• Coupe du Monde WSKF : une présélection établie
  • 46e édition du Nando's Open Water Swim le 28 avril
  • Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz

Fermeture de deux shelters : la polémique fait rage

Asha Guness (à g.) et son équipe se défendent.

Maltraitance sur des pensionnaires, c’est ce qui est reproché à deux shelters gérés par la Vedic Social Organisation : La Marguerite et Heaven Children Centre situé à Belle-Rose et Paillotte respectivement. Les pensionnaires ont été transférés le mercredi 11 juillet en pleine nuit et les deux abris fermés. Retour sur cette affaire qui défraie la chronique.

D’un côté, la ministre du Développement de l’enfant Roubina Jadoo-Jaunbocus assure que tout a été fait dans l’intérêt des enfants. De l’autre, Asha Guness, la directrice de la Vedic Social Organisation, qui gère les abris pour enfants La Marguerite et Heaven Children Centre, affirme que c’est un coup monté pour porter atteinte à sa réputation et nuire à la bonne marche de ses centres. Ceci, dans le sillage de la fermeture des deux shelters de l’ONG, le mercredi 11 juillet, et le transfert de leurs pensionnaires dans d’autres centres d’accueil.

 

C’est une lettre d’une pensionnaire de l’un de ces abris qui a déclenché l’affaire. Dans celle-ci, envoyée aux autorités, elle fait état d’actes de maltraitance dont ses colocataires et elle seraient victimes. Des officiers du ministère du Développement de l’enfant et de la force policière ont alors débarqué à La Marguerite, située à Belle-Rose, dans la soirée de mercredi dernier, afin de s’enquérir auprès des pensionnaires, âgées de 4 à 17 ans, du traitement qu’elles y reçoivent. «Nous étions surpris de voir des officiers débarquer chez nous sous prétexte de parler aux enfants. Nous les avons laissé faire et ensuite les enfants ont continué leur routine mais les officiers sont restés sur place», nous raconte Jemima Guness, l’une des carers du centre.

 

C’est une fois les enfants au lit qu’ils auraient annoncé aux carers que ceux-ci devaient immédiatement quitter les lieux. «Nous ne comprenions pas ce qui se passait et pourquoi ils voulaient emmener les enfants à une heure si tardive, surtout qu’ils n’avaient pas d’autorisation écrite de la cour. Mais eux ne cessaient de clamer que la cour les avait autorisés à prendre les enfants. Ils sont rentrés et sont montés dans les chambres pour les emmener», explique Jemima. Ce qui a également été fait dans la même soirée au shelter Heaven Children Centre, à Paillotte. En tout, une quarantaine de pensionnaires sont concernées.

 

Depuis, la direction de la Vedic Social Organisation se défend bec et ongles. Asha Guness se dit convaincue que ces allégations visent seulement à lui nuire. «Depuis des nombreuses années, on ne cesse de nous chercher des poux et toutes les allégations faites dans le passé se sont avérées fausses. Cet acharnement contre moi, vient sans doute du fait que je ne suis pas sous tutelle du ministère. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, avec l’assistance de mon conseiller juridique pour rencontrer la ministre Roubina Jadoo-Jaunbocus et pour qu’elle montre les preuves de ces allégations car moi je n’ai rien à me reprocher. Aujourd’hui je me retrouve à licencier 40 employés et j’envisage d’entamer une grève de la faim car je n’ai plus de raison de vivre sans mes enfants de cœur», nous confie-t-elle.

 

La ministre du Développement de l’enfant, Roubina Jadoo-Jaunbocus, a donné sa version des faits lors de la conférence de presse du gouvernement, le samedi 14 juillet. «Le délogement des enfants a été fait certes à une heure tardive mais cela sous l’ordre de la cour. Si un lieu n’est plus sûr pour des enfants, c’est tout à fait normal de les déplacer ailleurs. Ces maisons d’accueil avaient fait l’objet de plusieurs allégations depuis 2015 mais cette fois, ce sont les lettres des pensionnaires qui nous ont interpellés, surtout qu’un des centres de cette ONG a fermé ses portes l’année dernière pour des problèmes similaires. Je ne cèderai pas à un chantage de grève de la faim, si la directrice de Vedic Social Organisation souhaite me rencontrer qu’elle s’adresse à mon ministère et nous ferons une enquête en toute transparence.»

 

La guerre entre la direction de la Vedic Social Organisation et le ministère du Développement de l’enfant est loin d’être terminée. Affaire à suivre.

 

Une pluie d’allégations

 

Ce n’est pas la première fois que les maisons d’accueil de la Vedic Social Organisation se retrouvent au cœur de controverses. Les 20 et 21 juin 2013, trois pensionnaires de l’ONG, vivant dans le centre de Vacoas, avaient accusé Asha Guness et ses deux filles Jemima et  Ketsia de les battre fréquemment, d’où la raison de leur fugue à l’époque. Les trois responsables du centre avaient été traduites en cour sous une charge provisoire de maltraitance sur enfants. Aucune charge formelle n’avait été retenue contre elles par la suite.

 

En mars 2014, c’est au tour du centre La Dauphinelle, à Eau-Coulée, toujours géré par la Vedic Social Organisation, d’être propulsé au-devant de la scène. Une pensionnaire de 15 ans avait porté plainte contre l’assistant shelter manager, l’accusant d’abus sexuels. Ce dernier avait alors été arrêté pour relation sexuelle avec une mineure de moins de 16 ans. Il avait contesté  ces allégations en arguant que l’adolescente avait agi par vengeance car elle avait été transférée du centre à l’hôpital Brown Sequard pour y recevoir des soins. Lui aussi s’en est sorti mais le centre d’Eau-Coulée a été fermé suite à cette affaire.

 

Des multiples allégations avaient suivi concernant deux pensionnaires qui avaient assisté à une soirée d’anniversaire chez Priya Purgus, la  directrice de La Marguerite, et le fait que les pensionnaires étaient victimes de punitions corporelles. Denis Vellien, le président d’un Fact Finding Committee institué à l’époque pour faire la lumière sur des allégations concernant plusieurs centre d’accueil de l’île, avait recommandé qu’on demande à Asha Guness et à ses deux filles de démissionner de leurs postes dès les premières allégations. Mais visiblement, elles avaient été autorisées à continuer à opérer deux centres jusqu’ici.