• Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion
  • Plusieurs noyades et disparitions en mer : des familles entre chagrin et espoir
  • Mobilisation du 1er Mai : la dernière ligne droite avant le grand rendez-vous
  • Le PMSD secoué : démissions, rumeurs et confusion…

Kusraj Lutchigadoo : Zoom sur l’homme derrière l’escapade du Vacoas Detention Centre

Kusraj Lutchigadoo est désormais détenu à Alcatraz.

La brigade antidrogue considère cet homme de 32 ans comme le big boss du trafic de la drogue synthétique à Maurice. Cet habitant de Quatre-Bornes fait beaucoup parler de lui depuis son escapade nocturne du Vacoas Detention Centre, avec la complicité de la police.

Son nom est sur toutes les lèvres… ou presque. Depuis son évasion temporaire, du centre de détention de Vacoas, Kusraj Lutchigadoo, 32 ans, a fait couler beaucoup d’encre et tomber plusieurs têtes. Dans la soirée du 23 avril, il a quitté les lieux pour aller «prendre l’air», accompagné de policiers, avant de réintégrer tranquillement sa cellule. Mais qui est donc l’homme qui a réalisé cette incroyable escapade nocturne ? Pas n’importe qui visiblement, puisqu’il est soupçonné d’être le big boss de la vente de drogue synthétique à Maurice. Rien que ça.

 

D’ailleurs, cet habitant de Quatre-Bornes avait été arrêté, le 30 mars, après une descente chez ses beaux-parents, à Sewraj Road, Triolet. Les limiers de la brigade antidrogue recueillent chez lui plus d’un kilo de drogue de synthèse et plus de Rs 300 000. D’autres produits utilisés dans la fabrication de cette drogue sont également saisis. Entre autres, des sachets de thé et une grande quantité d’acétone. Présent sur place, Kusraj Lutchigadoo est arrêté. La police ayant objecté à sa remise en liberté sous caution, il est enfermé au Vacoas Detention Centre. C’est de là qu’il s’échappera dans la soirée du 23 avril, pour aller faire une virée on ne sait où.

 

Le pot aux roses est découvert peu après et une enquête est instituée par le CCID. Outre le principal concerné, trois policiers ont été arrêtés pour complicité alléguée dans cette affaire ainsi qu’Ashish Dayal, qui était déjà détenu au Vacoas Detention Centre au moment des faits, et Hamod Oufran, le chauffeur du 4x4 qui aurait véhiculé Kusraj Lutchigadoo ce soir-là. Son frère Rajoo, propriétaire du véhicule, a été interrogé puis autorisé à repartir après qu’il a déclaré que ce n’était pas lui qui était au volant de celui-ci. Ce qui a été confirmé par Hamod Oufran. Kusraj Lutchigadoo aurait payé ses complices en cash et en whisky.

 

Le CCID reconstitue petit à petit le puzzle du film de cette escapade nocturne mais deux pièces manquent. L’une est l’itinéraire emprunté par Kusraj Lutchigadoo et ses complices, et l’autre concerne la VVIP que le caïd présumé aurait rencontrée ce soir-là. Les limiers sont persuadés que le jeune homme a menti en leur disant qu’il est sorti durant seulement une heure pour respirer de l’air frais. Kusraj Lutchigadoo est désormais détenu à Alcatraz, aux Casernes centrales.

 

Avant son arrestation le 30 mars, Kusraj Lutchigadoo était dans le viseur de la brigade antidrogue depuis quelque temps déjà. Les limiers de cette unité considèrent ce mécanicien comme le parrain de la drogue synthétique à Maurice. Il serait également fournisseur de comprimés psychotropes et dirigerait un vaste réseau auquel seraient mêlés plusieurs propriétaires de boîtes de nuit.

 

L’un d’eux, arrêté dans un hôtel du Nord en février avec du haschich, des psychotropes et une forte somme d’argent est soupçonné de faire partie de ce réseau, comprenant également des organisateurs de soirées privées et de concerts, et d’autres complices à plusieurs niveaux. Ces derniers sont aussi dans le viseur de la police. Kusraj Lutchigadoo serait également très proche de politiciens. Des nombreuses photos de lui avec des hommes politiques ont d’ailleurs circulé depuis son arrestation.

