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Suite au décès de sa belle-fille dans l’accident de La Prairie : L’appel à l’aide de Shirley pour ses petits-enfants

Aujourd’hui, c’est Shirley qui prend soin d’Anovan et de Jahnovan.

Maman de deux enfants en bas âge, Theresa Hollandais est décédée à la fleur de l’âge dans un terrible accident qui a aussi coûté la vie à sa sœur et à son neveu. Aujourd’hui, c’est son compagnon et sa belle-famille qui s’occupent de ses deux enfants mais leur quotidien s’avère difficile.

De la lumière au milieu du chaos. C’est dans leurs yeux que Donovan Genave, 21 ans, puise son courage. Jahnovan, 2 ans, et Anovan, 6 mois, sont tout ce qui lui reste d’elle, de leur vie à deux. Désormais, c’est pour ses enfants qu’il se bat. La vie ne leur a pas fait de cadeau en leur enlevant si tôt leur mère, dans un accident de la route en mars. Un drame routier, survenu le 14 mars et qui a marqué les esprits et ému de nombreux Mauriciens.

 

À Baie-du-Cap, où vivent les Genave, les mois ont passé mais les choses n’ont pas repris leur place. Aujourd’hui, chacun apprend à apprivoiser son chagrin et à vivre sans Theresa. Cependant, sur le chemin de la reconstruction, les difficultés sont nombreuses. Donovan, un pêcheur, peut compter sur le soutien de ses parents dont sa mère, Shirley, qui se consacre entièrement à ses petits-enfants. Maman de trois enfants dont deux sont encore à l’école, elle a quitté son travail de jardinière dans un hôtel pour veiller sur les enfants de son fils après l’accident. Mais aujourd’hui, la famille a du mal à joindre les deux bouts. «Mon époux est aussi pêcheur. Vous savez, c’est un métier difficile. Il y a des jours où il revient bredouille. Faute de moyens, nous avons du mal à acheter du lait et des couches pour les petits», confie-t-elle.

 

Touchée par leur histoire, l’association Planète Enfants Vulnérables apporte un soutien régulier à la famille en termes de couches, de lait, de nourriture. «Nous ne pouvions rester insensibles face à leur détresse. Leur maman est décédée. Le papa est pêcheur. Ils n’ont pas suffisamment de moyens», déclare Magali Deliot, fondatrice de l’association. Mais Shirley Genave se demande combien de temps cette situation va durer. C’est pour cela qu’elle est allée frapper à la porte de la Sécurité sociale. «En deux fois, j’ai demandé que les enfants touchent une pension. Ils ont refusé. En voyant l’acte de naissance d’Anovan, ils m’ont dit que ça allait poser problème pour les démarches parce que le nom de sa maman ne figurait pas sur le document.» Il se trouve que les petits ne sont pas éligibles à une pension parce qu’ils sont sous la responsabilité du papa. Le fait que le nom de Theresa Hollandais ne soit pas inscrit sur l’acte de naissance d’Anovan est un autre sujet expliqué par l’état civil (voir hors-texte).

 

«C’est triste que le nom de sa maman ne soit pas sur son acte de naissance. Au moment de le déclarer à l’état civil, elle était dans le coma, impossible de bouger. Ils auraient dû comprendre», souligne Shirley. À chaque fois qu’elle regarde ses petits-enfants, c’est Theresa qu’elle voit. «Je la considérais comme ma propre fille. Cette maison n’est plus la même sans elle.» Donovan et Theresa se sont connus ados, sont tombés amoureux et sont vite devenus parents. L’avenir semblait alors tout écrit et tracé pour eux, sauf que le sort a brutalement anéanti tous leurs projets.

 

Theresa était enceinte de leur deuxième enfant et devait accoucher dans quelques semaines quand l’impensable s’est produit. Ce soir-là, ils sont à une fête en famille. Lorsqu’ils décident de rentrer à la maison, Donovan, Theresa et leur fils embarquent dans la voiture d’un ami. Il y a aussi Clarissa, la sœur de Theresa, elle aussi enceinte, et son fils Ismaël, 2 ans. Ensuite, tout s’est passé très vite. La voiture a fait une sortie de route près de Dilo-Pouri, sur la route principale de La Prairie. Clarissa, 20 ans, et Ismaël n’ont pas survécu à leurs blessures.

 

La jeune maman n’avait que 19 ans.

 

Theresa, elle, est admise à l’hôpital dans un état critique. Face à sa situation, les médecins décident de la faire accoucher prématurément. Blessée grièvement à la colonne vertébrale, la jeune maman passe des jours à l’unité des soins intensifs. C’est le choc lorsqu’ils annoncent à sa famille qu’elle ne marchera plus jamais. Les pires sentiments bouleversent ses proches, frappés de plein fouet par ce double drame : la peur, l’angoisse, le doute. Ils s’inquiètent aussi pour le nouveau-né, grand prématuré, qui est lui aussi placé à l’unité néonatale des soins intensifs.

 

Shirley Genave pense encore à cette période noire qu’ont traversé son fils et toute la famille. «Nous faisions le va-et-vient entre la maison, où il y avait Jahnovan, et l’hôpital de Candos où Theresa et son autre fils étaient admis. C’était horrible.» Malgré le pessimisme des médecins, eux gardent espoir et espèrent le miracle. «Elle semblait même aller mieux mais après une opération, son état s’est détérioré. Les médecins nous ont dit qu’il fallait se préparer. Elle est décédée le lendemain matin.» Le 23 mai, deux mois après l’accident, Theresa rend l’âme. «Elle nous manque énormément. Jahnovan, son aîné, la réclame souvent. En regardant sa photo, il dit “maman vient jouer”, “maman l’hôpital”.» Anovan, lui, a bien pris des forces, devenant un beau petit gaillard. «Sans eux, on ne sait pas ce qu’on aurait fait.»

 

Mais voilà, les moyens manquent, d’où l’appel à l’aide lancé par la famille Genave. «Nous ne demandons pas grand-chose. Juste de quoi permettre à ces enfants d’avoir tout ce dont ils ont besoin.» Bientôt, dit-elle, il faudra que Jahnovan aille à la maternelle et Anovan à la garderie. Et même si, pour le moment, elle ne sait pas comment ils vont tous s’en sortir, elle est sûre d’une chose : sa famille et elle feront tout pour qu’Anovan et Jahnovan ne manquent de rien.

 


 

État civil : ce que dit la loi

 

La loi, explique Aniss Abdulla, Acting Deputy Registrar of Civil Status, est claire et précise à ce sujet. «Quand un homme et une femme ne sont pas mariés civilement, il faut absolument que les deux viennent à l’état civil pour déclarer l’enfant.» Si tel n’est pas le cas, c’est uniquement le nom du parent présent à l’état civil qui figurera sur l’acte de naissance. Par contre, si le couple est marié, la présence d’un seul parent est acceptée. Quoi qu’il en soit, pour Aniss Abdulla, le fait que la famille Genave ne puisse pas toucher de pension ne dépend pas de l’état civil ni de l’absence du nom de la maman sur l’acte de naissance. «Par contre, là où ça entre en jeu, c’est au moment de la succession des biens de la maman. Dans ce cas précis, les enfants n’hériteront que du papa.»