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Association des Parents d’Enfants aux Besoins Spéciaux : L’éducation personnalisée pour mieux vivre son handicap

Sarah-Jane Bousoula a donné une nouvelle dimension à sa carrière en rejoignant l’équipe d’APEBS.

Faire tomber les barrières grâce à une éducation adaptée, c’est la mission de l’Association des Parents d’Enfants aux Besoins Spéciaux (APEBS) depuis plus de 25 ans. Chaque jour, ils avancent pas à pas avec l’espoir de changer le regard des Mauriciens sur ceux qui vivent avec un handicap intellectuel.

Sur les portes, des fleurs : marguerite, rose, lilas, orchidée. Et des couleurs : rouge, bleu, jaune. À chaque pas au cœur de l’école de l’APEBS (Association des Parents d’Enfants aux Besoins spéciaux), les paroles de la chanson de Laurent Voulzy, Le pouvoir des fleurs, flottent dans les esprits. «Changer les âmes. Changer les cœurs avec des bouquets de fleurs. La guerre au vent. L’amour devant grâce à des fleurs des champs. Ah ! Sur la terre, il y a des choses à faire pour les enfants, les gens, les éléphants. Ah ! Tant de choses à faire et moi pour te donner du cœur.» Des paroles qui prennent tout leur sens quand on connaît l’histoire de cette école. 

 

Ici, une cinquante d’enfants et de jeunes adultes atteints de différents handicaps intellectuels avancent chaque jour un peu plus grâce à un apprentissage taillé sur mesure. Autour d’eux, une équipe dévouée qui essaie de faire tomber les barrières avec, comme seules armes, l’amour et l’éducation. Ce pari, des parents l’ont fait il y a plus de deux décennies. 

 

Tout a commencé il y a 27 ans. Un groupe de parents d’enfants atteints de déficience intellectuelle décident de s’engager et de monter une association pour mieux les prendre en charge et mettre en place un système d’éducation spécialisée. Ils montent une école qui, durant les premières années, opère comme une garderie mais trouve vite sa voie en devenant une école spécialisée. Elle accueille depuis des bénéficiaires de 8 à 34 ans vivant avec toutes sortes de handicap mental, allant de la déficience intellectuelle à la dyslexie, en passant par le syndrome de DOWN et l’épilepsie. Ne pouvant s’adapter au cursus scolaire normal et éprouvant des difficultés de fonctionnement intellectuel et adaptif, ils bénéficient, à l’école de l’APEBS, d’une éducation adaptée à leur situation mentale. 

 

Pour Leckraz Burton, président de l’association, cette école n’est pas comme les autres. D’ailleurs, lorsqu’il débarque en 1999 pour filer un coup de main, il a un véritable coup de cœur et décide de s’engager pleinement dans cette cause. «Nous sommes plutôt fiers de notre différence. Nous avons mis en place un cursus spécial élaboré par des pédagogues pour nos élèves. Nous prônons l’éducation beaucoup plus que l’instruction. Apprendre non pas pour passer des examens mais pour se développer et pouvoir se tenir debout sur ses deux pieds.» Dans les salles de classe, les élèves de tout âge se côtoient car ils sont regroupés selon leur âge mental. 

 

«L’éducation pour tous»

 

Outre les matières basiques comme l’anglais, le français et les mathématiques, l’accent est mis sur l’apprentissage à travers des activités ludiques. Chant, danse, sport, cuisine, artisanat, jardinage… les activités sont diverses et variées pour permettre aux enfants de s’épanouir et de développer leur talent. «Ce que nous voulons, c’est l’éducation pour tous. Nous militons pour l’intégration. On ne peut pas les mettre de côté car ils ont autant de potentiel et de capacités que les enfants dits normaux. Ce sont des enfants qui vivent avec un handicap et pas des autrement capables. Nous avons besoin de les valoriser et ne devons surtout pas les mettre de côté», explique Leckraz Burton. 

 

Autour de lui, une équipe unie et dévouée qui s’active au quotidien à offrir le meilleur à ces enfants. Ici, le personnel a toute son importance, dit-il, car c’est lui qui est en contact permanent avec les élèves et leurs parents. En classe de cuisine, Lizzy, une assistante éducatrice, espère non seulement apprendre à ses protégés quelques bases mais aussi et surtout à se débrouiller et à développer une certaine autonomie. C’est comme ça que Girish, 20 ans, a appris à aimer la cuisine. Élève à l’APEBS depuis huit ans, il y a découvert une véritable passion. «J’ai appris à faire des gâteaux, comme du pain au chocolat, des “macatia coco” et de la pizza mais aussi beaucoup d’autres choses. Je ne fais pas encore la cuisine seul à la maison mais j’aide un peu ma maman», confie-t-il. En face de lui, Sarah-Jane Bousoula, la responsable administrative de l’école, ne peut s’empêcher d’être admirative. Elle fait partie de l’aventure depuis moins d’un an. «Quand je les ai vus pour la première fois, je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. C’est un choix que je ne regrette pas.»

 

Chaque vendredi, Girish et ses amis prennent plaisir à faire la vente de gâteaux, une activité qui est devenue un vrai rituel à l’APEBS. Les élèves se sentent fiers de leur travail mais aussi valorisés lorsque les autres achètent ce qu’ils ont préparé. Chaque pas, aussi petit soit-il, est encouragé et apprécié à sa juste valeur. «Quand on traite ces enfants de fous et de “pagla”, ça nous brise le cœur. Il faut un changement de mentalité et que les gens arrêtent de penser que ces enfants sont des laissés-pour-compte. Ils sont tout aussi capables que vous et moi mais d’une manière différente», souligne Leckraz Burton qui se souvient de cette élève qui joue divinement bien de l’orgue et de cet autre qui, aux derniers examens du Certificate of Primary Education (CPE), a décroché 18 unités, faisant la fierté de sa famille et de son école. 

 

L’autre pilier de l’école, c’est la thérapie. Pour aider les bénéficiaires à mieux vivre avec leur handicap, une équipe paramédicale s’occupe d’eux. Ergothérapeute, psychologue, thérapeute, orthophoniste… Les séances avec les spécialistes s’enchaînent pour le bien-être des enfants. Cependant, comme pour beaucoup d’autres associations, le manque de moyens financiers est un frein à l’épanouissement des activités. «Les thérapeutes sont ceux qui coûtent le plus cher. Entre Rs 350 et Rs 600 par heure et par thérapeute, sans compter toutes les dépenses de l’école qui viennent à côté. Aujourd’hui, c’est difficile mais nous essayons de gérer notre argent du mieux que nous pouvons», explique le président de l’association. 

 

Pour garder l’école à flots et après avoir repoussé l’échéance le plus longtemps possible, l’APEBS se retrouve dans l’obligation de réclamer une mensualité de Rs 1 100 pour les plus de 20 ans et de Rs 600 pour les moins de 20 ans. «Avec le montant donné par le ministère, c’est difficile. Nos employés n’ont même pas un salaire décent. S’ils sont là, c’est par vocation», précise Leckraz Burton. Aujourd’hui, malgré les difficultés, l’association compte bien continuer à mener sa mission à bon port.