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Suicide allégué de Prasand Pargass en Inde : sa famille évoque des zones d’ombre

Babita Purgass est dans la tourmente depuis la mort tragique de son époux.

Il aurait mis fin à ses jours par pendaison alors qu’il se trouvait dans la Grande Péninsule. Mais Babita Pargass, l’épouse de Prasand Pargass, rejette cette thèse, évoquant de nombreuses zones d’ombre. Comme ses proches, elle attend les conclusions du rapport d’autopsie pour faire la lumière sur les circonstances de sa mort.

Vêtue d’un sari blanc, assise sous une salle verte, les yeux rivés sur le flanc de la montagne qui jouxte la route principale de sa localité, Babita Pargass, 35 ans, semble perdue dans ses pensées. Elle reste là, impassible devant les vœux de ceux qui sont venus lui témoigner de la sympathie suite au décès tragique de son époux Prasand. Ce dernier, un taximan, se serait donné la mort par pendaison dans sa chambre d’hôtel, en Inde, dans la soirée du mercredi 19 avril. Et les conclusions de l’autopsie n’ont toujours pas été délivrées par les autorités indiennes. Les proches de Prasand Pargass, eux, récusent la thèse du suicide. Babita Pargass, notamment, s’explique.

 

Prasand Pargass, un habitant de Clémencia, dans l’Est, se trouvait dans la Grande Péninsule pour accompagner un couple originaire de Mare La Chaux, dont le fils de 12 ans souffre d’insuffisance rénale. Le jeudi 20 avril, vers 13 heures, c’est le père du petit qui aurait annoncé la terrible nouvelle aux proches de Prasand Pargass. «Ma fille a réceptionné l’appel. Le père du garçon était à l’autre bout du fil. Il lui a sèchement dit que mon époux était décédé et lui a demandé ce qu’on souhaitait faire avec la dépouille, l’incinérer sur place ou faire des démarches pour le rapatriement. Ma fille lui a alors dit d’attendre car elle ne pouvait prendre une telle décision», explique Babita.

 

Pressé de questions, le père du garçon finit par expliquer que Prasand Pargass, troisième d’une fratrie de sept enfants, se serait pendu. «Il nous a donné plusieurs versions. Au début, il nous a dit que mon époux s’est pendu dans sa chambre. Il nous a ensuite dit qu’il a mis fin à ses jours sous le balcon. Tout cela est intrigant car mon époux et le couple partageaient la même chambre selon nos informations. Comment se fait-il que personne n’ait remarqué que mon époux avait mis fin à ses jours ?» s’interroge Babita. 

 

Son mari et le couple en question auraient pris l’avion le 18 mars. Leur séjour devait durer un mois, dépendant de l’état de santé du petit dont les reins ne fonctionnent plus. Toutefois, depuis le tragique décès de Prasand Pargass, le couple est resté injoignable malgré nos nombreuses sollicitations au téléphone. Ce qui intrigue également les proches de Prasand Pargass. 

 

Cependant, un proche de la famille du petit garçon nous a fait la déclaration suivante :«Tousala fos. So madam la inn met fos news dan zournal». Un autre proche confie, lui, que l’aîné du couple, âgé de 16 ans, «pe res ek so nani» depuis que ses parents sont en Inde et qu’ils n’habitent plus à Mare La Chaux. Mais tous ne restent pas insensibles aux tribulations de la veuve de Prasand Purgass.

 

Cette dernière, justement, souligne un autre fait troublant dans cette affaire. Quelques heures avant son décès, dit-elle, Prasand Pargass aurait discuté avec sa fille de 13 ans. «Il lui a parlé pendant un bon bout de temps au téléphone. Ma fille m’a dit que mon époux parlait normalement. Ce n’est qu’après avoir eu vent du décès de mon époux que j’ai remarqué qu’il y avait un message sur mon portable. Le numéro appartient au père du jeune garçon. Dans ledit message, mon époux nous fait des adieux en présentant des excuses.»

