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Ziggy Sanne, 9 ans, meurt sous les yeux de son petit frère Nesta | Anoushka, la maman : «Mon cadet revit ce drame au quotidien»

Quelque temps après le drame, Anoushka a accouché d’une petite fille aujourd’hui âgée de 16 mois

Il fait partie de «ceux qui restent»… Il y a trois ans, le petit Nesta a vu son frère mourir sous ses yeux. Alors qu’ils se rendaient tous les deux à l’église pour des cours de catéchèse, Ziggy a été balayé par un camion sur un tronçon de route à Terre-Rouge. Ce drame a bouleversé la vie de Nesta, qui a perdu son camarade de jeu, et celle de toute une famille. Dans le cadre de la campagne #pourceuxquirestent initiée par 5-Plus dimanche, nous avons rencontré Anoushka Sanne, la maman des garçonnets.

8 novembre 2014. C’est un jour comme un autre chez la famille Sanne à Arsenal. Ziggy et son frère Nesta, alors âgés de 9 ans et 8 ans, sont en vacances. Comme chaque samedi depuis le début de l’année, ils ont rendez-vous avec leurs petits camarades dans la cour de l’église de St-Joseph à Terre-Rouge, pour des cours de catéchèse. Car leurs parents, Anouskha et Jim-Kelley, tiennent à ce qu’ils reçoivent le sacrement de la confirmation l’année suivante.

 

C’est donc ensemble que les deux frères vont à pied à l’église qui se trouve à quelques pas de leur domicile. Mais en route, un accident survient. «Mes fils avaient quitté la maison cinq minutes avant moi. Je fermais la porte pour les rejoindre en chemin lorsque j’ai entendu un bruit assourdissant. En l’espace de quelques secondes, un voisin est apparu devant moi et m’a dit que mes fils avaient eu un accident», se souvient Anoushka. 

 

Trois ans après le drame, cette mère garde des séquelles de ce drame. Car même si le temps passe, sa douleur est entière. Elle revoit sans cesse ses deux fils, allongés l’un à côté de l’autre sur l’asphalte, ou encore ce gros camion qui les a fauchés. «Mes fils se rendaient ensemble à l’église lorsque ce camion les a heurtés. L’enquête a conclu que le conducteur roulait à 120 km/h dans la zone où l’accident a eu lieu. Une zone où la limitation de vitesse est de 60 km/h», se révolte cette mère meurtrie, alors que les larmes lui montent aux yeux. 

 

Ziggy, lui, meurt sur le coup. Alors que Nesta, grièvement blessé, est conduit à l’hôpital SSRN où il reste pendant 11 jours. Ses séquelles à lui sont tout aussi physiques que psychologiques : un bras cassé, une blessure à l’œil, de nombreuses ecchymoses sur le corps et surtout un lourd traumatisme psychologique. Car depuis ce drame, Nesta n’est plus le même, confie Anoushka. Le choc  qu’il a subi a été trop brutal pour un enfant de son âge. 

 

«Le jour même de l’accident, il ne me reconnaissait pas, son père non plus. Il ne savait plus que nous étions ses parents. Il souffrait d’une amnésie. Et les médecins craignaient que son état n’empire. Même si ce problème est résolu, il garde de nombreuses séquelles de cet accident», confie Anoushka. «Il est suivi psychologiquement et prend des médicaments tous les jours. Il devra bientôt porter des lunettes, il a un problème au niveau de la mâchoire suite à un coup qu’il a reçu lors de l’accident et doit porter une prothèse... Nesta revit ce drame au quotidien.» Sans compter que la performance scolaire de Nesta a baissé drastiquement depuis l’accident. 

 

En outre, Nesta étant le témoin-clé de cette tragédie, il a été appelé à décrire l’accident en Cour. Le procès a lieu en ce moment. «C’est très dur pour un enfant de cet âge de subir tout cela. De plus, chaque fois que nous allons en Cour, il revoit le chauffeur du camion. Et il doit raconter, à la barre des témoins, ce qui s’est passé ce 8 novembre 2014. Il revient de la Cour complètement traumatisé à chaque fois. C’est épuisant», confie Anoushka qui aurait souhaité que son fils, qui souffre déjà tellement, soit épargné de cette épreuve. 

 

À chaque fête d’anniversaire, à chaque Noël, les larmes et les cris de douleur envahissent leur petite maison. «Nous ne sommes plus au complet. Il nous manquera toujours Ziggy», lâche-t-elle tristement en serrant sa petite fille dans ses bras. Cette dernière, qui se prénomme Nizzy, est âgée de 16 mois et ressemble, selon Anoushka, beaucoup à son frère Ziggy. Un petit rayon de soleil qui est venu éclairer leur vie. 

 

Ce, même si plus rien ne sera comme avant. Car un accident de la route a transformé leur vie à jamais.

 


 

Véronique Wan Hok Chee, psychologue : «Un traumatisme pareil ne s’efface pas»

 

Le suivi psychologique est un passage obligé, assure la psychologue Véronique Wan Hok Chee, lorsqu’un enfant a été témoin d’un accident fatal. «C’est important afin que l’enfant puisse surmonter ce drame. Dans ce cas précis, Nesta Sanne n’a pas seulement été témoin mais il a également été une victime. Pour un enfant de son âge, vivre avec ce double traumatisme et voir la souffrance de ses parents est quelque chose de terrible», explique notre interlocutrice. 

 

«Un traumatisme pareil ne s’efface pas, surtout lorsqu’on le subit à un si jeune âge», poursuit-elle. Et puis, il y a les parents. «Eux aussi doivent être forts afin de l’encadrer alors qu’ils doivent vivre avec la souffrance d’avoir perdu un fils. C’est important qu’ils bénéficient aussi d’un suivi psychologique.» 

 

Quid des allers-retours en Cour de justice ? Dans le cas du petit Nesta, par exemple, la psychologue recommande à ce qu’il soit accompagné d’un psychologue à chaque parution. «Il doit bénéficier d’un encadrement total.»