• La jalousie amoureuse : quand ça va trop loin…
  • Disparition du vol Malaysia Airlines MH 370 : c’était il y a 10 ans...
  • 13es Jeux d’Afrique : «Moris casse paquet» avec 25 médailles
  • Laura Mooneesamy : quand Gold Models va d’aventure en aventure
  • Accidents fatals : quatre familles pleurent leurs proches partis trop tôt
  • «Ratsitatann» : un pièce mauricienne/malgache pour «enlever le flou»
  • The Two : explosion de blues créole bientôt
  • Un jeune couple crie à la négligence médicale après le décès de son nourrisson - Kimy et Julien : «Deziem tibaba nou perdi par fot lopital»
  • Maurice vs Tchad : le Club M compte sur le soutien de son public
  • Agression mortelle à Cité Mangalkhan - Læticia Laviolette : «Lion Vibe ti deza menas mo konpanion Damien»

Centre d’éveil de Caritas : Pour un bon départ dans la vie

Au début, le défi semblait de taille. Au fil des années, il s’est transformé en une mission et en un beau projet. Depuis dix ans maintenant, Caritas, à travers ses 15 centres d’éveil, accueille les enfants pour les préparer à leur entrée à l’école maternelle. Incursion dans celui de Roche-Bois.

Un an pour donner le meilleur de soi à un enfant qui en a besoin. Un an pour le guider, l’accompagner, pour réveiller en lui ce qu’il a de meilleur. Un an, ce n’est pas beaucoup et en même temps, c’est tellement. À chaque fin d’année, Janine Camal Boudou, responsable du centre d’éveil de Roche-Bois, a ce petit pincement au cœur. Avec les fêtes vient indéniablement le moment de dire au revoir à tous ces petits enfants à qui elle s’est consacrée pendant l’année écoulée. À la rentrée, c’est un autre groupe d’enfants et ce sera un nouveau chapitre dans l’histoire du centre. Chaque année, Janine et son équipe tournent une nouvelle page de ce merveilleux livre.

 

Toutes travaillent ici depuis plusieurs années. Leur engagement dans ce projet est parti d’un besoin de protéger, de guider, d’accompagner ces petits êtres. De leur donner le meilleur pour qu’ils puissent à leur tour devenir des adultes et citoyens responsables et indépendants. Afin d’accomplir cette mission, Caritas, qui a pour mission de travailler pour le développement intégral de la personne humaine, la justice et la solidarité, avec une attention prioritaire aux pauvres et aux plus démunis, a imaginé, il y a dix ans, des centres d’éveil implantés dans les quartiers difficiles. Le but : accueillir les enfants entre 2 et 3 ans, et les préparer pendant un an, juste avant leur entrée en maternelle.

 

Prendre un enfant par la main pour l’emmener vers demain. Ces paroles de la célèbre chanson d’Yves Duteil n’ont jamais eu autant de sens. C’est le sentiment profond qui anime les équipes qui accompagnent chaque jour les enfants issus de milieux vulnérables afin de s’assurer de leur bien-être et de leur développement.

 

Dans le centre d’éveil de Roche-Bois, Janine, qui travaillait auparavant avec les Missionnaires de la Charité, a autour d’elle une équipe motivée et dévouée. Chaque petit pas fait par les enfants fait grandir un peu plus tout l’espoir qu’elle fonde dans ce projet. «Ces enfants ont quelque chose de spécial. Tout ce dont ils ont besoin, c’est qu’on croit en eux et qu’on leur donne les outils nécessaires pour démarrer leur vie sur de bonnes bases.»Ici, tout le monde se sent un peu comme à la maison.

 

Un peu d’autorité et beaucoup d’amour

 

Il y a Pascaline Laviolette et Joanne Guingant, les puéricultrices, Béatrice Jean-Baptiste, la cuisinière, et Karen Numa, visiteuse d’éveil. Autour d’elles, une trentaine d’enfants de la région, tous débordant d’énergie. Pour les suivre toute la journée, c’est sûr, les dames doivent s’accrocher mais avec un peu d’autorité et beaucoup d’amour, elles arrivent à se faire comprendre. En ce moment, tout le monde prépare avec excitation la fête de fin d’année qui aura lieu à l’école.

 

Mais malgré les préparatifs, pas question d’outrepasser le programme initial. Les activités au centre sont nombreuses et variées. «Lorsqu’ils arrivent, on les accueille avec un petit déjeuner avant de faire des jeux, des activités, du gribouillage, de la peinture, des chants, entre autres. Nous leur offrons aussi un déjeuner gratuit»,souligne une des puéricultrices. Ainsi, pendant une année, ces enfants, issus de familles venant de milieux difficiles, s’instruisent, évoluent, grandissent, se développent, entourés de personnes aimantes et professionnelles. C’est là d’ailleurs, explique la responsable des lieux, tout l’intérêt du centre. «Ce n’est pas parce que ces enfants viennent d’une situation familiale particulière qu’ils n’ont pas de potentiel. Au contraire, ils sont talentueux, intelligents. Ils ont juste besoin d’un bon encadrement. Ce que nous voulons leur offrir, c’est ce bagage pour bien démarrer dans la vie et ça commence dès la maternelle.»

