Un ancien caporal a connu une fin atroce sous les roues d’un 4x4. La conductrice était sous influence de l’alcool au moment des faits, selon la police. La famille de la victime attend la fin des rites funéraires pour entamer des poursuites au civil.
Le temps ne cicatrise pas toutes les blessures. Ce n’est pas la famille Jhurry, résidant à Bois-Mangues, Plaines-des-Papayes, qui dira le contraire après avoir perdu l’un des siens la semaine dernière. Sakaram Jhurry, plus connu comme Shekar, a connu une fin tragique le dimanche 18 septembre. Cet ancien caporal, âgé de 58 ans, est mort sur le coup après avoir été percuté par un 4x4.
Drapée dans son sari blanc, symbole de deuil chez les hindous, la veuve Shyama a les traits tirés et semble avoir pris un coup de vieux après ces événements. Difficile pour cette femme de 47 ans d’envisager son avenir désormais seule alors que le couple devait fêter ses 29 ans de vie commune le 11 octobre. «On a toujours été ensemble. Il ne nous a jamais causé du souci. Aujourd’hui, notre douleur est insoutenable», raconte-t-elle, les larmes aux yeux. Son fils Yashil et sa fille Yaneesha sont dans le même désarroi.
L’accident qui a coûté la vie au quinquagénaire s’est produit durant l’après-midi du dimanche 18 septembre. Il revenait de Terre-Rouge avec une cargaison de légumes qu’il allait revendre avec sa femme à Triolet où il avait un commerce. C’est sur le chemin du retour qu’il a été percuté par le 4x4. L’ex-agent de police a été projeté à plusieurs mètres sur l’asphalte.
Homicide involontaire
Peu après 19 heures ce jour-là, le sergent Hoober s’est rendu à la route principale de Saint-Joseph, à Terre-Rouge, suite à une requête concernant un grave accident de la route impliquant un tout-terrain et une mobylette. Mandé sur place, le Dr Aullear du Samu n’a fait que constater le décès de Sakaram Jhurry. Le rapport d’autopsie du Dr Jankee, le Police Medical Officer,indique que l’ancien caporal, qui avait fait valoir ses droits à la retraite car il souffrait de plusieurs complications de santé, selon sa famille, a succombé à ses multiples blessures.
Le 4x4 blanc accidenté était conduit par une habitante de Mon Choisy. La police souligne que cette femme de 39 ans a été contrôlée positive à un alcotest après la collision mortelle. Elle avait 28 mg d’alcool dans le sang, soit 5 mg de plus que le taux autorisé par la loi. Selon nos informations, cette dernière revenait d’une soirée.
La conductrice avait été admise sous surveillance policière à l’hôpital SSRN, Pamplemousses, après l’accident. Elle a comparu devant le tribunal de Pamplemousses après avoir quitté l’établissement hospitalier. La chauffarde a retrouvé la liberté après avoir fourni une caution et signé une reconnaissance de dette. Elle fait l’objet d’une charge provisoire d’homicide involontaire et aussi de conduite en état d’ivresse.
«Mon époux ne méritait pas de mourir de cette façon», ressasse sans cesse Shyama. «Des témoins affirment qu’il était resté coincé sous les roues du 4x4 après l’impact. Le véhicule l’a traîné sur l’asphalte sur au moins 25 mètres avant de s’arrêter.»
«Mon père était méconnaissable sur son lit de mort», s’indigne Yaneesha. Cette jeune femme de 27 ans explique que les roues du 4x4 avaient pratiquement fracturé tous les os de son père. «Mon père a eu une mort atroce», dit-elle d’une voix empreinte d’émotions.
Son frère Yashil, âgé de 24 ans, souligne, pour sa part, que sa famille va entamer des poursuites au civil contre l’habitante de Mon Choisy. «Mon père était un homme exemplaire et un père formidable qui a connu une brillante carrière au sein de la force policière. Il a cumulé 35 ans de service avant de partir à la retraite. C’était un homme de principes. C’était aussi un homme généreux et toujours jovial. On aurait pu pardonner à cette femme si elle était venue nous voir pour présenter des excuses. Son indifférence nous révolte.» Quant à la conductrice du véhicule, nous n’avons pu obtenir sa version des faits.