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Être jeune entrepreneur, une route difficile

C’est un métier difficile. Certainement plus difficile que celui d’un salarié. Cependant, de nombreux jeunes décident aujourd’hui de se mettre à leur compte et de gérer leur entreprise. Toutefois, c’est un choix qui mène souvent vers un long chemin parsemé d’embûches avant de rencontrer le succès et la croissance. Trois jeunes entrepreneurs mauriciens nous racontent leur histoire.

Deeksha Puttur : Passion, vision et patience

 

«Être mon propre chef et ne pas être dirigée par un boss», lance-t-elle du tac au tac. Deeksha Puttur, comme beaucoup de jeunes, en a toujours rêvé. Bien plus qu’une simple envie de s’asseoir derrière un grand bureau et de diriger des employés, c’était pour elle une affaire de conviction et d’ambition. Et comme elle l’a toujours souhaité, elle est son propre chef depuis trois ans maintenant, avec la création d’Emilie Rose. Après avoir décroché un BSc Fashion Technology et un MSc Project Management de l’Université de Maurice, la jeune femme se jette à l’eau avec ses propres économies comme seule source de financement.

 

Dans sa tête, les idées sont claires et précises. «J’ai toujours eu une véritable passion pour la fabrication des vêtements et, comme je savais que je deviendrais une entrepreneur, je n’ai pas hésité à me lancer après mes études. J’ai lancé Emilie Rose, une entreprise qui confectionne des uniformes»,déclare la jeune femme. Cette compagnie, elle l’a imaginée, l’a pensée dans les moindres détails, avant de la mettre sur pied il y a trois ans. Les débuts, se souvient-elle, ne sont pas faciles. Avec ses économies en poche et sa volonté de fer en bandoulière, c’est seule qu’elle s’en va affronter le monde des affaires.

 

Mais comme c’est le cas pour beaucoup de jeunes entrepreneurs, les clients ont du mal à la prendre au sérieux. Son jeune âge étant la cause principale. Ce problème, Deeksha Puttur, 28 ans, doit composer avec aujourd’hui encore. «Beaucoup de clients potentiels sous-estiment mes capacités à travailler sur de gros projets. Ils pensent que je suis jeune et que je manque d’expérience»,déclare-t-elle. Pourtant, au cours de ces trois dernières années, la chef d’entreprise a démontré que, malgré son jeune âge, elle possède toutes les capacités nécessaires pour gérer ses commandes et mener son entreprise et son équipe à bon port.

 

Si Deeksha a commencé toute seule, aujourd’hui, Emilie Rose emploie sept personnes à temps plein et confectionne des uniformes de A à Z pour plusieurs entreprises de divers secteurs : «Mes clients viennent des secteurs hôtelier, automobile, bancaire, de la construction, de la restauration et bien d’autres.»Toutefois, gérer sa propre affaire n’est pas de tout repos et, encore une fois, les difficultés s’accumulent lorsqu’on est jeune : «Les gens ont tendance, malheureusement, à vous mener en bateau. Soit ils ne vous prennent pas au sérieux, soit ils sont de mauvais payeurs. Je pense que de nombreux jeunes entrepreneurs font face à la même situation.»

 

Après trois ans à la tête d’Emilie Rose, Deeksha Puttur estime que c’est très dur d’être un jeune entrepreneur, mais que ce n’est pas une chose impossible : «Nous devons avoir de la passion, de la patience, de la vision, mais aussi une bonne planification et la capacité à gérer des situations qui sont tout le temps en train d’évoluer.»

 

Petit à petit, elle a réussi à se faire une place sur le marché mauricien, et Deeksha Puttur en est convaincue : elle continuera à gravir les marches.

 


 

Ravi Kowlessur : Tomber, puis se relever

 

Ce jeune homme de 25 ans n’est pas du genre à faire dans la demi-mesure. De tout temps, dit-il, il a voulu être «riche et libre»malgré les avertissements de ses parents qui rêvaient pour lui d’une autre carrière. Travailler sous les ordres de quelqu’un d’autre ne l’a jamais intéressé. Il voulait posséder, diriger et rencontrer le succès. Mais voilà, ça, c’était avant. Aujourd’hui, il a compris qu’il est beaucoup plus simple d’imaginer une entreprise que de la créer et de la gérer au quotidien. Ravi Kowlessur l’a appris à ses dépens.

