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Jeunes mamans en formation : Pour voler de ses propres ailes

Cindy Morowa en compagnie de quelques bénéficiaires du groupe.

Elles sont devenues mamans très jeunes. Pour s’occuper de leurs enfants, elles ont tout simplement mis leur scolarité, leurs études et leur avenir professionnel entre parenthèses. Aujourd’hui, grâce à une formation en puériculture dispensée par MAM, elles ont l’occasion de tout recommencer et d’avancer…

Plusieurs années de sa vie mises en veille. Comme une pause à durée indéterminée, dont on ne connaît pas l’issue. C’est sans doute le sentiment qu’a pendant longtemps éprouvéJuanella Ah-Youn ainsi que les autres jeunes femmes qui sont devenues mamans très jeunes. Beaucoup ne sont pas allées au bout de leur scolarité et ont vu leurs perspectives d’avenir professionnel considérablement réduites. Jusqu’à ce qu’elles ne tombent sur le Mouvement d’Aide à la Maternité (MAM). 

 

Celui-ci propose non seulement un accompagnement aux futures mamans, dont des adolescentes en cas de grossesse précoce, mais aussi une formation en puériculture qui leur permet d’avoir un certificat reconnu en bonne et due forme, et de nouvelles perspectives de carrière. Alors que le groupe de la dernière édition s’est récemment vu remettre son diplôme, un nouveau groupe de 22 jeunes femmes vient de se lancer dans la formation afin de devenir des auxiliaires et des aide-auxiliaires. 

 

C’est principalement pour ces raisons que Juanella Ah-Youn s’est tournée vers l’association. Lorsqu’elle est tombée enceinte à l’âge de 17 ans, elle a cru que le ciel lui tombait sur la tête. Comment allaient réagir ses parents ? Son copain allait-il accepter l’enfant ? Serait-elle capable de s’occuper d’un bébé ? Qu’en serait-il de son avenir ? Les questions se sont souvent bousculées dans sa tête d’adolescente. Et puis, au fil des mois, au fur et à mesure que son ventre grossissait, Juanella ne se faisait plus de doute sur le fait que sa vie ne serait plus la même et que son adolescence était définitivement chose du passé. Elle allait être maman. Il y avait cette joie certes, cet instinct de maman qui commençait déjà à se développer, mais il y avait aussi de la peur et de l’appréhension, des sentiments qu’elle ne pouvait pas refouler. «Ce n’était pas évident. Je n’étais qu’une ado, je ne savais pas comment m’occuper d’un bébé. Je n’avais aucune expérience. Heureusement, mes parents m’ont soutenue ainsi que mon copain. Aujourd’hui, on est mariés et on s’occupe de nos deux enfants. Notre fille a 7 ans et notre fils 2 ans», confie la jeune femme. 

 

Accepter sa nouvelle vie

 

C’est notamment grâce à ce soutien que Juanella a pu s’accrocher et accepter sa nouvelle vie. Une vie qu’elle met toutefois entre parenthèses pour s’occuper de son bébé. Pendant plusieurs années, elle reste à la maison sans étudier, sans travailler. «Je suis restée un bon moment à la maison à ne rien faire.» Lorsqu’elle entend parler d’une formation dispensée gratuitement par MAM, elle est tout de suite intéressée, consciente que ce serait un sacré coup de pouce. Lorsqu’elle s’y rend pour la première fois, la jeune femme rencontre d’autres mamans qui, comme elle, ont connu les mêmes expériences. «On se reconnaît en l’autre. On échange parce qu’on a vécu les mêmes choses. Beaucoup ont connu un parcours difficile. Certaines sont seules aussi.»

 

Cette formation, dispensée par l’école de puériculture de Bethléem, en partenariat avec MAM et étalée sur une période de neuf mois, est une façon de soutenir et de donner à ces jeunes femmes les outils nécessaires pour voler de leurs propres ailes. Toutes les bénéficiaires, issues de milieux modestes, sont conscientes que payer un tel cours n’aurait pas été possible pour elles. C’est une chance dont elles saisissent l’importance. «C’est un super avantage. Non seulement c’est gratuit mais en plus, on a un transport et le déjeuner. Payer ça de notre poche aurait été impossible», souligne Juanella qui a récemment reçu son certificat. Actuellement sous contrat dans une entreprise privée, elle ne se fait plus de souci quant à son avenir professionnel. «Demain, si mon contrat n’est pas renouvelé, je sais que j’aurai du travail.»

 

Permettre à ces jeunes femmes de gagner en autonomie et en indépendance financièrement, c’est là toute la mission de MAM, explique Cindy Morowa, responsable des ateliers de puériculture. 

 

Rester à la maison à ne rien faire

 

Ces ateliers, qui ont commencé il y a sept ans, ont vu défiler de nombreuses jeunes femmes devenues mamans alors qu’elles n’étaient elles-mêmes que des adolescentes. «Beaucoup sont tombées enceintes au collège et se retrouvent seules. D’autres dépendent de leurs parents ou de leurs conjoints et restent à la maison à ne rien faire. En plus, c’est difficile pour elles de payer une telle formation qui coûte environ Rs 12 000 car elles viennent d’un milieu modeste», explique Cindy Morowa. Selon elle, cette formation est donc comme une deuxième chance qu’on leur offre, une nouvelle opportunité de réussir. «Outre les cours théoriques, elles ont droit à un stage, ce qui est un avantage pour la suite. Il faut dire aussi qu’il y a dans le secteur plusieurs possibilités d’emploi, dans les garderies, les écoles, les kids clubsdans les hôtels, comme nounou, entre autres.»

 

Charline Aimée-Hyppolite, 25 ans, est elle aussi consciente de la chance d’avoir pu bénéficier d’une telle opportunité. Dans la vie, dit-elle, elle a voulu fonder une famille très vite. Après avoir arrêté l’école en Form V, tomber enceinte quelques années plus tard était un acte voulu et loin d’être une surprise. «Je me suis mariée et à 20 ans, j’ai eu mon premier enfant suivi du deuxième», confie la jeune femme. Charline n’a jamais travaillé. Son rôle consistait principalement à être femme au foyer et à s’occuper des enfants. Mais étudier et avoir un métier a toujours eu une place importante dans ses projets personnels. «En tant que bénéficiaire de MAM, j’avais déjà pu suivre un cours d’auxiliaire en 2012. Comme je voulais me perfectionner, j’ai voulu faire la formation qui a été proposée l’année dernière. Si je peux apprendre plus, pourquoi pas.»

 

Avec le niveau professionnel acquis grâce à ces formations, Charline nourrit aujourd’hui de grands rêves. «Je veux ouvrir ma garderieet travailler à mon compte. C’est mon projet. J’espère de tout cœur pouvoir le réussir», confie-t-elle. Réussir non seulement pour elle, pour sa carrière, mais surtout pour sa famille et ses enfants pour qui elle a fait tant de sacrifices.