actuellement les enfants de la région de Bambous, âgés entre 12 et 17 ans. «Après plusieurs conversations avec nos jeunes, qui ont quitté les bancs de l’école très tôt, on s’est aperçus d’une chose : ils sont nombreux à vouloir suivre une formation pour apprendre un métier et devenir des adultes autonomes», explique l’une des éducatrices, Shirley Moura.

 

C’est dans cette optique qu’a été lancé It’s Tyme, un programme de formation entrepreneurial de Junior Mascareignes Achievement. Deux fois par semaine, les ados sont formés par des professionnels à des métiers comme ceux d’électricien, de tôlier, de menuisier, entre autres. Des visites dans les entreprises, souligne Shirley Moura, sont également prévues.

 

L’idée, c’est qu’après cette formation, tous puissent aspirer à un métier et une carrière.