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Violemment tabassée par son époux «jaloux» : Julie, 19 ans : «J’ai cru mourir sous les coups de poing»

Son visage en dit long sur la violence qu’elle a subie.

Cette jeune maman de trois enfants en bas âge, dont un bébé de 9 mois, a été défigurée après avoir été violemment tabassée à coups de poing par son époux, dimanche dernier. Elle a même cru y laisser la vie. Traumatisée, elle nous raconte ces terribles instants, les plus effroyables de sa jeune vie.

Quelque chose d’éteint dans le regard. Les yeux de Julie Lecoquin fixent le vide et on n’y retient qu’une mare vide et sombre. Assise dans un fauteuil en rotin dans la maison familiale en tôle, à Riambel, sa fragilité emplit l’espace. Elle a 19 ans et est maman de trois enfants mais a l’air d’avoir des années en moins… si on se fie à son visage bouffi et tuméfié par les coups. Il y est même impossible de deviner les traits de celle qu’elle était, il y a encore quelques jours. Avant la terrible violence dont elle a été victime.

 

En cette soirée du vendredi 3 août, elle vient tout juste de rentrer de l’hôpital où elle était admise depuis son agression, cinq jours plus tôt. Les épaules voûtées, l’être brisé, elle répond à nos questions avec difficulté. Au début, les sons sortent à peine. Les mots, elle ne veut pas les prononcer. Mais, petit à petit, elle se laisse aller et se raconte. Elle évoque les longues semaines qui ont précédé son départ du toit conjugal, des épisodes de violence et de trahison qu’elle aurait subis, le besoin de s’en aller, de s’enfuir. La peur, l’angoisse qui l’habitaient et les pleurs…

 

Un cutter menaçant

 

Et finalement, cette nuit terrible du dimanche 29 juillet, où sous la menace d’un cutter, elle aurait été emmenée sur une plage du sud de l’île par celui qu’elle a épousé alors qu’elle n’avait que 16 ans, pour y vivre de longues heures d’horreur. Ce soir-là, Julie grappille quelques moments d’insouciance lors d’une fête familiale à Pomponette. «Il y avait un baptême. Benson n’était pas invité. Quelqu’un a dû lui dire que j’y étais», confie Julie, qui précise qu’elle avait laissé ses enfants avec les membres de sa famille.

 

C’est vers 1 heure du matin que son époux Benson, plus connu comme James, un maçon de 27 ans, débarque à la soirée, au volant d’une voiture : «Il m’a vu danser avec un garçon. Il m’a d’abord interpellée pour que je vienne le rejoindre. Mais comme je refusais de sortir, il est entré et m’a forcée à le suivre en me tirant de force par les cheveux. Ceux présents n’ont pas voulu intervenir car il avait un cutter. Il semblait être sous l’influence de l’alcool», se souvient Julie.

 

Le cauchemar commence alors pour la jeune femme. Elle entend encore les bruits de la fête quand elle reçoit le premier coup, raconte-t-elle. Puis, la nuit l’enveloppe, tout comme cette solitude douloureuse, ce sentiment de ne plus rien contrôler, de voir le pire arriver sans pouvoir l’arrêter. L’impuissance est paralysante. Mais elle garde un infime espoir. Lorsque Benson arrête la voiture à la plage publique de Riambel, Julie croit qu’il va se calmer. Elle se trompe : «Il m’a projetée sur le sable et il m’a donné des coups, surtout au visage. Jamais il ne m’avait frappée autant. Je criais, je hurlais, je pleurais mais personne ne m’entendait. Et lui n’arrêtait pas. Il me tapait avec une rare violence. J’ai cru mourir sous les coups de poing.» Elle endurera ce calvaire pendant deux heures, dit-elle.

 

L’horreur

 

Puis, son mari prend la direction, toujours au volant de la voiture, de leur domicile, situé non loin. Sur place, il la roue de coups à nouveau. Julie doit son salut à son beau-frère et à sa belle-mère, qui ont dû intervenir en sa faveur. «J’allais mourir sans eux. Ils ont trouvé un transport pour me conduire dans mon quartier. Une fois sur place, j’ai couru vers la maison de mon grand-père. Ce dernier a, par la suite, sollicité une ambulance pour me conduire à l’hôpital. Sur le coup, je n’avais pas réalisé que j’étais défigurée», souligne la jeune femme.

