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Association féminine pour saisir l’avenir : Citoyennes engagées, femmes debout

Causerie, formation, rattrapage scolaire, loisirs… Depuis sa création, l'association multiplie les activités.

De petites actions dans le voisinage, dans le quartier et une grande envie d’apporter de l’aide à ceux qui sont en difficulté. Depuis plusieurs années maintenant, Rashida Imrit Emmambux et son équipe œuvrent dans les faubourgs de Port-Louis pour amener un changement. 

Tout est parti d’une envie, d’une volonté de donner un coup de pouce pour changer les choses. Rashida Imrit Emmambux a toujours eu au fond d’elle cette fibre sociale, ce désir profond de venir en aide aux autres et d’apporter sa pierre à l’édifice du développement de son pays. Aujourd’hui à la tête de son ONG, Association féminine pour saisir l’avenir, elle conjugue au présent cet engagement pris il y a plusieurs années.

 

En ce moment, elle s’occupe d’une cinquantaine d’enfants issus des faubourgs de Port-Louis. Deux fois par semaine, elle les réunit au centre communautaire de Paul Taureau pour dispenser des cours de rattrapage scolaire. Ce projet, qu’elle a appelé Freedom of Learning et qui a été financé par la National Corporate Social Responsibility Foundation (NCSR), a débuté en janvier et s’étalera sur un an. Et c’est un projet qui lui tient énormément à cœur. «Aujourd’hui, il y a encore de nombreux enfants qui sortent de l’école primaire en ne sachant ni lire ni écrire correctement. Par manque de financement, nous avons choisi uniquement 50 enfants des écoles St François Xavier, Sacré Cœur de Jésus, Jean Lebrun, Abdool Rahman Abdool et du Foyer Père Laval.»

 

Les petits sont accueillis avec une collation afin de les mettre dans de bonnes dispositions avant de commencer le travail. Et en quelques mois, assure la fondatrice de l’Association féminine pour saisir l’avenir, des progrès sont notables. Ce sont justement ces petits pas en avant qui poussent Rashida et son équipe à poursuivre leur engagement auprès des plus vulnérables. Pour Rashida Imrit Emmambux, tout a commencé dans les années 90. Elle-même femme au foyer et mère de deux enfants qui fréquentaient l’Abdool Rahman Abdool Government School, une scène récurrente l’avait touchée au plus profond d’elle-même et l’avait persuadée de se jeter à l’eau. «En allant déposer mes enfants à l’école ou en leur apportant leur déjeuner, je voyais plusieurs des petits qui n’avaient, eux, rien à manger. Tout ce qu’ils avaient à se mettre sous la dent, c’était le pain sec que donnait l’école. Ça m’a fendu le cœur et j’ai commencé à leur emmener à manger», confie-t-elle. Par la suite, grâce à un sponsor, les petits avaient pu bénéficier d’un repas par jour.

 

Impliquée dans la Parent-Teacher Association de l’école, elle deviendra par la suite Social Worker au sein de ce même établissement scolaire, allant au plus près des familles en difficulté. En 2010, son engagement social prend une autre tournure lorsqu’elle fonde l’Association féminine pour saisir l’avenir, réunissant autour d’elle plusieurs femmes qui souhaitent aussi venir en aide à leur communauté. «J’ai choisi le nom Association féminine pour saisir l’avenir parce que je ne voulais pas cibler une seule communauté. Certains ont critiqué mais ils n’avaient pas compris mon objectif qui était de réunir toutes les communautés de Maurice pour aider à l’avancement de notre pays.»

 

Sortir d’un cercle vicieux

 

Autour d’elle, Rashida Imrit Emmambux a réuni plusieurs femmes, dont de nombreux jeunes qui sont tout aussi engagées qu’elle. Parmi, Waseemah Fatemamode qui fait partie de l’association depuis sa création. Son engagement a été, pour elle, comme une évidence. «Au collège, je faisais déjà du bénévolat. J’ai aussi suivi des cours avec le Youth Engagement Service où on nous a appris à approcher, à discuter, à prendre en charge les personnes dans le besoin, notamment celles qui sont dans l’enfer de la drogue. C’est tout ça que j’essaie de mettre en pratique jour après jour au sein de l’association», confie la jeune femme.

 

Cette dernière, qui vit non loin du quartier Paul Taureau, voit depuis des années des familles brisées par la drogue, l’alcool et la violence. «Notre mission, c’est de les convaincre et de leur montrer qu’il y a autre chose que la drogue. Nous proposons plusieurs types d’activités pour leur permettre de s’intéresser à autre chose et surtout faire en sorte que les enfants sortent de ce cercle vicieux. Notre objectif, c’est de les informer et de les guider pour qu’ils puissent trouver un meilleur avenir.»

 

Depuis sa mise sur pied, l’Association féminine pour saisir l’avenir, qui est officiellement devenue une ONG en 2013, a enchaîné les activités et les campagnes de sensibilisation. Des formations, des activités et des sorties sont aussi organisées. Si l’Association féminine pour saisir l’avenir s’occupe majoritairement des familles pauvres qu’elle accompagne et guide pour les aider à sortir de la misère, elle œuvre aussi pour l’autonomisation, l’épanouissement et l’émancipation des femmes. «De nombreuses femmes, principalement asiatiques, ne travaillent pas. Elles dépendent alors du mari pour tout. Il y a aussi des problèmes de violence domestique qui entrent en jeu. Nous avons mené une campagne de sensibilisation, dont un séminaire, pour conscientiser et éduquer ces femmes.»

 

Pour les aider à se mettre debout sur leurs pieds, l’association a aussi réuni plusieurs femmes sans emploi des quartiers de la capitale. Le but : les former au code de la route, ce qui les aidera dans l’obtention de leur learner. Cette formation avait été menée en collaboration avec la police de Plaine-Verte et la Traffic Branch. «Une opération avec 100 % de réussite. Aujourd’hui, elles sont nombreuses à conduire», assure Rashida, toute fière et bien décidée à poursuivre son combat.