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Les cinq policiers accusés d’assassinat

Les forces de l’ordre ont eu fort à faire pour contenir une foule hostile  lors de la nouvelle comparution des policiers en cour.

Les proches du suspect décédé sous police custody sont soulagés face aux nouveaux développements intervenus dans l’enquête policière sur la mort de celui-ci. Contrairement aux proches des cinq policiers qui sont, eux, révoltés.

L’affaire Iqbal Toofanny continue d’attiser les passions. D’un côté, il y a ceux qui se réjouissent après la deuxième arrestation des cinq policiers jeudi. Le sergent Persand et les constables Ragoo, Numa, Laboudeuse et Gaiqui font désormais l’objet d’une charge provisoire d’assassinat. La précédente charge provisoire, soit celle de torture, a été rayée en cour le vendredi 20 mars. De l’autre côté, il y a le comité de soutien des familles des cinq policiers, qui déplore la tournure des événements.

 

Les cinq policiers de la Criminal Investigation Division de Rivière-Noire ont été arrêtés suite aux derniers rebondissements dans cette affaire qui polarise l’attention depuis le début du mois. Le Dr Gungadin, responsable du département médico-légal de la police, a soumis un rapport approfondi jeudi dans lequel il explique qu’Iqbal Toofanny est mort d’un œdème pulmonaire suscité par les coups qu’il a reçus. Après leur comparution au tribunal de Bambous, les cinq policiers ont été reconduits en cellule policière jusqu’au jeudi 26 mars (voir hors-texte).

 

«La famille Toofanny est satisfaite de la tournure de l’enquête et veillera à ce que justice soit  faite et que les coupables de la mort d’Iqbal soient punis par la loi», déclare Me Erickson Moneeapillay, avocat de la famille Toofanny. Cette dernière continue à croire qu’Iqbal s’est fait brutaliser par des policiers de la CID de Rivière-Noire dans la soirée du dimanche 1er au lundi 2 mars, au poste de police de cette localité. L’homme, un habitant de Vacoas, a rendu l’âme le lendemain matin, à l’hôpital.

 

Une mauvaise tournure

 

Présents en grand nombre dans l’enceinte du tribunal de Bambous, les Toofanny n’ont wla nouvelle arrestation des cinq policiers. Jameel Peerally, membre du Comité de soutien Iqbal Toofanny, explique pourquoi : «La famille est très émue. Nous constatons que la justice fait son travail. Nous souhaitons que ces cinq policiers n’obtiennent pas de remise en liberté sous caution jusqu’au procès pour leur propre sécurité. C’est tout ce qu’on demande.»

 

Si les Toofanny sont satisfaits des derniers développements, les épouses des cinq policiers sont, elles, très révoltées. Un comité de soutien a été mis sur pied pour faire entendre leur voix. «On est vraiment triste pour ce monsieur et les membres de sa famille. On note cependant que cette affaire a pris une  mauvaise tournure. Les épouses des policiers sont également des humains. Elles souffrent également de cette affaire. Elles ont l’impression que c’est l’opinion publique qui dirige le pays», martèle un porte-parole de ce comité de soutien. Toutefois, dit ce dernier, les épouses des policiers n’ont aucun doute quant à leur innocence. «Les policiers ont le soutien de leurs épouses, car ces dernières croient dans leur innocence. Le quotidien de ces femmes est devenu un véritable calvaire. Leurs enfants sont très perturbés. Mais elles sont courageuses et gardent confiance. La vérité finira par éclater.»

 

D’ailleurs, les proches des policiers se posent plusieurs questions. «Pourquoi le Dr Gungadin a-t-il attendu 19 jours pour changer de version ? A-t-il subi des pressions du public ou des politiques ? Ceux qui disent que ces policiers sont des criminels savent-ils que ce sont eux qui ont arrêté la bande à Poloco ? Que ce sont eux qui ont procédé à l’arrestation du violeur d’une Italienne à Rivière-Noire ? Est-ce qu’ils savent que ce sont toujours eux qui ont résolu l’affaire du vol de sept voitures et démantelé le gang qui est à l’origine de plusieurs hold-up dans des hôtels de l’Ouest ? Ils ont fait le serment de servir le pays et de faire respecter la loi et non de basculer de l’autre côté de la loi», souligne un membre du comité.

