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Maison d’accueil pour jeunes en détresse | Sofia, 18 ans : «Safe Haven, ma plus belle chance»

Après le premier Halfway Home pour filles, Gender Links (Mauritius) a l’intention d’ouvrir un second centre de refuge pour les garçons qui sortent des shelters ou des centres de réhabilitation. Cependant, par manque de finance, le projet stagne.

Il y a, dans son regard, comme quelque chose de nouveau. Ce qui brille dans les yeux de Sofia, 18 ans, c’est de la détermination. Il y a quelques mois pourtant, à son arrivée à Safe Haven, elle était beaucoup plus renfermée sur

elle-même et sur la défensive. En quelques mois, il y a eu un vrai changement. Encadrée et entourée, celle qui a longtemps vécu dans des shelters a gagné en maturité et en assurance. Elle se sent aussi beaucoup moins seule depuis que «la maison», comme elle l’appelle, est remplie.

 

Depuis son ouverture en septembre dernier, Safe Haven, un Halfway Home ouvert par Gender Links et destiné aux anciennes résidentes des shelters, du Rehabilitation  Youth Centre (RYC) ou du Correctional Youth Centre, a accueilli plusieurs résidentes. «Ici, on a appris à vivre comme une vraie famille. Chacune sait ce qu’elle a à faire et il y a aussi beaucoup d’entraide. Je suis tellement contente d’être ici que je n’ai pas envie de partir. Safe Haven est ma plus belle chance», confie-t-elle.

 

Cette «chance», Anushka Virahsawmy, Country Manager de Gender Links (Mauritius), espère la faire profiter à d’autres, notamment aux garçons qui sont dans la même situation. Elle espère ainsi pouvoir ouvrir bientôt un second centre de refuge. Sauf que les finances manquent. «Nous avons déjà trouvé la maison mais nous ne pouvons pas avancer par manque de moyens. C’est pour cela que nous lançons un appel à la générosité des Mauriciens, des entreprises et des autorités.»

 

Si Safe Haven a pu bénéficier de l’aide de plusieurs sponsors, le centre a néanmoins besoin de soutien financier sur le long terme. Alors, Anushka Virahsawmy aimerait bien lancer un programme de parrainage. «Un jeune nous coûte Rs 120 000 par an, soit Rs 10 000 par mois, ce qui n’est pas beaucoup lorsqu’on connaît tout ce dont il a besoin. Nous avons déjà trois jeunes qui sont sponsorisés mais il y a d’autres résidentes. Il n’y a pas de plan strict. Ça peut être des dons en argent, de la formation, des sorties, entre autres. Avoir du chagrin ne suffit pas. Il faut vraiment avoir envie de faire quelque chose pour ces jeunes.»

 

Besoin d'aide et d'argent

 

Aujourd’hui, elle ne peut que compter sur le soutien du secteur privé. Et le fait que Safe Haven ne soit pas éligible pour bénéficier de l’aide de l’État est quelque chose qu’elle ne comprend pas. «Nous prenons ces jeunes, qui n’ont nulle part où aller après une vie dans les foyers ou dans les centres de réhabilitation, en main. Nous faisons en sorte qu’ils n’empruntent pas de mauvais chemins. Nous les éduquons contre la violence, nous faisons en sorte qu’ils deviennent économiquement indépendants. Mais pour continuer, nous avons besoin d’aide et d’argent.» Et ces jeunes, poursuit-elle, méritent amplement qu’on s’investisse pour eux.

 

Sofia, elle, apprend de jour en jour à devenir une adulte responsable grâce au soutien et à l’encadrement d’Anushka Virahsawmy et de son équipe. Depuis son arrivée, l’adolescente, qui n’a aucune famille sur qui compter, a pu bénéficier de plusieurs formations. «J’ai suivi des cours en français en ligne et j’ai fait un stage de deux mois. Je prends aussi des cours d’anglais avec Dev Virahsawmy. Ici, on me forme aussi à devenir coordinatrice car j’aimerais ne pas quitter cette maison et travailler pour Safe Haven.» Toutefois, tout n’est pas rose. Comme dans chaque maison, il y a des règles à respecter, de la discipline et une certaine rigueur à avoir. Et même lorsque les résidentes ont du mal à s’y plier, le contrat reste le contrat. «Nous avons droit à trois chances, pas plus», lance Sofia. La liberté qu’elles peuvent y avoir n’est pas sans limites et les résidentes, qui ont besoin de repères, se doivent de ne pas les dépasser.

 

Si elle espère faire carrière sur un bateau de croisière, son plus grand rêve est de pouvoir un jour avoir une maison à elle. Mais la route sera longue et elle le sait : «La vie, c’est un combat. Il nous faut laisser le temps faire son travail.» Ce rêve, elles sont pratiquement toutes à le partager. Il y a Isabelle, 19 ans, qui a vécu dans un centre de SOS Village avant de rejoindre la famille de Safe Haven il y a deux mois. Passionnée de cuisine, elle espère bientôt décrocher un travail dans un hôtel, se former et devenir chef de cuisine. «J’espère pouvoir faire des économies et avoir un jour une petite maison à moi.» Pour Anushka Virahsawmy, Isabelle est l’exemple même d’une belle intégration. Motivée et honnête, valeur que prône Safe Haven, elle s’investit chaque jour pour faire que demain soit meilleur.

 

Il y a aussi Valérie. À 17 ans, celle qui est arrivée à la crèche de Quatre-Bornes bébé, est passée par le foyer Mgr Leen avant de se retrouver au RYC pour finalement rejoindre Safe Haven. Consciente de ne pas avoir toujours «fait bonne fille», elle espère aujourd’hui avoir un meilleur avenir. Amoureuse du jardinage, une passion qui lui vient de son passage au RYC, elle s’occupe, depuis son arrivée, du jardin de sa nouvelle maison. Pour d’autres, l’intégration à la vie de Safe Haven est un peu plus compliquée.

 

Angela a 17 ans et a un petit garçon de 2 ans avec qui elle a vécu au RYC avant de venir à Safe Haven il y a un mois. Elle n’a jamais vraiment connu de vie de famille. «J’ai vécu dans un shelter à partir de 8 ans», confie-t-elle timidement. Son parcours, dit-elle, a été douloureux et difficile, ce qui l’a souvent poussée, comme de nombreux jeunes en détresse, à se rebeller. Mais aujourd’hui, Angela sait qu’une très grande responsabilité repose sur ses épaules et qu’elle n’a pas droit à l’erreur. Elle espère pouvoir trouver du travail et offrir une vie meilleure à son fils. «Je dois lui donner de l’attention et de l’amour. Je veux lui donner ce que je n’ai jamais reçu.»

 

C’est ce qu’elle s’est promis.