• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Deux voix s’éteignent en une semaine

Ils étaient indissociables de l’univers musical mauricien. Ces deux artistes nous ont quittés à quelques jours d’intervalle. Leurs proches leur rendent hommage.

José Pitchen, celui qui a montré la voie

 

Sa guitare, son sourire et sa passion sont inoubliables. José Pitchen, un nom connu de l’univers du séga, nous a quittés le samedi 10 mars des suites de complications cardiaques. Il laisse derrière lui une riche carrière, des chansons connues (les récentes reprises de Lady Melody de Tom Frager ou Kilot pe desan de Roger Clency, entre autres), en solo ou avec le groupe Zotsa en tant que guitariste et chanteur. Ceux qui ont joué et d’autres qui jouent encore avec la formation évoquent un artiste complet avec qui ils ont beaucoup appris.

 

Parmi, Mario Justin, chanteur incontournable du groupe et un des songwriters majeurs de la formation. D’une voix émue, l’artiste évoque son ancien collègue de scène : «C’est clair que c’est une grande perte pour la musique mauricienne. On apprenait toujours quelque chose avec José. J’ai moi-même beaucoup appris sur la façon d’écrire, de composer, de faire des arrangements…» 

 

L’autre voix de Zotsa, c’est bien sûr Nancy Derougère. La diva du séga a longtemps partagé la scène avec José Pitchen. En 2001, le duo avait interprété le titre Pardonne qui avait eu du succès. Pour Nancy Derougère, José Pitchen était un homme «tout le temps gentil et parfois même très taquin. Il était aussi très appliqué dans le travail musical».

 

Si Chrisjo Clair ne fait plus partie du groupe Zotsa – il évolue avec ses amis Jason Heerah, Lin et le groupe Otentik Groove –, il doit cependant tout à José Pitchen. «Il y a plus de 20 ans, on voulait faire de la musique ensemble mais je n’avais même pas de guitare ! Il m’avait alors prêté sa guitare électrique Gibson et la suite, c’est ma carrière qui a démarré ! Il était comme ça, généreux, de bonne humeur, en plus d’être un passionné.»

 

José Pitchen semble avoir tracé bien des chemins…

 


 

Manfred Faro : adieu à l’homme «modeste et simple» 

 

Il était un incontournable de la scène musicale à Maurice. Pendant des années, il a évolué dans les hôtels, les pubs, les concerts, entre autres. Mais Manfred Faro nous a quittés au matin du vendredi 16 mars, des suites d’une complication cardiaque. À l’heure où nous mettions sous presse, ses funérailles étaient prévues pour ce dimanche 18 mars.

 

C’est son frère Belingo Faro, autre musicien très connu du circuit hôtelier et féru de jazz, de piano et de musique électro, qui a annoncé la triste nouvelle via son compte Facebook. Il évoque notamment «une personne que la plupart des amis connaissent». Dès lors, les hommages ont plu sur les réseaux sociaux : «Encore une belle voix qui s’en va», «Thank you for gifting us with your passion and talent for music», «Ou enn parmi mo bann meyer rankont…», entre autres témoignages de la famille, des proches et amis.

 

Parmi, celui d’Elvis Quenette, connu comme animateur à la radio, dans des soirées et autres événements. Les deux amis ont été à la même école primaire, celle de Rémy Ollier à Rose-Hill. «Nous sommes restés amis depuis tout ce temps. Je garde de lui le souvenir d’un homme modeste et simple, et bien sûr passionné. Il ne se prenait pas la tête avec des choses superflues. Parfois, on se rencontrait et il était en savates et T-shirt. Oui, simple, c’est un mot qui convenait bien à Manfred», confie Elvis Quenette ému.

 

Outre la modestie et la simplicité, Manfred Faro avait tout d’un battant. En 2008, il lançait un appel dans les colonnes de 5-Plus dimanche. L’artiste avait alors de gros soucis à la colonne vertébrale à cause de disques lombaires déplacés, nécessitant une intervention rapide en Afrique du Sud, au coût de plus de Rs 600 000. Nous avions alors rencontré un homme cassé par la douleur mais qui gardait la tête relevée.

 

Des années plus tard, lors d’une nouvelle rencontre, il nous était apparu plus joyeux, plus en forme, avec la rage de vivre et son amour du chant. Il n’hésitait d’ailleurs pas à donner de la voix ici et là dans des soirées. Et avec le sourire, il nous a lancé : «On n’a qu’une vie.»