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École des techniciennes de maison : Vers l’indépendance économique des femmes de l’Ouest

Anielle Bellepeau et Beatrice Cecile sont les plus jeunes de la classe.

Cet établissement agit comme une passerelle entre l’employeur et l’employé afin de faciliter l’embauche des femmes de la région Ouest. Ce, après les avoir formées à différents métiers pendant des mois. Incursion au cœur de cette école dont le but est de rendre à la femme son indépendance économique.

C’est une école pas comme les autres, qui accueille des élèves pas comme les autres. Située dans la cour de l’église St Augustin à Rivière-Noire, l’École des techniciennes de maison (ETM) accueille, du lundi au vendredi, entre 9 heures et midi, des habitantes de la région qui sont sans emploi qui désirent pouvoirdépendre d’elles-mêmes, se construire un avenir et réaliser leursrêves. C’est dans une classe polyvalente que se tiennent la plupart des cours – dispensés gratuitement grâce à l’aide du programme de Corporate Social Responsibilityet de nombreux partenaires –, comme la couture, la broderie, le repassage, l’alphabétisation, la puériculture, le housekeeping,  le life skill management,entre autres. Pour ce qui est de la classe de pâtisserie, l’école dispose d’une cuisine équipée où un Chef transmet son savoir-faire aux élèves de l’ETM qui vient de fêter son dixième anniversaire.

 

Fany Gorapah, chargée de projet, nous raconte le début de cette belle aventure humaine. «Tout a commencé il y a dix ans. Beaucoup de femmes de la région venaient à l’église pour avoir de quoi nourrir leur famille. Elles cherchaient de l’aide auprès de Caritas. Cela a fait réfléchir le curé de la paroisse d’alors, qui a jugé utile de trouver une solution afin que ces femmes apprennent à se débrouiller. Et de là est née l’École des techniciennes de maison», explique-t-elle.

 

De bouche à oreille, plusieurs professionnels ont mis leur savoir-faire au profit des habitantes de la région ouest jusqu’à ce que l’ETM se professionnalise et devienne une ONG à part entière. La chanteuse Jasmine Toulouse, qui est originaire de Rivière-Noire, a fait de l’exclusion sociale son cheval de bataille. C’est elle la secrétaire de l’ETM. Elle se charge également d’un projet baptisé Service à l’emploi. La pauvreté dans son quartier, elle en voit tous les jours : «La pauvreté n’est pas une fatalité. Avec la volonté, on arrive à s’en sortir. C’est pour cela qu’ici, on n’encourage pas l’assistanat. Au contraire, on tend une canne afin que l’autre apprenne à pêcher.»

 

Aller plus loin

 

À l’ETM, le matériel est offert et le coût du transport est même pris en charge par l’association afin d’éviter que les élèves fuient les cours pour des raisons financières. Une partie de cet argent provient de la vente de vêtements organisée par l’ETM suite à des dons de particuliers. Ceux-ci sont entreposés dans un conteneur dans la cour de l’église. «Les vêtements sont vendus à partir de Rs 5. Beaucoup de gens de la région viennent ici pour s’habiller. On demande aussi à ceux qui peuvent nous aider en ce sens à faire don des vêtements qu’ils n’utilisent plus. Des vêtements qui pourraient être portés, bien sûr»,lance Josiane Hortense qui a la responsabilité du Charity Shop où sont vendus ces vêtements.

 

Les cours, eux, sont dispensés sur trois mois et demi par l’ETM qui accueille une quarantaine de femmes pendant l’année. «On peut accueillir deux groupes de 20 personnes par an. Dès que le premier groupe termine et que les certificats sont délivrés, les inscriptions sont ouvertes pour que d’autres femmes nous rejoignent», explique Fany Gorapah. Et grâce aux annonces publiées sur Facebook, les recruteurs se tournent vers l’ETM et mènent des entrevues à des fins de recrutement.

 

Une mesure qui profite énormément aux élèves de l’ETM. À l’instar d’Angela Georges, une habitante de Bambous âgée de 19 ans. La jeune femme fera son entrée dans le monde du travail dans quelques jours. «Les cours dispensés ici m’ont été très bénéfiques. Et avant même que les cours ne se terminent, un recruteur a pris contact avec l’association et j’ai réussi l’épreuve de l’entretien. J’ai été recrutée comme serveuse dans un restaurant. Et je suis très fière car ce sera le premier emploi où je pourrai mettre à profit tout ce qu’on m’a appris à l’ETM»,confie-t-elle.

 

Béatrice Cécile, elle, a 16 ans et habite Rivière-Noire. Son amie Anielle Bellepeau, 17 ans, vient de Bambous. Toutes deux sont les plus jeunes de la classe. L’une rêve de devenir pâtissière et l’autre fleuriste. «J’ai arrêté ma scolarité en Form IV pour des raisons familiales. Depuis, je ne faisais rien de mon temps libre. Mais à l’ETM, j’apprends beaucoup de choses et je veux aller encore plus loin», confie Anielle.

 

Ce jour-là, dans l’atelier de broderie, l’adolescente s’applique méthodiquement. Cet art, vieux de plusieurs années, est pour elle une véritable passion. À ses côtés, Cybille Lejuste, 64 ans, s’investit tout autant pour finir sa pièce de broderie. Cette habitante de Bel- Ombre voudrait, par la suite, décrocher un emploi en tant que dame de compagnie : «Même à mon âge, je veux faire quelque chose de ma vie. C’est toujours un plus d’avoir un petit boulot. Cela va beaucoup m’aider.»

 

Idem pour Geeta Ramsurn, une habitante de Bambous âgée de 38 ans. Elle, souhaite trouver un boulot qui lui permettra de travailler à mi-temps afin de s’occuper de ses enfants. «J’ai déjà travaillé dans des usines. Mais cela ne me laissait pratiquement pas de temps pour la famille. J’ai donc arrêté. Mais je veux reprendre une activité qui me permettra de travailler et de m’occuper de ma famille», explique notre interlocutrice.

 

Si rendre à la femme son indépendance économique est la principale mission de l’ETM, cet établissement est aussi une belle aventure humaine pour toutes celles qui le fréquentent.