• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Yanick Armance meurt sous les roues d’un tracteur | Rubina Conjomalay : «Mon monde s’écroule à un mois de notre mariage»

Le rêve de Rubina Conjomalay s’est transformé en cauchemar avec la mort de son compagnon.

Ils avaient prévu de se dire oui le 5 janvier. Mais le destin en a décidé autrement pour Yannick Armance, 29 ans, et Rubina Conjomalay, 26 ans. Alors que les préparatifs battaient leur plein, le futur marié a été victime d’un accident sur son lieu de travail. Il n’a malheureusement pas survécu à ses blessures. Sa compagne éplorée et d’autres proches témoignent…

La joie, l’impatience, l’excitation… Et subitement, les larmes, la souffrance, la désillusion. Il y a quelques jours encore, Rubina Conjamalay, 26 ans, et son compagnon Yanick Armance, 29 ans, étaient sur leur petit nuage rose. Amoureux et heureux, ils préparaient sans relâche le plus beau jour de leur vie prévu dans un mois. Les jours filaient à toute vitesse mais ils étaient fin prêts à faire le grand saut. Ils allaient se dire oui en l’église Notre Dame du Sacré Cœur, dans leur localité à Camp-de-Masque-Pavé, le 5 janvier 2018, puis allaient accueillir leurs invités au Domaine Reet’s, à Moka. Les invitations avaient déjà été envoyées à quelques proches.

 

«Il ne nous restait plus qu’un mois à attendre», confie Rubina, la voix tremblante, les larmes roulant dans ses yeux gonflés d’avoir trop pleuré. La jeune femme ne sait pas comment surmonter le drame qui s’est abattu sur son couple alors qu’il nageait en plein bonheur, alors qu’il attendait un si heureux événement. Celui de toute une vie. Son compagnon bien-aimé est mort écrasé sous un tracteur alors qu’il travaillait pour le compte de la compagnie Alteo, basée à l’Unité, Flacq.

 

Yanick, selon des témoins de l’accident, conduisait le tracteur lorsqu’il a soudainement stoppé le véhicule pour en descendre. Il ne s’est cependant pas rendu compte qu’il avait omis d’enclencher le frein à main. Lorsque le véhicule a commencé à bouger, il a tenté de l’arrêter et de grimper à bord. Il a malheureusement perdu l’équilibre et est passé sous les roues du tracteur. Lorsque ses collègues ont constaté qu’il ne bougeait plus, ils ont alerté le SAMU. Yanick Armance a été conduit à l’hôpital de Flacq, où son décès a été confirmé par un médecin. Une autopsie a attribué sa mort à des «cranio cerebral injuries».

 

Des regrets

 

Prostrée sur sa douleur, Rubina repense à ce moment fatidique où son monde s’est écroulé. Ce jour-là, le mercredi 29 novembre, elle est à l’hôpital. Elle souffre d’anémie et d’une chute de tension. «Un proche de Yanick est venu me voir et m’a dit : “Yanick nepli parmi nou.” Je n’ai pas su comment réagir. Mo pa ti kone si mo bizin plore, riye ou koze. J’étais sous le choc, dans un état indescriptible. J’ai toujours du mal à croire qu’une telle chose a pu lui arriver. Nous étions à seulement un mois de notre mariage», pleure-t-elle amèrement.

 

Aujourd’hui, après la mort subite et tragique de son compagnon, Rubina n’a que des regrets. Mais sa plus grande déception est de ne pas avoir eu un enfant de son grand amour. Yanick lui avait, à maintes reprises, fait part de son désir d’être père. «Il adorait les enfants. Nous nous sommes mariés civilement le 18 octobre. Et le même jour, il m’a demandé pourquoi nous ne faisions pas un enfant. Je lui ai répondu que ce n’était pas encore le moment. Mais je me dis que si je l’avais écouté, cela aurait été moins dur pour moi aujourd’hui car j’aurais eu une part de lui à chérir pour toute la vie», lâche la jeune femme tristement.