 

Mais une partie du message en particulier intrigue les proches de Prasand Pargass. Car le nom de la fille de ce dernier n’y est pas bien écrit. «Est-ce qu’un père écrirait mal le nom de sa fille ?» se demande Avinash, un des frères de Prasand Pargass. Et le jeune homme, benjamin de sa famille, de préciser que son frère écrivait très bien le français et l’anglais. 

 

«Il avait pitié d’eux»

 

Qu’en est-il de la relation entre Prasand Pargass et les parents du garçon malade ? «La dame vend des gâteaux. C’est de cette façon que mon mari et elle ont fait connaissance. Tout laisse croire que mon époux a été touché par l’histoire de cette dame qui collectait des fonds à l’époque pour financer le déplacement de son fils en Inde dans le cadre d’une délicate intervention chirurgicale», explique Babita. 

 

Car son époux et elle sont, eux aussi, déjà passés par des épreuves difficiles.Le fils aîné de Prasand et Babita Pargass, âgé de 10 ans, a succombé à une forte fièvre lors d’un déplacement en Inde. Le couple et leur fils se trouvaient sur place pour des examens médicaux. C’était il y a cinq ans, selon Babita. «Depuis sa renconte avec cet autre couple, mon époux a commencé à devenir distant. Un jour, je l’ai suivi et j’ai découvert qu’il se rendait régulièrement chez eux. Il disait qu’il avait pitié d’eux, d’autant que nous avons aussi perdu un fils.»

 

C’est à ce moment-là que sa vie a basculé, confie Babita qui allait fêter son 17e anniversaire de vie commune avec son mari cette année. Au début, dit-elle, le couple en question habitait à Mare La Chaux. Puis, il aurait emménagé à Écroignard avant de finalement louer une maison à Bel-Air, dans l’Est, il y a un an. «Nou lavi inn vinn enn vre martyr kan bann la inn vinn res dan Bel-Air. Mo mari ti kit lakaz net pou al res ek zot.»

 

Babita, qui est fonctionnaire, faisait donc rouler la cuisine avec le soutien de ses proches, notamment celui de sa belle-mère Rajmanee, 73 ans, et son beau-père Siwa, 79 ans. «Mo zanfan ti sanze net», regrette Rajmanee, la mère de Prasand Pargass. «Si nou ti kone pou ariv enn zafer kumsa zame nou ti pou les li frekant sa fami la ankor.»

 

Satiam, le frère de Prasand Pargass, a fait le déplacement en Inde pour suivre l’évolution de l’enquête policière. «Mon beau-frère nous a appelés et nous a dit qu’on voit mon époux en pleine altercation verbale avec le père du garçon malade sur les images des caméras CCTV de l’hôtel où ils séjournaient tous. Mon beau-frère nous a également dit que la police indienne traite cette affaire comme un suicide. Mais on refuse d’y croire car il y a trop de zones d’ombre», explique Babita. 

 

Dans la Grande Péninsule, Satiam s’est, en outre, occupé des rites funéraires et de l’incinération de son frère. Au préalable, il avait consigné une déposition au Central Criminal Investigation Department pour faire part des doutes que ses proches et lui ont sur ce décès. Il attend les conclusions du rapport d’autopsie avant de rentrer au pays et ainsi décider de la marche à suivre. 

 

«Nous souhaitons avoir le soutien total du gouvernement mauricien dans cette affaire, via notre ambassade en Inde», confie Babita. Avinash, un des frères de Prasand Pargass, abonde dans son sens. Sa famille, dit-il, souhaite disposer d’un avocat sur place, avec le soutien de l’ambassadeur de Maurice en Inde, pour suivre l’enquête policière. «Mo frer dir mwa ki bann la polis laba pe tret sa zafer la a la lezer. Nou anvi ki gouvernman Moris rod enn kopi tou lanket la polis ek osi bann zimaz kamera lotel pou nou gagn plis eklersisman akoz nou dan dout.» 

 

Des doutes que Babita et les siens veulent à tout prix dissiper afin de pouvoir faire leur deuil.