 

Le jeune homme n’est pas le premier de sa famille à avoir des démêlés avec la police. Sa mère a déjà été inquiétée dans une affaire d’escroquerie concernant la vente de terrains. Le nom de sa sœur avait été cité avec insistance à l’époque, dans l’affaire Deelchand. Elle travaillait chez le notaire comme secrétaire. En décembre 2017, la brigade antidrogue avait arrêté Kelvy Lutchigadoo, l’un de ses deux frères, dans le cadre d’une enquête sur l’importation de 329 grammes de drogue synthétique.

 

Il est toujours en détention sous une accusation provisoire de trafic de drogue. La police le soupçonne d’avoir agi sous les ordres de son frère Kusraj dans cette affaire. Ce dernier a également un casier judiciaire. En 2007, il a été condamné à une amende dans une affaire d’agression. En 2010, il a également été condamné à payer une amende après avoir été trouvé coupable d’outrage à la cour.

 

Amitsing Narain, un des constables arrêtés : «J’ai agi sur une base humanitaire»

 

Il nie la charge de complot qui pèse sur lui. «J’ai agi sur une base humanitaire», explique le policier Amitsing Narain. Le CCID le considère, toutefois, comme celui qui a tout orchestré pour rendre possible l’escapade nocturne de Kusraj Lutchigadoo. Ce n’est pas la première fois que le policier de 38 ans fait parler de lui. Une vidéo de lui a déjà fait le buzz sur Internet. Quelqu’un l’avait filmé en uniforme sous l’influence de l’alcool, à côté d’un véhicule de la police. Peu après, il a été transféré. Sur les images CCTV du Vacoas Detention Centre, le soir de l’escapade, on voit ce policier qui compte 17 ans de service ouvrir le portail pour laisser entrer le 4x4. Le constable Akashsing Goomany, 27 ans, responsable des caméras CCTV, soutient n’avoir rien vu ce soir-là, de même que son collègue Jacques Henry Fréderick Augustin, 30 ans, qui était on duty. Ils ont aussi été arrêtés dans cette affaire pour complicité.

 

L’inspecteur Coothen : «Les brebis galeuses n’ont qu’à bien se tenir»

 

Le service de presse de la police n’a pas souhaité commenter l’arrestation des trois policiers ainsi que celles d’Ashish Dayal et de Kusraj Lutchigadoo dans l’enquête sur l’escapade nocturne au Vacoas Detention Centre. Une enquête est en cours, souligne l’inspecteur Shiva Coothen, l’officier responsable : «Nous ne voulons pas porter préjudice à l’enquête qui est en cours. Les brebis galeuses n’ont qu’à bien se tenir. Elles ne vont pas échapper à la justice. En tant que policiers, ils ont pris l’engagement de servir la justice et non d’être de l’autre côté de la barrière.»

 

Le député Lepoigneur dans le flou

 

Il y avait une question parlementaire du député Guito Lepoigneur à l’agenda des travaux parlementaires, le mardi 22 mai. Elle était adressée au ministre mentor. Le député du PMSD voulait avoir des réponses de sir Anerood Jugnauth sur l’escapade nocturne de Kusraj Lutchigadoo. Le bureau du commissaire de police avait déjà rédigé la réponse à cet effet mais la question a été retirée de l’agenda alors qu’elle était très pertinente, dit-on. Ce qui fait jaser plus d’un aux Casernes centrales. Plusieurs questions reviennent, surtout celles sur les liens du présumé caïd Kusraj Lutchigadoo avec des politiciens et des policiers. Le suspect était-il à sa première escapade ? A-t-il déjà bénéficié de la complicité de certains policiers ? Les trois policiers arrêtés ont-ils agi sous les directives d’un ou plusieurs hauts gradés ? Affaire à suivre.

 


 

Ally Lazer : «Il y a trop de ripoux dans la police»

 

Le président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice ne mâche pas ses mots : «Il y a trop de ripoux dans la police.» L’infatigable combattant est d’avis que le Vacoas Detention Centre est devenu un centre de loisirs. Il allègue que ce n’est pas la première fois qu’un suspect quitte sa cellule avec la complicité des policiers : «Sa pe deroule depi lontan. Ena inn deza al lakaz retourne gramatin. Mo gagn per pou mo pei kan mo tann sa. Trafikan ladrog bizin sou la gard ADSU sa. Dapre mo bann linformasion, pa zis sa trwa la polis la ki konplis. Ena haut grade osi ladan. Zot finn permet li al zwenn enn dimounn mari importan sa swar la.»