Elle est meurtrie au plus profond d’elle après l’agression mortelle d’un de ses fils par deux de ses autres enfants. Retour sur ce terrible fait divers ayant pour toile de fond une histoire d’eau après une soirée bien arrosée.
Son cœur saigne, sa douleur est immense. Rien ne semble pouvoir consoler cette maman qui pleure la mort de son fils, tué par deux de ses autres enfants. «Nu fami net fini la. Pa enn la mor kinn sorti la. Kouma dir trwa la mor kinn sorti parski trwa lakaz vid enn sel kout. Ce n’est pas un fils que j’ai perdu mais trois», confie Marie-Noëlle Laval, les larmes aux yeux. En cet après-midi du mardi 19 septembre, elle reçoit de nombreux proches venus chez elle, à St-Hilaire, «pou pous diab», comme c’est la tradition chez certaines familles après un décès.
Entourée de sa famille et de ses amis, cette maman de neuf enfants, nés de trois pères différents, n’arrête pas de penser à cette triste nuit durant laquelle son monde s’est effondré. Le drame s’est joué vers 00h30, le 17 septembre. Johny Burk Isabel, un laboureur de 33 ans, est agressé au sabre par deux de ses frères lors d’une dispute.
Blessé à la tête et à la main droite, il est transporté à l’hôpital de Mahébourg pour les premiers soins, avant d’être transféré à l’hôpital de Rose-Belle. Il y rendra l’âme le lundi 18 septembre à 6h15. Le rapport d’autopsie indique qu’il est mort suite à une lacération du cerveau due à une fracture du crâne. Ses deux frères en question ont été arrêtés. Il s’agit de Jean Daniel Adrien, 26 ans, et Louis Jerry Sarah, 41 ans. Ils font l’objet d’une accusation provisoire d’assassinat.
Une terrible épreuve pour la mère des trois hommes. «Je passe par des moments très durs. Je ne trouve pas les mots justes pour exprimer ma douleur», pleure Marie-Noëlle. Elle raconte que le soir du drame, elle a été réveillée en sursaut par une dispute conjugale entre son fils Johny et sa belle-fille Brenda. «Ils se disputaient à l’extérieur pour une histoire d’argent. Et mon autre fils Louis Jerry en a profité pour régler des comptes avec son frère Johny.» Ensuite, Jean Daniel s’est aussi joint à la bagarre. «Ils se disputaient pour une histoire de lance à eau», explique Marie-Noëlle.
Selon elle, ses fils n’étaient pas en bons termes depuis quelques jours à cause de cette histoire : «La CWA avait installé un nouveau compteur dans l’impasse qui mène à notre maison. Nous habitons tous ensemble mais chacun a son coin bien à lui. Malheureusement, le compteur en question était assez loin et il a fallu brancher une lance pour permettre à toute la famille d’avoir de l’eau. Mais le jeudi 14 septembre, Johny a coupé la lance dans un moment de colère.»
Ce qui a provoqué une violente altercation entre son frère Louis Jerry et lui. Les deux frères ont failli en venir aux mains ce jour-là mais leurs proches les ont séparés à temps. Mais l’incident serait, semble-t-il, resté au travers de la gorge de Louis Jerry Sarah qui est revenu à la charge dans la soirée de samedi à dimanche dernier. «Tous mes fils étaient sous l’influence de l’alcool ce soir-là. À chaque fois qu’ils sont saouls, il faut craindre le pire», souligne Marie-Noëlle. Un autre proche confie, lui, que Louis Jerry Sarah a des antécédents. «Sak fwa li gagn lager li tir sab ek tap dimounn. La polis inn aret li alor ki li ti deza lor kosion pu enn case kout sab mem. So mama mem ti tir li lor kosion. Linn deza osi tap lezot dimounn dan fami kout sab.» Marie-Noëlle refuse de commenter le sujet mais confirme que son fils était en liberté conditionnelle.
Le soir fatidique, après avoir vu que la dispute dégénérait, Marie-Noëlle est rentrée chez elle pour aller téléphoner à la police. «Je n’ai pas eu le temps d’appeler. J’ai vu ma belle-fille emmener Louis à l’intérieur. Il saignait du front mais je ne sais pas qui exactement l’a agressé.» Le blessé a ensuite été conduit à l’hôpital. «Ce n’est que bien après que j’ai compris que mes fils s’étaient bagarrés à cause de la prise d’eau qui faisait polémique et que Johny avait été agressé au sabre à la tête par ses frères. Ma belle-fille avait également une blessure à la main», nous dit Marie Noëlle.
Elle précise, le cœur lourd, que l’un de ses deux fils est détenu au poste de police de l’Escalier, alors que l’autre est en détention au poste de police de Grand-Bois. «Mo bien sagrin pu zot. Tousala pa ti pu arive si zot pa ti lager akoz sa problem dilo la.»