 

Elle est transportée à l’hôpital de Souillac où elle reçoit les premiers soins avant d’être transférée à celui de Rose-Belle où elle doit faire des radios. C’est à son réveil sur place qu’elle constate l’horreur. Elle peine à voir les premières lueurs du jour. Il lui a fallu plus de 24 heures pour pouvoir ouvrir les yeux. Elle a porté plainte à la police de l’hôpital et a obtenu un Interim Protection Order, le mercredi 1er août. «J’ai dû montrer les photos d’elle avec le visage complètement tuméfié pour l’obtenir», précise sa mère Corine qui l’a aidée à faire les démarches en ce sens. Les conjoints ont rendez-vous en cour, le lundi 13 août, pour cette affaire.

 

La police compte, pour sa part, interroger Benson pour voir comment orienter son enquête. Selon les enquêteurs, ce sera, ensuite, au Directeur des poursuites publiques de décider de la marche à suivre. À savoir que ce n’est pas la première fois que Julie porte plainte contre son époux. Elle l’avait fait après qu’il l’avait rouée de coups en juin, alors qu’ils revenaient d’un concert à l’occasion de la fête de la Musique, à Souillac. Et ce n’était pas la première fois, dit-elle, qu’elle se faisait malmener par son époux. Mais cette agression a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, confie Julie, qui est repartie vivre chez sa mère avec ses enfants. Elle n’avait pas revu son époux jusqu’à ce dimanche 29 juillet fatidique.

 

Leur histoire a commencé il y a bien des années et tout allait pour le mieux. Julie fait la connaissance de Benson dans une fête alors qu’elle n’a que 14 ans et c’est le coup de foudre. Le jeune homme ne tarde pas à lui passer une «bague d’arrêt» puis, deux ans plus tard, ils se marient civilement avec l’accord des parents de l’adolescente, alors que cette dernière vient de tomber enceinte. Julie et Benson ont aujourd’hui deux fils de 2 ans et demi et neuf mois respectivement, et une fille d’un an.

 

Durant quelque temps, il n’y a pas vraiment eu de problème entre eux, mais tout a commencé il y a un an. À cette époque, soutient Julie, son mari a commencé à fréquenter une jeune femme de 21 ans et depuis, tout a changé. «Il n’a plus jamais été le même, il a pris de mauvaises habitudes et a commencé à me tabasser», explique Julie, d’une voix tremblotante.

 

Violente altercation

 

Au début, elle ne pipe mot à sa famille. Ce que confirme sa mère Corine : «Elle ne venait jamais me voir lorsqu’elle avait des bleus. Elle prenait des coups même lorsqu’elle était enceinte. Elle nous a déjà dit qu’elle était tombée dans la salle de bains pour justifier ses bleus.» Il y a quelques mois, la situation se serait envenimée davantage lorsque son époux aurait décidé d’abandonner le toit conjugal pour une escapade amoureuse. «Il avait loué une maison pour y habiter avec sa maîtresse. J’étais sans nouvelle de lui, alors que je devais accoucher de mon benjamin», raconte Julie.

 

Puis, un soir, à sa grande surprise, son époux décide de rentrer à la maison, accompagné de sa maîtresse. «J’ai eu le choc de ma vie ce jour-là. J’ai passé la nuit dans une chambre avec mes enfants. Ils étaient à côté. Le lendemain, j’ai eu une violente altercation avec eux. Les deux m’ont brutalisée», raconte Julie. Elle décide alors de courber l’échine à cause de ses enfants.

 

Mais son époux serait devenu de plus en plus violent. «Il n’arrêtait pas de me tabasser. Il le faisait surtout lorsque je lui demandais de l’argent pour les enfants. Ne pouvant plus subir les coups, j’ai quitté le toit conjugal, il y a un mois», précise la jeune femme.

 

Sa famille et elle ne comprennent pas comment Benson est toujours en liberté après tout ce qu’il lui a fait subir, il y a une semaine. «La police nous a fait comprendre qu’à ce stade, il n’y a que des allégations contre lui. Il n’y a pas de témoins pour l’agression à la plage. Je vois mal sa mère ou son frère déposer contre lui», s’insurge Corine. Nous avons essayé d’avoir la version de Benson, en vain. Il n’était pas chez lui quand nous y sommes allés et un de ses proches nous a fait comprendre qu’il n’était pas souvent là, qu’il y faisait seulement quelques rares  apparitions, puis repartait il ne sait où et que lui-même ne sait rien de l’agression. Nous avons aussi essayé plusieurs fois d’entrer en contact avec Benson sur son numéro de portable que nous avons pu nous procurer mais personne n’a décroché.

 

Entre-temps, Julie dit craindre pour sa sécurité. Corine également car son gendre, dit-elle, l’a déjà blessée à l’œil une fois lorsqu’elle était intervenue en faveur de sa fille. La peur s’est installée dans leur cœur depuis cette terrible agression qui a défiguré la jeune maman.