 

Devenir papa n’est pas l’unique rêve que Yanick n’a pu concrétiser. Très ambitieux, «il voulait à tout prix faire construire sa propre maison. Li ti anvi ariv lwin. Et professionnellement, il souhaitait avoir son propre business et travailler à son compte», explique Rubina. Ensemble, les amoureux regardaient dans la même direction et voulaient réaliser ensemble tous ces projets. Et ce, depuis leur rencontre il y a un an et demi. À l’époque, chauffeur de van, Yanick faisait des courses et déposait régulièrement au travail la jeune femme. C’est ainsi que l’amour est né entre eux. Très vite, les choses sont devenues sérieuses et ils ont décidé de s’engager l’un envers l’autre.

 

Atroce nouvelle

 

«C’est l’homme qui m’a rendue la plus heureuse. Il a toujours pris soin de moi. Je n’ai jamais manqué de rien quand j’étais avec lui. C’était une personne formidable qui n’acceptait jamais de me voir triste», souligne Rubina, au comble du chagrin. Le drame, poursuit-elle, a aussi terriblement attristé sa famille. «Ma mère est effondrée. Lorsqu’elle ne le voyait pas, elle l’appelait pour lui demander pourquoi il ne venait pas à la maison. Cela l’a anéantie.»

 

La famille de Yanick – sa maman, ses deux frères et ses nombreux proches – sont eux aussi anéantis par la mort tragique de celui qu’ils aimaient tant.  Ils n’arrivent toujours pas à croire qu’il n’est plus de ce monde alors que tous préparaient activement son mariage. Le matin du mercredi 29 novembre, racontent-ils, Yanick s’était levé très tôt comme tous les matins depuis cinq mois, et avait quitté son domicile à 5 heures pour aller au travail. Il avait signé un contrat de six mois avec Alteo pour exercer comme chauffeur. Celui-ci allait d’ailleurs prendre fin en ce mois de décembre. Mais un malheureux incident est survenu ce matin-là. «L’un de nos oncles travaille avec lui. Il nous avait appelés plus tôt pour nous dire ce qui s’était passé. Nous ne nous attendions pas à son deuxième appel pour nous annoncer que Yannick était décédé», confie Sophia, la cousine de la victime, qui habite dans la même cour.

 

Bouleversés par cette perte subite, alors qu’ils étaient en plein préparatif du mariage, les proches de Yanick ont eu la lourde tâche d’annoncer l’atroce nouvelle à sa future femme mais aussi à sa maman Noëlle-Ange, qui vit à La Réunion. Cette dernière est rentrée à Maurice tout de suite après avoir appris la nouvelle. Et ce qui permet à la famille Armance de faire face à cette difficile épreuve aujourd’hui, c’est le courage dont fait preuve cette maman. «La mère de Yanick est le maillon fort de la famille. La voir aussi forte après avoir perdu son fils nous encourage à aller de l’avant. Cela n’avait déjà pas été facile pour elle lorsque, il y a neuf ans, son autre fils est devenu paraplégique après une chute. C’est un véritable pilier pour nous tous. Je lui tire mon chapeau», déclare Sophia.

 

Bon vivant

 

Visiblement bouleversée, Noëlle-Ange tâche en effet de rester forte dans l’épreuve. «Bien que cela soit difficile à vivre pour moi, je préfère faire passer le bien-être de mes proches avant tout le reste», nous confie-t-elle, le regard triste mais déterminé. Les funérailles de Yanick Armance ont eu lieu le jeudi 30 novembre. Plusieurs amis, ses proches, ainsi que tous ses collègues de la compagnie Alteo sont venus lui rendre un dernier hommage. Comme sa cousine Sophia, ils se souviendront toujours de Yanick comme de quelqu’un «au caractère fort mais qui était un bon vivant. Lorsque nous organisions des fêtes familiales, il était celui qui mettait de l’ambiance».

 

Aujourd’hui, un bon vivant s’en est allé dans des circonstances terribles, laissant derrière lui une compagne éplorée ainsi que toute une famille abattue par la douleur. La joie s’est transformée en torrent de larmes… Le rêve en cauchemar.