Des tableaux, des cadres, des sacs… Les élèves d’une école pas comme les autres, à Pointe-aux-Sables, sont fiers de présenter les fruits de leur travail dans une boutique qui a ouvert ses portes au cœur de leur établissement scolaire. Il s’agit de la Zen Artitude Boutik qui a été inaugurée à Oasis de Paix (École Henri Souchon) à Pointe-aux-Sables.
Il a eu droit à une autre chance et aujourd’hui, il a trouvé sa voie. Il y a quelques années, Yannick 15 ans, faisait un faux départ dans la vie. Après un échec aux examens du CPE, il ne savait pas trop quelle direction prendre.
Dans l’incertitude, il croise alors les membres de l’Oasis de Paix (École Henri Souchon) à Pointe-aux-Sables, qui lui tendent une perche. Yannick a un choix à faire : trouver un domaine dans lequel il est doué. Car Oasis de Paix, qui existe depuis 2006, «se charge de l’éducation de jeunes issus de familles démunies et rejetés par le système éducatif national du pays. L’école encadre 170 étudiants qui n’ont pas réussi leurs examens de fin de cycle primaire».
L’adolescent décide alors de s’accrocher à cette bouée de sauvetage, de tenir bon, et d’explorer d’autres avenues qui s’offrent à lui. Et quelques années plus tard, il savoure les fruits de ses efforts.
«Grâce à l’école, j’ai trouvé ce que j’aime faire», nous confie Yannick. C’est dans «l’atelier-Bois» de l’institution, qu’il développe ses nouveaux talents, sous la supervision de son enseignant John Horn. «J’aime beaucoup ce que j’apprends et je sais maintenant ce que je vais faire plus tard. Travailler le bois pour les transformer en cadres, boîtes et autres produits me fascine», explique Yannick. Ses travaux et ceux des autres élèves, impliqués dans d’autres ateliers comme «Garments» et «Arts», seront désormais exposés au Zen Artitude Boutik. «Je me sens très fier quand je vois mes produits. Cette boutique est une très bonne idée et une source d’encouragement», ajoute Yannick.
Les locaux de Zen Artitude Boutik, inaugurés, le lundi 17 juillet, se situent dans l’enceinte de l’Oasis de Paix (École Henri Souchon) à Pointe-aux-Sables. L’établissement doit beaucoup à feu Henri Souchon qui croyait beaucoup dans ces enfants qui se sont retrouvés hors de la filière scolaire normale. L’objectif de la boutique est de fournir un espace agréable et fonctionnel, où les produits fabriqués à la main par les étudiants pourraient être exposés et vendus au public. «Espérons que cela contribuera également à les motiver et à faire ressortir leurs talents, ainsi qu’à développer leurs compétences entrepreneuriales», nous explique Monique Leung, directrice de l’École Henri Souchon).
La boutique est accessible depuis la route principale. Il sera ouvert au public de 11 heures à 14 heures. «On en saura plus sur l’accès au public après les vacances scolaires», précise Monique Leung qui se dit honorée de participer à cette nouvelle aventure qui commence pour cette école.
Baignée de lumière, la boutique, nichée au cœur d’un jardin zen, agrémenté par les travaux de sculpture des élèves, se visite comme un petit musée où sont entreposées les oeuvres des jeunes. Ainsi, coussins, tableaux, pantoufles, sacs colorés et brodés en jute et autres matières premières se côtoient et témoignent du dévouement des jeunes artistes en herbe.
La fierté
Depuis l’ouverture de Zen Artitude Boutik, les élèves de l’école sont encore plus motivés à «montrer de quoi ils sont capables». Liana, 14 ans et Aurélie, 11 ans, de la salle de couture en font partie. «Avant je ne savais pas coudre et aujourd’hui je sais broder. Je suis fière quand je vois quelque chose naître de mes mains», nous déclare Aurélie sous le regard de son enseignante Gaëlle Brelu-Brelu. «Effectivement, dans cette classe nous apprenons aux élèves à développer d’autres aptitudes s’ils ne sont pas doués académiquement.»
Et d’une salle de classe à l’autre, c’est la créativité des jeunes qui est mise en avant. C’est dans une profusion decouleurs que Sandrine Sinneya, enseignante d’art, encadre ses jeunes protégés. Entre les tableaux de toutes les tailles, les dessins variés, les sculptures et autres travaux, la pièce regorge de petits trésors qui soulignent le savoir-faire des élèves.
«L’école vise maintenant à accompagner ces jeunes à un niveau supérieur et à susciter plus de professionnalisme dans leur travail et leur comportement. Nous souhaitons également encourager certains d’entre eux à capitaliser sur leur talent pour gagner leur vie en tant qu’artiste et/ou petit entrepreneur. (…) Nous savons que ce ne sera pas une tâche facile car nos jeunes sont des school drop-outs. (..)Oasis de Paix n’a pas de subventions du gouvernement», a souligné Amédé Poupard, président de l’Oasis de Paix, lors de son discours d’inauguration de la boutique.
Il a lancé un appel aux autorités : «Nous espérons pouvoir compter sur votre soutien pour atteindre notre ambition. Nous travaillons ensemble pour donner à ces jeunes, qui n’ont pas été favorisés par les circonstances de la vie jusqu’à maintenant, une occasion de contribuer à l’économie du pays.» De leur côté, grâce à la boutique, les élèves très motivés disent croire en leur avenir maintenant que leurs talents ont été mis en lumière…