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La vie après la Fondation Georges Charles : Sur le chemin de l’autonomie

Christabelle, qui a choisi de devenir entrepreneure, fait la fierté de sa maman Marie-Anne.

La mission de la Fondation Georges Charles était de les éduquer mais surtout de les préparer à intégrer la société et à y trouver leur place. Depuis qu’ils ont quitté cette école spécialisée, Christabelle, Hansley, Lorie et Steven ont fait leur bout de chemin, réussissant, chacun à sa manière, à prendre leur destin en main. Rencontre.

«Jevoudrais dire aux gens qui, comme moi, vivent avec un handicap de ne jamais abandonner, de croire en eux et en leurs rêves.» Alors qu’elle prononce ces paroles, Christabelle Labonne, 23 ans, ne peut retenir les larmes qui lui montent aux yeux. L’histoire de cette jeune femme, atteinte d’un handicap moteur depuis l’enfance, est comme celle de beaucoup d’autres personnes qui veulent aller au-delà de leur condition physique. Une histoire inspirante. Un courage qui pousse à l’admiration. Une leçon de vie, tout simplement. 

 

Christabelle a passé trois ans de sa scolarité à la Fondation Georges Charles, une école qui accueille depuis 1982 des enfants et des adultes atteints de handicaps mentaux et de déficience intellectuelle, afin de leur donner une éducation adaptée et ensuite mieux les intégrer dans la société. Depuis, cette habitante de Bois-Marchand fait tout pour avoir une vie comme les autres. C’est même devenu une priorité. 

 

Pour «être indépendante et autonome», elle s’est mise à son compte en janvier. Devenue jeune entrepreneure, elle crée des bijoux à la main qu’elle revend afin de gagner sa vie. Grâce à ce qu’elle a appris au centre Georges Charles et à travers les cours de crafting de la SMEDA auxquels sa maman Marie-Anne l’a inscrite, elle a pu développer un savoir-faire qui lui permet aujourd’hui, bien que ce soit difficile, d’avoir un travail. 

 

 

Cette rage de réussir, Christabelle l’a développée au fil des années, boostée par les «coups» qu’elle a reçus tout au long de sa vie. Les moqueries, les méchancetés et les attaques parfois physiques qu’elle a dû endurer à cause de son handicap n’ont fait que renforcer sa volonté de réussir dans la vie et de prouver aux autres qu’elle est tout aussi capable. Pourtant, Christabelle n’a pas toujours été aussi forte et n’a pas toujours affiché ce sourire radieux. 

 

Enfant, elle revient souvent de l’école en pleurs parce qu’on lui a dit des choses méchantes, qu’on l’a poussée, qu’on lui a tiré les cheveux. Incapable de s’adapter à l’environnement et au rythme scolaire, elle a dû changer d’école à plusieurs reprises. Marie-Anne, accompagnée de sa fille, va alors frapper aux portes pour lui trouver un endroit où elle pourrait terminer sa scolarité. Après trois échecs au Certificate of Primary Education, elle tente plusieurs possibilités et veut s’essayer, par exemple, à la coiffure. Mais la réponse est cinglante. «On m’a dit qu’à cause de mes mains, je ne pourrai  jamais faire ce métier.» Ces refus, Christabelle ne les a jamais oubliés. «On ne peut pas fermer la porte à quelqu’un à cause de son handicap.»

 

L’éducation, une priorité

 

Le manque de moyens y est aussi pour quelque chose. Employée pour faire le ménage dans les entreprises, Marie-Anne est incapable de payer des cours à sa fille. Néanmoins, lui donner une éducation est une priorité. Lorsque la Fondation Georges Charles ouvre ses portes à Christabelle, pour Marie-Anne, c’est le soulagement. Elle y reste pendant trois ans. Elle en garde d’ailleurs de beaux souvenirs. «J’ai appris à vivre en harmonie avec les autres, à ne pas m’apitoyer sur mon sort car il y a des enfants qui vivent avec des handicaps plus graves que le mien. Je m’occupais souvent des petits là-bas. Tout ça m’a appris l’amour des autres.»

 

Aujourd’hui, Christabelle ne regarde plus que l’avenir. Les larmes ont été remplacées par la joie de vivre et le sourire. Dans les moments difficiles, elle garde la foi, un des piliers de sa vie. Tout ce dont elle rêve aujourd’hui, c’est de pouvoir agrandir sa petite affaire et de pouvoir y vivre. Pour le moment, tout ça est un peu difficile. Les matières premières nécessitent un investissement et la concurrence est rude. «Autant que possible, je participe à des foires pour me faire connaître et vendre mes produits. Le bouche-à-oreille fonctionne un peu aussi mais je n’arrive pas encore à en vivre.»

 

Hansley Ladouce travaille depuis plusieurs années au Hennessy Park Hotel.

 

Des histoires comme ça, la Fondation Georges Charles en a plein. Hansley Ladouce, 27 ans, est lui aussi un ancien bénéficiaire du centre. Il s’y est fabriqué ses armes avant de se lancer sur le marché du travail. Atteint d’un trouble mental, il n’a jamais pu apprendre à lire ou à écrire mais il a réussi à développer un savoir-faire manuel. Alors, après son passage au centre, il a pris de l’emploi au Hennessy Park Hotel où il travaille dans le département de la maintenance. «Je m’occupe de faire les travaux, les réparations, la peinture», dit-il. Aujourd’hui, il a le sentiment d’avoir réussi sa vie. «Je suis fier de mon parcours.»

 

Lorie, elle, a construit sa vie différemment. Atteinte d’hydrocéphalie, elle est aujourd’hui l’heureuse maman de trois enfants qu’elle a eus avec Steven, son époux, lui aussi un ex-élève de la Fondation Georges Charles. Ce dernier travaille aujourd’hui comme jardinier. 

 

Les deux jeunes, âgés de 27 ans, se sont d’ailleurs rencontrés là-bas, il y a plusieurs années. Si l’école mainstream n’était pas adaptée à leurs besoins, ils ont trouvé, au sein du centre, une éducation spécialisée qui était faite pour eux. Lorie y a appris la cuisine, la broderie et a pratiqué du sport, alors que Steven a intégré l’atelier du centre pour y apprendre un métier. 

 

Si cette maladie avec laquelle Lorie est venue au monde a affecté ses capacités mentales, Steven souffre, lui, de déficience intellectuelle. Toutefois, cela ne les empêche pas de former une famille et de mener une vie comme les autres. Dans leur tête, ils ne se sentent absolument pas différents des autres. 

 

Tous deux suivent assidûment leur traitement médical, Lorie s’est fait opérer plusieurs fois, et ils vivent aujourd’hui le plus normalement possible, faisant de leur mieux pour offrir le meilleur à leurs trois enfants. Avec la pension qu’ils touchent pour eux et leurs enfants, et le salaire de Steven, ils essaient chaque jour de joindre les deux bouts mais ce n’est pas toujours facile. La précarité est une réalité face à laquelle ils essaient de se débattre. 

 

«Nous avons besoin d’aide. Notre chambre coule. Quand il pleut, je ne sais même plus ou mettre mes enfants pour qu’ils puissent dormir»confie Lorie en espérant que son appel à l’aide sera entendu. Pour le moment, ils se débrouillent comme ils peuvent.