 

Lorsqu’il décide de se lancer après avoir étudié l’informatique et décroché une licence, il enchaîne les ratages et les échecs. «J’ai lancé au moins six start-up qui ont toutes échoué. Je n’avais aucune expérience et tout ça m’a laissé dans une situation financière difficile»,raconte le jeune homme. Après une mauvaise passe et des moments de grands doutes, il décide toutefois de retenter sa chance et d’apprendre de ses erreurs passées : «J’ai pris de l’emploi à plein temps et à côté, je n’ai pas arrêté d’approfondir mes connaissances sur comment lancer et gérer une entreprise. Je dévorais les bouquins, les podcastset les cours en ligne.»

 

En décembre 2015, il décide de se jeter à l’eau et crée craze.mu, une entreprise qui a pour objectif d’aider d’autres compagnies à se créer une identité commerciale en confectionnant différents produits personnalisés : «Nous parlons là de T-shirts, de tasses, d’oreillers, d’items et de services corporatePassionné et déterminé, il s’accroche malgré les difficultés afin de faire marcher les affaires. Au fil des mois, le jeune chef d’entreprise arrive à mettre plusieurs départements sur pied afin de s’occuper de la partie commerciale, administrative, de la vente, du service client, du design, entre autres, de l’entreprise afin de faire fructifier son affaire. Il emploie même trois personnes pour monter une équipe. «Aujourd’hui, nous arrivons à toucher environ 70 000 personnes par semaine»,dit-il avec fierté.

 

Cependant, Ravi Kowlessur sait que son entreprise est encore jeune et que c’est sur la durée qu’il faudra tenir la route et faire face aux difficultés qui se présenteront en chemin. «Avec toutes les aides gouvernementales données par le gouvernement, c’est relativement facile de monter son entreprise. Là où les choses se compliquent, c’est qu’il faut survivre au fil des années. Être entrepreneur, c’est savoir survivre, gérer les affaires, mais aussi les problèmes relationnels, collecter des fonds et surtout croire en vous-même»,déclare Ravi Kowlessur qui est membre du jury de Start-up Week-endet qui travaille actuellement sur le lancement d’une nouvelle entreprise.

 

Avec craze.mu, le jeune homme est souvent sollicité pour partager son histoire et démontrer que si on a confiance en soi et qu’on y croit, il y a toujours moyen d’y arriver.

 


 

Yansley Thong : Foncer malgré les difficultés

 

Se lancer, échouer, puis recommencer. Yansley Thong a connu cette réalité à plusieurs reprises, mais malgré les difficultés, il n’a jamais laissé tomber parce qu’il en est convaincu : les entrepreneurs peuvent changer la face de Maurice et lui donner un nouveau souffle. Yansley Thong Wide Print existe depuis maintenant cinq ans. Cinq années de hauts et de bas, et de dur labeur au cours desquelles il a fallu s’accrocher. L’histoire de Yansley Thong, 34 ans, est en soi une petite success story.

 

Issu d’une famille modeste, Yansley est le benjamin d’une fratrie de quatre enfants. À l’époque, se souvient-il, ses parents travaillaient à leur compte et possédaient un petit atelier à la maison, dans lequel ils fabriquaient des boîtes à bijoux. Lorsqu’il met fin à sa scolarité alors qu’il est en Form II, il commence à travailler dans un atelier de motocyclettes dans lequel il est payé
Rs 10 par jour. De là, il enchaîne les petits boulots jusqu’au moment où il décide de reprendre l’affaire de ses parents et de la redynamiser. Cependant, rien ne marche comme prévu et Yansley Thong, par manque de clientèle, est contraint de mettre la clé sous la porte.

 

Pour gagner sa vie, il accepte des petits boulots et devient même agent de sécurité. Mais très vite, il se lasse et décide une fois de plus de se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat. «J’ai commencé à faire du dispatchen free-lance pour plusieurs compagnies. Ensuite, j’ai appris à faire du Large Format Printing dans une entreprise. J’ai travaillé à fond pour maîtriser le métier avec les ingénieurs chinois et j’ai aussi suivi une formation de Graphic Design avec quelqu’un ayant plus de 25 ans d’expérience dans ce domaine. En quittant cette entreprise, j’ai décidé de lancer mon business», raconte le jeune homme.

