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Mahébourg Espoir : L’école de la deuxième chance

L’équipe dédiée et dévouée de Mahebourg Espoir s’occupe quotidiennement des 55 bénéficiaires du centre.

Ce qu’ils proposent comme éducation est tout sauf formel. Au centre éducatif de Mahébourg Espoir, une cinquantaine d’enfants issus de milieux vulnérables de la région Sud reçoivent une éducation basée sur le développement des talents et des personnalités.

Dans la vie, ils ne sont pas forcément partis du bon pied. Ils n’ont pas toujours eu les mêmes chances ni les mêmes opportunités. La faute certainement à l’environnement vulnérable et difficile dans lequel ils sont nés et ont grandi jusqu’ici. Un univers fait de pauvreté, de chômage, d’addiction à l’alcool et à la drogue, de prostitution et de prison. Autant de facteurs qui affectent ces enfants et qui les amènent à avoir une scolarité perturbée. Pour certains, la route est toute tracée : échec scolaire, traîner les rues à la merci de ses méfaits, tomber dans la drogue ou pas, devenir parents très tôt, décrocher un petit boulot et se débattre avec une vie de misère. Ce scénario, Sylvie Mayer l’a trop vu. C’est justement pour lutter contre cela qu’elle s’est engagée, avec toute son équipe, à offrir aux jeunes de la région Sud-Sud-Est une chance de redémarrer leur vie. 

 

 

Tout a commencé en 2011 avec une vision. Celle de tendre une main bienveillante à ces enfants exclus du système scolaire et sans aucun avenir. Dans la région Sud, l’association Mahébourg Espoir, basée à Cité la Chaux et qui vient en aide aux habitants de la localité, fait un constat inquiétant. Le nombre d’enfants en échec scolaire ne cesse d’augmenter. Pour remédier à la situation, la création d’un centre éducatif est envisagée. À l’époque, ils sont trois à y croire et à vouloir donner vie à ce projet, dont Sylvie Mayer qui est aujourd’hui la Manager de l’école. 

 

Grâce à des sponsors qui croient en ce projet, l’équipe de Mahébourg Espoir arrive, grâce à la paroisse de Notre Dame des Anges, à avoir l’école de Fatima, qui se trouve à Ville Noire et qui était auparavant attachée au Lorette de Mahébourg. Les premières classes commencent avec 43 élèves, filles et garçons âgés entre 12 et 15 ans. C’est aussi grâce à de nombreux autres donateurs qu’au cours des années suivantes, l’école a pu grandir et se développer. Aujourd’hui, le centre éducatif qui fait partie du réseau ANFEN (Adolescent Non Formal Education Network) et qui porte le nom de Mahébourg Espoir accueille 55 adolescents âgés entre 12 et 17 ans. Sa mission première, elle, est restée la même. «Nous sommes une école non formelle qui a une autre manière de voir les choses qu’une école traditionnelle. Ce que nous voulons, c’est découvrir le talent de ces enfants et les aider à s’épanouir pour qu’ils deviennent des adultes et parents responsables», explique la directrice des lieux. 

 

Ainsi, outre l’apprentissage académique qui se décline à trois niveaux, l’établissement propose de nombreux autres cours qui ont pour objectif de développer la créativité et la personnalité de ces jeunes. Arts & Crafts, pâtisserie, menuiserie, couture, broderie, patchwork, jardinage, danse et de nombreuses activités sportives. 

 

 

«On leur donne le maximum. Chaque matin, à leur arrivée, ils reçoivent le petit-déjeuner avant d’aller en classe. On leur offre aussi le déjeuner et le reste de l’après-midi, il y a uniquement des activités», explique Stelio, le Head of School et coach sportif. Tout est mis en place pour que les enfants se sentent bien, pour qu’ils puissent s’épanouir et développer  leurs propres talents. Encadrés par les animateurs, ils bénéficient aussi d’un accompagnement psychologique, élément important de leur accompagnement. «Ici, on sort des sentiers battus. On veut les équiper pour affronter la vie», précise Sylvie. 

 

L’année dernière, cinq élèves ont pris part aux examens du Certificate of Primary Education (CPE) et tous ont réussi. Ce qui a évidemment fait la fierté de l’équipe de Mahébourg Espoir. Après les quelques années de formation à l’école, les jeunes sont alors dirigés vers d’autres centres de formation ou programmes tels que le Projet Employabilité Jeunes. D’autres préfèrent se lancer directement sur le marché du travail. «Souvent les anciens viennent nous voir. Ils viennent nous parler de leur réussite. Ça nous rend fiers et nous encourage à continuer dans cette voie. Ça nous pousse à continuer nos efforts.»

 

Valoriser le talent

 

Et des efforts, l’équipe de Mahébourg Espoir doit en fournir constamment, particulièrement depuis que les nouvelles réglementations du CSR sont entrées en vigueur. Comme de nombreuses associations, elle aussi fait face à des difficultés financières et aux sponsors qui jouent aux abonnés absents. Une situation dramatique pour cette école qui doit se battre pour survivre. «Aujourd’hui, nous sommes en grosse difficulté. Trois-quarts des compagnies ont cessé de nous aider. Nous ne savons même pas si nous pourrons continuer à offrir le petit-déjeuner et le déjeuner aux enfants alors que pour nous c’est primordial. Car non seulement, ils sont dans une meilleure disposition pour apprendre mais nous savons aussi qu’au moins cinq jours par semaine, ils ont un repas décent car les enfants viennent souvent à l’école le ventre vide. Il faut qu’on puisse les nourrir», explique Sylvie Mayer. Selon elle, le repas gratuit pourra être distribué pour quelques mois encore. Les salaires sont eux aussi menacés mais les responsables de l’école gardent espoir. 

 

Pour remédier à la situation, ils comptent notamment lancer bientôt une boutique solidaire avec les produits fabriqués par les élèves. Cela aura non seulement pour but de récolter des fonds mais aussi de valoriser le travail et le talent de ces jeunes. Pour le reste, Sylvie Mayer et son équipe comptent sur le soutien des entreprises et du ministère de l’Éducation qui, estiment-elles, les négligent. Ils espèrent que le ministère les inclura dans le Nine-Year Schooling. «Nous avons un rôle à jouer et notre place dans le système éducatif à Maurice pour tenir ces enfants hors de la rue et de ses méfaits. Ce serait dramatique pour nous d’avoir à dire aux enfants que nous ne pouvons plus continuer.»

 

Qu’on les laisse continuer leur chemin, c’est en effet tout ce qu’ils demandent.