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L’éducation contre la pauvreté, le combat de SOS Poverty

Saajidah Dauhoo, ancienne fonctionnaire, a repris la barre de SOS Poverty à la mort de son époux.

Près de 20 ans que cette association, basée au cœur de Vallée-Pitôt, vient en aide aux familles dans le besoin. Face à la précarité, SOS Poverty mise sur l’éducation pour les enfants et la formation pour les grands. Cependant, pour poursuivre leur mission, ils ont besoin de soutien financier et de volontaires…

Il y a dans ses yeux comme une détermination. Assise à son bureau de SOS Poverty, l’association qu’elle dirige, Saajidah Dauhoo revient tout juste d’une réunion à la National CSR Foundation en vue d’obtenir du financement pour ses projets. Comme de nombreuses associations ces derniers temps, décrocher un budget est devenu un réel parcours du combattant. Mais Saajidah Dauhoo ne désespère pas. Bientôt 20 ans que l’association qu’elle a créée avec son époux Yousoof et quelques amis existe afin de lutter contre la pauvreté à travers l’éducation. 

 

«Les premières années, nous avons fonctionné sans le CSR. Si jamais nous devons faire sans, nous allons devoir trouver une autre solution», lance-t-elle. Pour s’assurer que le travail puisse continuer, elle compte notamment sur la générosité des Mauriciens et l’engagement citoyen. «Nous avons toujours besoin de volontaires pour l’accompagnement scolaire et nos autres activités.»

 

Dure réalité

 

C’est d’ailleurs comme ça, raconte Saajidah, que tout a commencé en 1998. «À l’époque, nous avons eu l’occasion d’avoir une formation avec l’EDP. Personnellement, j’ai toujours eu cette connexion sociale qui a commencé au collège Lorette à travers Maryward. À l’époque, nous avons constaté qu’il y avait un vide à ce niveau, alors nous avons commencé à former les jeunes en social leadershipafin qu’ils puissent à leur tour s’engager pour une société meilleure.»

 

Lorsque le bureau du président d’alors fait appel à eux pour une étude dans la région de Vallée-Pitôt afin de trouver 30 enfants qui seront sponsorisés jusqu’à l’âge de 18 ans, le constat les pousse à réagir. «Nous avons trouvé beaucoup de familles vivant dans la misère. Il y avait un grand nombre de squatters dont les maisons en mauvaise condition se trouvaient sur le flan de la montagne. Les femmes s’étant mariées jeunes s’occupaient des enfants et ne pouvaient travailler. Il y avait aussi tout ce problème de drogue, d’alcool et de prison, qui contribuait grandement à la précarité de ces familles.»

 

Face à cette dure réalité, SOS Poverty prend naissance. Les 30 enfants, issus de familles vulnérables, sont regroupés et Les Abeilles, une école maternelle, voit le jour au cœur même de ce faubourg de la capitale. Aujourd’hui, cette école maternelle voit défiler de nombreux enfants de la région. L’association, elle, n’a cessé de grandir, d’évoluer au fil des années. Désormais, l’école maternelle accueille une quarantaine d’enfants. Une crèche a également été créée pour permettre aux mamans d’aller travailler après avoir déposé leurs petits dans un lieu sûr. 

 

Chez Les Abeilles, chaque jour, un petit déjeuner et un repas chaud sont offerts ainsi qu’un goûter pour ceux qui viennent pour l’accompagnement scolaire dans l’après-midi. Offrir ces repas, explique Saajidah Dauhoo, est très important et cela à plusieurs niveaux. «Certains ne viennent que pour ça parce qu’à la maison, il n’y a pas toujours à manger. Pour nous, c’est un moyen de nous assurer que les enfants aient au moins un repas sain et chaud tous les jours. De plus, c’est un facteur essentiel pour leur développement mental et physique.»

 

Combattre la misère à travers l’éducation, c’est la mission principale de SOS Poverty. Pouvoir lire et écrire, explique la directrice de l’association, est un élément essentiel pour s’intégrer à la société et dessiner son propre chemin. Pleinement consciente de son importance, l’équipe de SOS Poverty n’a eu de cesse depuis de mettre sur pied des projets pour mieux encadrer et accompagner les jeunes comme les adultes. Il y a d’abord eu l’école prévocationnelle, les cours d’informatique, ceux de cuisine et de couture pour les femmes ainsi que le programme d’alphabétisation pour les adultes. Avec l’association, ce sont aussi les bénéficiaires qui ont évolué vers le meilleur. 

 

Certains d’entre eux ne sont d’ailleurs jamais partis bien loin. À l’instar de Karima Bhugloo, 31 ans. Elle a fréquenté pendant trois ans l’école prévocationnelle de SOS Poverty, puis y a pris des leçons particulières avant de se joindre à l’équipe en tant que volontaire. La vie, dit-elle, n’a jamais été un long fleuve tranquille. Elle qui a grandi loin de ses parents est tombée, au sein de SOS Poverty, sur des anges gardiens. «Je me suis mariée et je suis maman de deux enfants. Mon mari est marchand ambulant et c’était assez difficile pour nous financièrement.» Grâce à l’association, ses enfants sont à leur tour pris en charge. Karima, elle, a pu y décrocher un emploi dans l’administration. «C’est SOS Poverty qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui grâce à l’éducation, à l’amour, à l’affection que j’y ai reçus et que mes enfants reçoivent désormais.»

 

Débrouillardise

 

Dilshaad Beeteea, 43 ans, une habitante de la localité, a aussi bénéficié, tout comme ses enfants, du soutien de SOS Poverty. «À l’époque, j’avais de nombreux problèmes familiaux. J’avais une petite fille et des jumeaux en bas âge. Leur père avait des problèmes d’alcool. L’argent, nous ne le voyions même pas. Il fallait que je me débrouille comme je pouvais.» Face à la diversité, Dilshaad s’accroche. L’éducation pour ses enfants est une priorité. «Heureusement, mon aîné a été sponsorisé par ce programme du bureau de la présidence. Mes jumeaux sont venus à la maternelle ici gratuitement. Ils avaient à manger, à boire ainsi que leur matériel scolaire et leur uniforme. Pour moi, c’était un grand soulagement. De mon côté, je pouvais travailler», confie-t-elle.  

 

Plus tard, séparée du père de ses enfants, elle arrive à son tour, grâce à l’association, à suivre des formations de leadership, de comptabilité et de gestion, entre autres, jusqu’à finalement prendre de l’emploi au sein même de SOS Poverty. Décidée à prendre sa vie en main et à se battre pour l’avenir de ses enfants, elle ne cesse de travailler dur, faisant preuve d’un grand courage. 

 

Aujourd’hui, sa grande fille, diplômée, travaille à son tour à l’association. Ses jumeaux, eux, étudient toujours. Dilshaad, pour sa part, est l’un des maillons forts de SOS Poverty. Saajidah Dauhoo aime d’ailleurs la décrire comme une Jack of all trade sur qui on peut toujours compter. Femme courage, sa réussite, elle sait bien à qui elle la doit. «Tout ça, c’est grâce à Dieu et à SOS Poverty. Sans eux, jamais je n’aurais pu sortir du trou dans lequel je me trouvais.»

 

Si Dilshaad a pu compter sur le soutien de plusieurs personnes, c’est surtout sa volonté et sa persévérance qui lui ont permis d’avancer. C’est ce genre de success stories qui pousse chaque jour Saajidah Dauhoo et son équipe à ne pas baisser les bras et à continuer leur mission auprès de ces familles.