 

Il contracte un prêt afin de s’acheter une petite machine et commence à travailler chez lui, faute d’avoir un local par manque de financement. Des mauvaises expériences, Yansley Thong en a connues. Lorsqu’on est jeune et qu’on débute dans le métier, dit-il, certains ont tendance à abuser de votre ignorance et de votre naïveté. «J’avais de gros problèmes de cash-flowcar les clients ne payaient pas à temps, voire pas du tout. Je croulais sous les dettes. Les difficultés sont nombreuses et il faudrait que les autorités étendent le délai de paiement pour les PME et pour l’instauration d’une institution telle que le MCIB pour les PME. Car, trop souvent, nous livrons des produits, mais nous ne nous faisons pas payer par la suite. C’est une des causes majeures qui empêchent les PME d’aller de l’avant, voire de disparaître si l’entrepreneur ne cherche pas d’autres sources de revenus»,déclare-t-il.

 

Aujourd’hui, malgré les difficultés, Yansley Thong a trouvé une certaine stabilité : «J’emploie cinq salariés. J’ai mon propre atelier et j’ai fait l’acquisition de plusieurs machines et autres équipements. J’ai une dizaine de clients réguliers, incluant une compagnie de grande distribution alimentaire pour laquelle je m’occupe depuis trois ans de l’habillage de véhicules, avec une flotte d’une soixantaine de camions»,dit-il, plus que jamais déterminé à emmener son entreprise vers de nouveaux horizons.

 


 

Ambition Jeune : un melting-pot de talents

 

Un rendez-vous régional de l’entrepreneuriat jeune. C’est à Maurice que s’est tenue, il y a quelques jours, la troisième édition du concours Ambition Jeune.Celui-ci a réuni de nombreux jeunes de la région venu participer à deux jours de forum, d’ateliers, de rencontres et d’échanges entre entrepreneurs de la région Indianocéanie, experts, consultants et représentants des structures d’appui à la MCCI Business School, à Ébène. Organisé par l’association Synergie Jeunes, avec le concours de la Commission de l’océan Indien, le soutien de l’Union européenne et en collaboration avec la MCCI Business School, Ambition Jeuneest un événement régional qui célèbre l’entrepreneuriat et valorise les compétences, les talents et la créativité des jeunes de la région.

 

Lors de la cérémonie de clôture, les noms des gagnants d’Ambition Jeune ont été révélés. Pour le concours, dix jeunes entrepreneurs et porteurs de projet issus des cinq pays membres de la COI étaient en compétition. Dans la catégorie Porteur de projet, le jury a récompensé Sonia Serra de La Réunion. Son projet, 8 000 mondes, édite des séries littéraires numériques et des livres audio. Anturia Mihidjai, Comorienne, a, elle, été primée dans la catégorie Entrepreneur établi. Son entreprise Nutrizione Food a pour objectif de faciliter la consommation des produits locaux et traditionnels, notamment le sagou, à travers une transformation agro-alimentaire saine. Jimmy Port-Louis des Seychelles a été le coup de cœur du jury. Il compte équiper les palangriers d’un moteur fonctionnant à l’énergie solaire.

 

Cet événement a réuni de nombreux jeunes venus des différents pays de l’océan Indien.

 

Des Mauriciens qui ont participé à cette troisième édition d’Ambition Jeune, Ravi Kowlessur, Deeksha Puttur et Yansley Thong en gardent un bon souvenir. Ce dernier a eu l’occasion d’échanger avec d’autres jeunes qui, comme lui, se sont lancés dans le monde des affaires. «Cette plateforme m’a permis de me connecter à d’autres jeunes entrepreneurs de la région océan Indien. De nos échanges, il ressort que tous ont eu presque les mêmes difficultés de cash-flow, de délai dans la réception des chèques et du cash, des mauvais payeurs, entre autres»,dit-il. Si ces deux jours de travail ont eu l’effet d’un boostpour Ravi Kowlessur, Deeksha Puttur, elle, a pris plaisir à apprendre à travers le partage d’expérience.

 

Par ailleurs, le ministre des Technologies de l’information et de la communication, Etienne Sinatambou, a annoncé que le ministère débloquera Rs 15 millions pour accompagner financièrement des projets mauriciens innovants, dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.