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Attentat de la rue Gorah-Issac

Elle n’a jamais cessé de réclamer la vérité depuis le meurtre de son mari Babal.

Au nom de ses enfants, Swaleha Joomun est plus que jamais déterminée à obtenir justice pour son mari Abdal Joomun, alias Babal, assassiné dans l’attentat de la rue Gorah-Issack il y a presque 19 ans. De passage à Maurice, elle demande la réouverture de l’enquête.

À 49 ans et malgré les dures épreuves qu’elle a traversées, Swaleha Joomun n’a rien perdu de son franc-parler. Au contraire. Elle a gagné en maturité et le dit d’emblée. «Je ne suis plus la Swaleha Joomun d’il y a 19 ans. Je suis encore plus forte que celle que vous avez connue à l’époque. Maintenant, je ne suis plus seule. J’ai mes trois filles qui me soutiennent et qui, comme moi, réclament la vérité sur la mort de leur père.»

 

Actuellement à Maurice, elle a réuni la presse hier, samedi 11 avril, au centre Marie-Reine de la Paix. Les cheveux recouverts d’un voile blanc et noir, Swaleha Joomun affiche un air serein. Quelques feuilles de papier sur lesquelles elle a rédigé ses notes sont disposées sur une table. Mais lorsqu’elle commence à parler, ses yeux ne se posent pas, ne serait-ce qu’un instant sur ses notes. Elle sait ce qu’elle a à dire.

 

«Il y a 19 ans, mon mari a été assassiné de manière très brutale. Jusqu’à ce jour, on ne sait toujours pas qui a orchestré cet attentat qui a coûté la vie à deux autres personnes. Qui est le cerveau de toute cette affaire ?» demande-t-elle. Depuis 19 ans, elle n’a toujours pas de réponse à donner à ses filles quant à l’auteur de ce crime barbare qui a privé ces dernières de leur père à jamais.

 

Pour rappel, le 26 octobre 1996 vers 2h30 du matin, une fusillade a éclaté rue Gorah-Issack à Plaine-Verte, à la veille des élections municipales. Quelques heures plus tôt, une bagarre avait eu lieu entre des sympathisants de différents partis politiques de la région. Plus tard, quelques hommes encagoulés, voyageant à bord d’un 4x4 volé à Flic-en-Flac, ont ouvert le feu sur des partisans de l’alliance PTr-MMM. Deux hommes, Babal Joomun et Zulfikar Bheeky, ont été tués sur le coup alors qu’un troisième, Yousouf Moorad, est mort dix jours plus tard. Cet attentat a également fait plusieurs blessés dont certains portent toujours des séquelles.

 

Appel à témoins

 

«Mes trois filles étaient petites à l’époque. Mais, aujourd’hui, elles sont adultes. Depuis 19 ans, je suis confrontée aux mêmes interrogations. Mes filles me posent toujours des questions auxquelles je ne peux pas répondre. Pourquoi a-t-on tué leur père ? Qui l’a tué ? Est-ce que le coupable est allé en prison ? Je n’ai pas de réponses.»

 

C’est dans l’espoir de répondre à toutes ces questions qu’elle a engagé les services de Me Vikash Teeluckdharry et réclame la réouverture de l’enquête. Elle appelle également ceux qui auraient des informations concernant cet attentat à ne plus se cacher dans l’ombre ou refuser de parler par peur de représailles. «À aucun moment dans le cadre de cette affaire, la police n’est venue vers moi pour me questionner sur les derniers moments de mon mari sur terre. Jamais on ne m’a demandé s’il avait reçu des menaces ou autres quelques heures avant le drame. À l’époque, on me disait de ne pas parler car j’étais une femme et de tout mettre entre les mains d’Allah. Mais je n’ai jamais cessé de me battre. Il y a une loi divine certes, mais sur terre aussi il doit exister une justice. »

 

Dans le sillage de l’attentat, deux enquêtes ont déjà été menées et plusieurs personnes arrêtées. Par ailleurs, Bahim Coco, Azad Nandoo, Riaz Jamaldin et Noorani Boodhoo, des membres du défunt Escadron de la mort, recherchés par la police dans le cadre de cette affaire, se sont donné la mort en 2000 en ingurgitant du cyanure alors qu’ils étaient sur le point d’être retrouvés. Aujourd’hui encore, ce drame hante les esprits, et ceux des proches des victimes encore plus. Tous veulent savoir la vérité. Et Swaleha Joomun, établie en Angleterre avec ses filles depuis la tragédie, compte tout mettre en œuvre pour que la vérité éclate enfin au grand jour.