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Mauritian Network of People who Use Drugs : Moi, ancien toxicomane, je m’engage

Pour Nicolas Manbode, l'objectif principal de cette association est de faire entendre la voix des usagers de drogue.

Ils ont tous connu l’enfer de la drogue. Certains se sont battus pour en sortir et y sont parvenus. D’autres pas encore. Ensemble, ils ont créé le Mauritian Network of People who Use Drugs afin d’unir leurs voix et de militer pour le respect des droits des consommateurs.

Tout est parti d’une idée collective, d’une vision commune. D’un besoin aussi. Celui de se réunir, d’unir leurs voix afin de militer pour une seule et même cause : que les droits des usagers de la drogue soient respectés. Eux qui ont connu les méandres de la drogue sont, disent-ils, les mieux placés pour en parler. Ils ne sont pas là pour applaudir ou encourager la consommation des substances illicites. Mais pour faire entendre leurs voix et se battre au nom de ceux qui sont encore plongés dans l’enfer de la drogue. Ensemble, Nicolas, Cindy, Mika, John, Michael, Ted et Richard ont créé le Mauritian Network of People who Use Drugs (MauNPUD), une association qui a pour objectif de militer afin que les droits des consommateurs de la drogue soient respectés et qu’ils puissent recevoir des soins de qualité. 

 

Depuis quelques années, ils sont tous engagés individuellement au sein des différentes associations œuvrant contre la drogue. Mais le symbolisme derrière cette nouvelle association est autre. Elle est différente parce qu’ils sont d’anciens consommateurs – certains le sont toujours – de drogue. Alors, ils sillonnent le pays pour en parler, donner des informations et appeler au changement. «Qui mieux que nous, qui savons ce que c’est, pour parler à ces personnes ? Aujourd’hui, nous trouvons que les personnes qui consomment de la drogue sont mises à l’écart lorsqu’il s’agit de prendre des décisions qui les concernent, qui concernent leur santé. Nous voulons nous faire la voix des usagers de la drogue», explique Cindy Trevedy, travailleuse de terrain chez AILES et secrétaire de MauNPUD.

 

Aujourd’hui, estime Nicolas Manbode, président de l’association, le changement doit se faire dans les deux sens. D’abord, au niveau de la société et des autorités pour qu’elles considèrent les consommateurs de drogue comme des citoyens comme les autres, avec les mêmes droits. Puis, il est aussi question d’éduquer les utilisateurs pour qu’ils adoptent une attitude correcte. Ce n’est que de cette façon, dit-il, qu’ils pourront se faire accepter par la communauté qui ne les jugera plus comme des dangers pour eux et leur famille. «Notre rôle principal est de représenter les utilisateurs de produits illicites au sein de toutes les instances où des décisions qui les concernent doivent être prises. Le but est de se faire leur porte-parole pour que leur voix soit entendue, de protéger et de défendre leurs droits.»

 

Overdose management

 

Soutenu par l’association CUT et son partenaire KANCO (Kenya Aids NGOs Consortium), MauNPUD inscrit son combat sur plusieurs fronts. Il s’agit, en premier lieu, de créer un network pour réunir le plus de consommateurs afin de donner le maximum d’informations possible. «Nous nous rendons dans les régions, à leur rencontre, pour des discussions. Nous leur donnons toutes les informations nécessaires sur leurs droits mais également sur leurs responsabilités en tant que consommateurs de drogue. Souvent, nous pensons uniquement aux responsabilités que la société a envers nous mais nous en avons aussi envers elle et il nous faut respecter ça», explique Cindy. 

 

Il est également question de faire de l’overdose management. Éduquer les consommateurs mais également leur famille à faire face à ce qui peut souvent être fatal. «Malheureusement aujourd’hui, le premier réflexe de certaines personnes face à quelqu’un qui fait une overdose est de tirer son téléphone, de le filmer et de poster la vidéo sur les réseaux sociaux. Avoir une telle attitude n’est pas normal.» C’est pour cela que MauNPUD organise des causeries pour apprendre à reconnaître les signes d’une overdose et donner les premiers soins. Cependant, le changement doit se faire dans les deux sens. C’est pour cela que les pairs éducateurs de MauNPUD encouragent les utilisateurs à mieux se protéger et à adopter les bonnes pratiques afin de réduire les risques liés à la consommation.

 

Responsabiliser le consommateur pour qu’il puisse mieux se protéger, voilà l’objectif. «Nous faisons des démonstrations, des séances de discussion pour leur dire qu’il faut qu’ils consomment selon leur capacité et qu’ils ne doivent pas consommer seuls. Eux aussi doivent changer de comportement.»

 

MauNPUD, c’est aussi plaider pour une meilleure prise en charge médicale pour les toxicomanes mais pas que. Les lois doivent changer. «Nous avons fait un pas en avant lorsque le gouvernement a décidé de ne plus distribuer de méthadone dans les postes de police et de le faire dans les healthcare centres, mais il reste tellement à faire encore», souligne Cindy Trevedy. Ceci inclut la contradiction qui oppose, par exemple, le HIV & Aids Act, qui dit qu’une personne a droit à du matériel propre pour se protéger, au Dangerous Drugs Act, qui dit qu’avoir ces matériels en sa possession est une offense. «Ce serait bien qu’ils puissent avoir une boîte avec tous les matériels neufs et stériles. Ça se fait couramment à l’étranger.»

 

Ouvrir le débat en incluant les consommateurs eux-mêmes pour que les choses puissent changer. C’est aussi, explique Nicolas Manbode, la raison de leur présence. «Il faut que les consommateurs de drogue et les séropositifs puissent bénéficier du meilleur traitement. Les lois doivent changer par rapport à la drogue, au travail du sexe, à l’homosexualité. Nous avons besoin de ce type de réseau pour que des discussions et des débats puissent avoir lieu tout en incluant les personnes qui sont les premières concernées», lance Nicolas Manbode.

 

«Il faut arrêter de penser qu’un consommateur de drogue est malade. Moi, je ne me sens pas malade par rapport à ma consommation. C’est plutôt ceux qui pensent que je suis malade qui ont un problème.» Il est temps, dit-il, que la société change de regard sur les personnes qui ne sont toujours pas arrivées à sortir de l’enfer de la dépendance.