• Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion
  • Plusieurs noyades et disparitions en mer : des familles entre chagrin et espoir
  • Mobilisation du 1er Mai : la dernière ligne droite avant le grand rendez-vous
  • Le PMSD secoué : démissions, rumeurs et confusion…

Virginie Bissessur-Corsini : «Il n’y a aucune éducation des ados aux dangers du Net»

Plusieurs vidéos de jeunes dévoilant leur intimité circulent, depuis la semaine dernière, sur la Toile, particulièrement sur les réseaux sociaux. Comment expliquer ce phénomène ? Analyse de Virginie Bissessur-Corsini, psychologue clinicienne.

Des jeunes qui filment leurs expériences sexuelles... Comment analysez-vous cette pratique ?

 

Que des jeunes s’adonnent à des expériences sexuelles n’a rien de nouveau. Par contre, la société de l’image et du narcissisme exacerbé, et la facilité d’accès au porno changent la donne. Avec le manque d’éducation sexuelle, ce tabou virulent dans notre société, les jeunes n’ont pas vraiment conscience de ce qu’ils font.

 

Et des jeunes qui postent leurs ébats sexuels sur les réseaux sociaux... Qu’en pensez-vous ?

 

Il faut faire la distinction entre des couples de jeunes qui se mettent d’accord pour poster leurs ébats et des jeunes qui le font par vengeance après une séparation. Dans le premier cas, ces ados sont en quête d’une gloire éphémère, sans réaliser les conséquences de leur acte. Il n’y a aucune éducation des ados aux dangers du Net par les parents et encore moins par les établissements scolaires. Dans le second cas, on est en présence d’une intention de nuire à une personne, ce qui relève du juridique et révèle, une fois de plus, le manque d’éducation sexuelle sur les dangers et conséquences du mauvais usage du Net.

 

Qu’est-ce qui explique toutesces vidéos osées d’adolescents qui circulent sur le Net ces derniers temps ?

 

La banalisation du corps feminin, qui est considéré comme un objet que l’on consomme. Ou encore l’absence de contrôle et d’éducation de la part des parents sur ce que font leurs enfants sur la Toile. Il y a également le manque d’éducation sexuelle. Tout cela, ajouté à l’inconscience des jeunes, fait que les ados sont perdus et se retrouvent à faire n’importe quoi.

 

Le sexe est-il banalisé par les jeunes ? 

 

Le sexe n’est pas compris par les ados car ni les parents, ni le gouvernement ne prend la responsabilité de les éduquer. Les jeunes sont éduqués par les clips pornographiques et font ce qu’ils pensent être la réalité. 

 

Qu’en est-il des réseaux sociaux ? 

 

Les réseaux sociaux banalisent le fait de se mettre en scène sans réaliser les conséquences que cela aura sur le narcissisme, la carrière et l’image de ces jeunes.

 

L’introduction de l’éducation sexuelle dans le programme scolaire se fait toujours attendre. Qu’en pensez-vous ?

 

Il me semble que l’absence de courage du gouvernement et l’obscurantisme obstiné des parents font énormément de tort aux jeunes. Cela les expose à des risques énormes. Les parents pensent toujours que ce sont les enfants des autres qui font des bêtises et que ce sont des enfants mal éduqués, jusqu’au jour où ils découvrent la double vie que mènent leurs propres acatastrophés dans le cabinet du psy. Mais le mal est déjà fait et les conséquences sont parfois réellement dramatiques. On est tous responsables de notre jeunesse, gouvernement, parents, simples citoyens.

 

Bio express

 

Psychologue clinicienne, Virginie Bissessur-Corsini obtient son bac littéraire en l’an 2000. «Puis, je pars étudier la psychologie à l’université de Toulouse de Mirail la même année. Je décroche alors un master en psychologie clinique en 2006, option psychologie interculturelle. Je commence une licence en ethnologie que je ne finirai pas et travaille dans le milieu éducatif et du handicap», explique la jeune femme. De retour à Maurice en 2011, elle travaille à nouveau dans une école pour enfants handicapés pendant un an et, en parallèle, elle devient psychologue auprès des employés d’une grande banque pendant trois ans. «En même temps, j’ouvre ma consultation privée à Curepipe et je travaille dans une ONG très dynamique à Batterie-Cassée, où je suis toujours. J’effectue aussi différentes missions pour des CSR dans les faubourgs.» En 2014, elle décroche un poste de psychologue pour la Child Development Unit à Rodrigues. De retour à Maurice en 2015, elle travaille à nouveau pour un CSR sur un projet de développement communautaire dans un faubourg et reprend sa consultation privée.

 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

C’est plutôt la réaction bovine de notre société face au kidnapping de notre démocratie... C’est facile de faire des commentaires sur Facebook.

 

Et sur le plan international ?

 

Le silence assourdissant sur ce qui se passe au Yémen, sur la famine au Soudan.

 

Que lisez-vous actuellement ?

 

De l’inconvénient d’être né, de Cioran. Mon petit chouchou. 

 


 

Quand «la société est corrompue par Internet»

 

Pour lui, c’est la mentalité des gens qu’il faut changer. Enseignant-chercheur en Australie, François Malherbe nous donne son point de vue sur les vidéos qui ont fait grand bruit ces derniers jours : «Ce phénomène n’est pas unique à Maurice, c’est un problème de la société moderne corrompue par Internet. L’accès facile et gratuit à la pornographie a banalisé le sexe. Mais en dessous de la surface, il y a un problème plus grave : le manque de respect pour la gent féminine. Le sexe (rapports sexuels) pour le plaisir est une affaire d’hommes, et est très souvent un comportement primaire, d’instinct animal presque. L’éducation sexuelle ne changera pas les choses, il faut changer la mentalité des gens, apprendre aux jeunes à respecter les autres et à se respecter.»