 

Ce dernier précise que les cinq policiers sont tous des hard workers qui ont à cœur leur travail : «Ils peuvent quitter la maison pendant plusieurs jours pour les besoins de leur travail, sans donner de nouvelles à leur famille. Ils n’hésitent jamais à tout laisser pour aller travailler dès qu’on fait appel à eux. La preuve, le jour de l’arrestation d’Iqbal Toofanny, on les a appelés vers 3 heures du matin pour leur demander de venir au bureau. Et maintenant, ils se retrouvent derrière les barreaux.»

 

Le star witness demande une protection policière

 

Durant la semaine écoulée, le témoin vedette et son avocat se sont présentés devant le tribunal de Bambous dans un but précis. L’habitant de Rivière-Noire souhaite bénéficier d’une protection policière en permanence. Le représentant de la police a alors fait savoir à la cour qu’il y a des patrouilles régulièrement dans son quartier. La police lui a également fourni une hotline en cas de problème.

 

Le tribunal de Bambous sous haute tension

 

Les membres des forces de l’ordre présents dans l’enceinte du tribunal de Bambous lors de la comparution des cinq policiers, le vendredi 20 mars, ont eu fort à faire face à la foule hostile présente sur place. Deux unités de la Special Supporting Unit, des policiers de la Criminal Investigation Division de la Western Division et des policiers de la force régulière ont été mandés sur place pour parer à toutes les éventualités.

 

Il est midi lorsque trois véhicules du Central Criminal Investigation Department arrivent dans l’enceinte du tribunal ce jour-là. Les cinq policiers sont ensuite transférés dans le bâtiment sous forte escorte. Entre-temps, les commentaires fusent parmi la foule : «Assassins», «criminels», entre autres.

 

Une fois à l’intérieur, le sergent Persand et les constables Ragoo, Numa, Laboudeuse et Gaiqui prennent place dans le box des accusés. À l’appel de l’affaire, le Police Prosecutor, le SI Boodhoo, informe le magistrat Daniel Dongeot de la nouvelle charge provisoire qui pèse désormais sur eux et précise que la police objecte à la remise en liberté sous caution des suspects pour cinq raisons. Il y a le risque qu’ils ne se présentent pas en cour et qu’ils influencent les autres témoins ou encore qu’ils manipulent les preuves et fassent obstruction au cours de la justice. En dernier lieu, vu la gravité de la charge, la police objecte à une caution.

 

Le SI Boodhoo a ensuite informé la cour que les cinq policiers sont suspendus de leurs fonctions. Me Samad Goolamaully, Leading Counsel des cinq policiers, n’a pas objecté. Ce dernier défend le sergent Persand alors que le constable Ragoo a retenu les services de Me Christophe Lactive. Le constable Gaiqui est défendu par Me Nilkhant Dulloo. Le constable Numa a, lui, retenu les services de Me Athon Murday alors que le constable Laboudeuse est défendu par Me Gavin Glover.

 

Peu après, Me Samad Goolamaully a présenté une motion dans laquelle il explique que l’enquête judiciaire instituée par le Directeur des poursuites publiques n’a plus sa raison d’être après les récents rebondissements. Motion acceptée par le magistrat. Les cinq policiers ont ensuite vécu des moments très durs. La foule avait grossi et les insultes pleuvaient encore plus qu’à leur arrivée. Le ton est monté d’un cran, surtout lorsque ceux présents ont constaté que les cinq policiers n’étaient pas menottés.

 

«Pa bon ditou. Pena lozik. Kifer pena menot ar zot ?», s’interroge Yousouf, le père d’Iqbal Toofanny, entouré de sa belle-fille et d’autres proches. Mais il ne cautionne pas la bousculade et les insultes : «Fami ki pu blame la.» Quelques minutes plus tard, l’enceinte du tribunal se vide très vite. La routine reprend ses droits.