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Future Hope : L’éducation pour briser les codes

Les cours de musique de Lanslay Henry apportent de nouvelles ouvertures aux enfants.

Depuis son lancement, Future Hope n’a eu de cesse d’évoluer, de grandir. L’ONG a récemment ouvert une nouvelle aile à Cité La Cure et accueille même, depuis peu, des enfants qui se sont retrouvés à la rue lorsque leur école a fermé ses portes.

Lorsqu’elle regarde dans le rétroviseur, Marie-Noëlle Ramdeen ne peut cacher son émotion. Depuis 2013, Future Hope, l’association qu’elle dirige, n’a eu de cesse de s’agrandir, de s’améliorer, de se réinventer pour mieux servir les enfants en difficulté d’apprentissage et dont le seul recours pour un avenir meilleur reste l’éducation. Si l’ONG a commencé ses activités au centre social de Ste-Croix en offrant de l'accompagnement scolaire à 40 enfants de la région, elle n’a pas arrêté d’évoluer au cours de ces dernières années.

 

Future Hope a tout d’abord changé de local. Toujours au cœur de Ste-Croix, le centre accueille aujourd’hui 98 élèves qui, chaque jour, reçoivent l’encadrement, l’aide et le soutien de plusieurs volontaires, explique la responsable. «Nous les aidons principalement avec les devoirs. Malheureusement, de nombreux parents ne savent ni lire, ni écrire, ce qui fait qu’à la maison, rien n’est fait. Nous faisons aussi les révisions avant la période d’examen.» Mais depuis deux semaines, un événement inattendu est venu secouer le quotidien de Future Hope. «Nous avons appris la fermeture de l’école Fraternité-Nord-Sud. Les parents étaient désespérés parce qu’ils n’avaient nulle part où envoyer leurs enfants. Nous étions incapables de rester insensibles face à une telle détresse. Du coup, nous accueillons sept enfants de là-bas qui font partie de la famille Future Hope.»

 

Ainsi, depuis deux semaines, l’association s’est improvisée école. Contrairement à Fraternité-Nord-Sud qui faisait partie du réseau Anfen (Adolescent Non Formal Education Network), Future Hope n’est pas une école mais devant l’urgence de la situation, il a fallu s’adapter et trouver des solutions. «Il était hors de question de laisser ces enfants dans la rue, sans aucun recours parce qu’aucune autre école ne peut les prendre. Nous avons donc fait des modifications pour nous adapter et leur offrir une structure», dit-elle.

 

Aux côtés des enfants, toute une équipe d’animatrices et de bénévoles qui mettent leur expertise et leur savoir-faire à leur service. Ici, l’éducation est non-formelle. On apprend à lire et à écrire différemment. Il y a aussi tout un tas d’activités. De la danse, du bricolage, de la cuisine, de la musique, du yoga, du théâtre. Les enfants peuvent aussi compter sur les sorties scolaires qui rythment l’année. Il y a, par exemple, l’apport de Jamel Colin de Makadam Phylozophy, un programme d’une année basé sur le développement personnel et l’estime de soi, et destiné aux enfants et adolescents issus des milieux vulnérables. «Une merveille. Les enfants jouent et apprennent en même temps. C’est tellement amusant et ludique», souligne Marie-Noëlle. Lanslay Henry, musicien au sein d’un célèbre groupe mauricien, a récemment rejoint Future Hope pour donner des cours de musique aux jeunes. «Être là est très important pour moi. J’ai toujours voulu partager mon expérience en tant que musicien. Donner ces cours est une manière de transmettre mon savoir-faire. La musique est un moyen d’éloigner ces enfants de la rue et de ses dangers.»

 

Développement personnel

 

Il y a aussi Gérard, un ex-enseignant, qui vient donner des cours académiques aux enfants, tout comme des jeunes de l’université de Maurice ou des collèges qui viennent donner un coup de pouce, une aide toujours bienvenue. Il y a Cynthia qui fait de l’accompagnement scolaire. Josiane, elle, est appelée la «mama poule». C’est elle qui donne les cours de cuisine. Sophie, thérapeute, s’occupe aussi régulièrement des enfants. Outre le côté apprentissage, Future Hope met beaucoup d’accent sur le développement personnel de l’enfant. Afin de devenir des adultes qui peuvent se tenir debout sur leurs deux jambes, ils apprennent la discipline, l’amour, le respect, des valeurs tout aussi importantes que le volet académique.

 

Edwige, elle, a récemment rejoint l’équipe. Ancienne responsable du Mouvement pour le progrès de Roche-Bois, Edwige Sivance se retrouve désormais, par un concours de circonstances, au sein de l’équipe de Future Hope où elle est responsable des thérapies familiales, du service d’écoute et du travail sur le terrain. S’occuper des enfants sans inclure les parents dans cette mouvance, dit-elle, serait une erreur. «Ça marche de pair. Nous ne pouvons parler un langage avec les enfants à l’école, leur inculquer des manières, des valeurs et puis, une fois à la maison, tout est oublié, mis de côté. Il faut que les parents comprennent la philosophie de Future Hope pour que le travail puisse continuer à la maison», lance-t-elle.

 

Pour Future Hope, les parents sont donc un maillon indispensable du changement. C’est pour cela que l’équipe se focalise non seulement sur les thérapies mais aussi sur le programme d’alphabétisation fonctionnelle. Sauf que pour mettre en place des programmes, cela demande du financement. Un financement qui est souvent, avoue Marie-Noëlle Ramdeen, difficile à trouver. «Je suis en plein travail d’écriture de projets que je vais envoyer à la National CSR Foundation et au Barclays Colours of Life dont nous avons reçu le soutien l’année dernière. Nous comptons sur ce genre d’aide, sinon, nous ne pourrons pas continuer notre travail.»

 

Un travail qui a déjà pris une autre dimension avec l’extension des services de Future Hope à une autre localité. En effet, depuis le début de l’année, l’association opère à Cité La Cure où elle a démarré un nouveau projet d’accompagnement scolaire. «Sur le terrain, nous avons constaté qu’il y avait un vrai manque et la demande est réelle. Certains sont des cas sociaux très difficiles, d’autres ont des besoins spéciaux. Offrir une aide à ces enfants était impératif.» Ainsi, depuis janvier, Future Hope a ouvert une aile dans cette localité où elle accueille une vingtaine de bénéficiaires. Pour le moment, toutes les activités se déroulent dans le centre de jeunesse de Cité La Cure deux fois la semaine mais les choses vont bientôt changer. «L’église de Ste-Croix a gentiment mis à notre disposition une grande salle. Nous pouvons compter sur le support de notre sponsor, le Leo Club de Port-Louis, qui va retaper et réaménager le centre afin qu’il soit opérationnel. On pourra alors accueillir une cinquantaine d’enfants», souligne la directrice.

 

Toucher plus d’enfants pour un plus grand changement, Marie-Noëlle Ramdeen en rêve mais ce dont elle rêve le plus, c’est que ces enfants, souvent prédestinés à l’échec, puissent briser les codes, réussir à l’école, décrocher un bon travail et devenir des adultes responsables. C’est bien là, dit-elle, la mission première de Future Hope.