 

Bien souvent, confie Karen Numa, certains de ces enfants partent avec des situations qui ne sont pas privilégiées. Beaucoup d’entre eux viennent de familles brisées, d’autres vivent avec les grands-parents, sans maman ni papa, d’autres font face à la misère et aux autres fléaux. «Ce que je vois le plus dans mon quartier, c’est le manque d’amour que doivent subir les enfants. Certains doivent vivre avec la séparation ou l’abandon des parents. Même quand on a 2 ans ou 3 ans, ce n’est pas facile.» Dans ces cas-là, la mission du centre d’éveil est d’accompagner ces enfants pour leur garantir un développement sain et équilibré dans tous les sens du terme. Mais pas que.

 

Le rôle de Karen, comme son nom l’indique, est de faire des visites régulières sur le terrain pour veiller à ce que l’enfant vive dans de bonnes conditions et pour faire le suivi avec les parents. Pour elle, le travail qu’elles accomplissent avec les enfants ne peut pas se faire sans qu’un autre soit fait simultanément avec les parents. «Souvent, ce que nous voyons aussi, c’est qu’il n’y a aucune continuité entre ce qui est fait au centre et à la maison. Et lorsqu’un enfant ne vient pas pendant quelques jours, je vais immédiatement voir ses parents pour comprendre ce qui se passe.»

 

Après des années en tant que bénévole dans sa localité, c’est tout naturellement que cette jeune femme s’est tournée vers le centre d’éveil pour se mettre au service de ces enfants et de sa communauté. Et lorsqu’elle constate les progrès de ces petits, elle ne peut qu’être fière d’eux et contente de son choix. «Ils sont extraordinaires. Lorsqu’ils arrivent, les premiers jours sont difficiles. Au fil des jours, ils commencent à s’ouvrir, à aller vers leurs camarades et à venir vers nous. Il s’épanouissent de jour en jour.»

 

Un résultat à la hauteur de la mission de ce centre pas comme les autres.

 


 

Marie-Anne Legallant, coordinatrice nationale des centres d’éveil  : «Les enfants sont plus épanouis»

 

Dix ans après la création des centres d’éveil, quel est votre bilan ?

 

C’est un bilan positif. Il y a eu beaucoup de progrès au fil des années. Dans le cadre de nos dix ans, nous avons mené une enquête pour connaître l’impact de notre travail sur les enfants et leur famille. Les retours disent clairement que les enfants sont beaucoup plus épanouis, mieux préparés à aller à l’école et plus développés. Nous avons constaté une différence entre les premiers jours de leur arrivée au centre et le départ. Après leur passage, leur langage a changé. Ils sont beaucoup plus autonomes, s’expriment mieux et sont plus éveillés intellectuellement.

 

Justement, quel est l’objectif de Caritas par rapport à ces enfants ?

 

Le but est de leur donner une bonne base afin qu’ils puissent bien démarrer dans la vie. En gros, c’est une préparation pour entrer dans cette vie scolaire qui les attend. Nous les accueillons pendant un an et de nombreuses activités sont mises en place pour qu’ils puissent en bénéficier. Notre responsable pédagogique s’est inspiré de la méthode de Monte-Carlo et l’a adaptée au contexte mauricien pour les enfants. Cela va des exercices pour différencier les formes et les couleurs au triage de grains, en passant par comment savoir ranger des chaussettes en paire. L’autre objectif, c’est de venir en aide à ces familles en difficulté. Pendant un an, nous prenons en charge gratuitement leur enfant. Pendant ce temps, elles peuvent chercher du travail tout en sachant leur enfant en sécurité.

 

Le suivi avec les parents est-il important ?

 

C’est indispensable. Ils font aussi partie de ce projet. De nombreuses familles connaissent de grosses difficultés, financières ou émotionnelles. N’oublions pas la violence et les fléaux comme l’alcool et la drogue, qui détruisent de nombreuses familles. Donc, pour assurer le bien-être des enfants, accompagner la famille entière est primordial car son rôle est essentiel. 

 

Dix ans plus tard, quels sont vos projets ?

 

La prochaine étape, c’est l’ouverture d’un 16e centre d’éveil à Bel-Ombre. Au fil des années, nous avons pu étendre nos services à tout le pays en nous implantant dans plusieurs régions. Nous espérons continuer sur cette voie et toucher encore plus d’enfants.