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Vinod Seegum : «Être un bon usager de la route, cela s’apprend à un très jeune âge»

C’est en ciblant les jeunes que Vinod Seegum, président de la Government Teacher’s Union, espère voir diminuer le nombre de morts sur nos routes. C’est à travers l’ONG Action for Road Safety qu’il aspire à former un groupe d’enseignants qui transmettront par la suite leur savoir aux élèves. Une marche est aussi prévue le samedi 13 mai, de St Jean au Plaza, à Rose-Hill. Quelques explications.

Qu’est-ce que l’Action for Road Safety ?

 

La Government Teacher’s Union (GTU) est le principal syndicat dans le secteur de l’éducation. On a 6 000 membres à Maurice, Rodrigues et Agaléga. On s’est engagé dans beaucoup de mouvements mais on pense qu’un groupe syndical ne devrait pas uniquement agir de façon revendicative, et ne réclamer que de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail. Un syndicat se doit aussi d’œuvrer sur le plan social. Au niveau de la GTU, on l’a fait dans le passé. Quand il y avait le tremblement de terre au Népal, par exemple, on avait fait une contribution avec tous les enseignants. Actuellement, on fait une collecte auprès des enseignants pour Madagascar. J’irai peut-être personnellement dans la Grande île pour remettre notre contribution. Et l’Action for Road Safety (ARS) a vu le jour car on a décidé de s’engager et d’apporter notre contribution pour lutter contre les accidents de la route. Cela s’est fait par la force des choses, vu le nombre de morts sur nos routes.

 

Quel sera le rôle de cet organisme ? 

 

On est tous les jours témoin de ces tristes nouvelles. Et cela nous affecte. On voit d’ailleurs ces histoires notamment dans votre journal ; soit des proches qui pleurent leurs disparus, soit un jeune qui est cloué au lit après un accident. Personne ne peut rester insensible face à ces réalités. C’est pour cela que l’ONG a été créée. L’association est aussi enregistrée. On ne prétend pas détenir la solution pour stopper les accidents. Loin de là. Il y a des campagnes de sensibilisation mais plus il y en a, mieux c’est. Et de notre côté, on veut apporter notre pierre à l’édifice. Notre cible, c’est les jeunes, les enfants. Si on réussit à inculquer aux enfants la nécessité d’être responsable au volant et sur les routes, ce sera déjà une petite avancée sur ce long chemin. 

 

Pourquoi les jeunes ?

 

Si à un jeune âge, un enfant se familiarise avec la bonne conduite à adopter sur la route, on se dit que c’est déjà un bon début car il a plus de chance de devenir un bon conducteur ou usager de la route plus tard. C’est peut-être un peu tard pour corriger les chauffards car, comme on le sait, c’est difficile de changer une personne ou les mauvaises habitudes passé un certain âge. Par contre, il est encore temps d’inculquer de bonnes valeurs à nos jeunes. On voyage tous, on est souvent sur les routes et nous voyons ce qui s’y passe, qu’il s’agisse de conduites imprudentes ou de manques de courtoisie sur nos routes. Et nous pensons qu’on peut rectifier le tir, d’où notre initiative. 

 

Comment allez-vous opérer ?

 

Notre priorité sera l’éducation des jeunes sur l’importance d’être responsable sur les routes, qu’il s’agisse des lois ou des codes de la route mais aussi des bonnes habitudes à adopter. Notre première activité sera une marche de St Jean jusqu’au Plaza, à Rose-Hill, le samedi 13 mai. Il y aura un millier d’enseignants et nous projetons aussi d’avoir la participation des élèves qui devront être sous la responsabilité de leurs parents. Cette marche bénéficie de la collaboration du ministère des Infrastructures publiques, notamment de Daniel Raymond, mais aussi de la police et des mairies de Quatre-Bornes et de Rose-Hill, de même que du ministre Nando Bodha qui croit en notre vision. Il sera peut-être présent ce jour-là. On veut contribuer à faire naître une prise de conscience chez les Mauriciens. 

 

Dans la pratique, comment est-ce que le ARS va travailler avec les enfants ?

 

Sur la page Facebook de la GTU, la conscientisation a déjà commencé avec les enseignants du syndicat. Lors de notre AGM, où 1 600 enseignants étaient présents, nous avions aussi partagé notre projet. Le ministère, avec son nouveau système éducatif – le Nine-Year Schooling –, a prévu d’avoir des holistic teachers qui vont travailler sur la question de sécurité routière auprès des jeunes Mauriciens. Si pour l’instant, on n’entend rien sur le sujet, cette éventualité avait toutefois été évoquée. On ne sait pas quand ça va venir ni sous quelle forme. 

Au nouveau de la GTU, nous voulons que ce projet prenne vie au plus vite. Les circonstances et l’actualité obligent ! Si par notre action, nous arrivons à prévenir un seul accident de la route, ce sera déjà un plus pour le pays. Il y aura aussi des sessions de travail entre les enseignants et Daniel Raymond, conseiller du gouvernement à la sécurité routière, de même que d’autres sessions de formation avec d’autres ONG spécialisées dans la lutte contre les accidents de la route et même la police. Un groupe d’enseignants sera ainsi formé sur la sécurité routière. Ces personnes iront par la suite dans les écoles pour s’adresser aux enfants lors des assemblées du matin. 

 

Les enseignants seront-ils armés pour ce genre de cours ?

 

Une fois formés, ils le seront. 

 

Des campagnes, il y en a beaucoup. Pourquoi croyez-vous que celle d’ARS aura un impact positif ?

 

Les enseignants ont un contact direct avec les élèves. Qui mieux que nous pour transmettre un savoir, une façon de faire, une directive. Ces mêmes élèves, une fois avec leurs parents sur la route, pourront leur dire ce qu’ils font de mal au volant car ils seront informés et sauront ce qu’on peut et ne peut pas faire sur la route. Il y aura la distribution de posters et d’autres documents que les enfants pourront afficher chez eux. Quand un enfant interpellera ses parents, ces derniers l’écouteront. C’est ce que nous voulons développer. 

 

Croyez-vous que les jeunes sont conscients du danger de la route ? Est-ce qu’ils se sentent concernés ? 

 

C’est notre devoir de leur faire prendre conscience de cela. Nous devons tous nous mobiliser, que ce soit les parents, les enseignants ou les autres citoyens. On ne peut continuer ainsi et laisser autant de jeunes mourir dans des accidents. Je dois d’ailleurs remercier 5-Plus pour sa campagne #Pourceuxquirestent. Le pays a besoin de ce genre d’initiatives. Il faut que nos jeunes voient, comprennent et réalisent qu’il y a des dangers qui les guettent sur la route. Comme toutes les choses dans la vie, être un bon usager de la route, cela s’apprend à un très jeune âge. Si ces valeurs sont enseignées à l’école, on pourra certainement changer les choses. Nous n’avons aucun agenda caché. Nous aspirons seulement à une île Maurice meilleure. Il nous faut nous unir et nous allons travailler avec l’ONG d’Alain Jeannot. Il s’agit de l’avenir de nos enfants. 

 

Comment s’annoncent les choses ?

 

Nous avons déjà eu quelques réunions avec le ministère des Infrastructures publiques. Des formations seront bientôt organisées avec Daniel Raymond qui nous a accordé son soutien. Personne n’est à l’abri d’un accident. Cela n’arrive pas qu’aux autres. J’invite tous les Mauriciens à venir marcher pour cette noble cause. Trop, c’est trop. Pour un petit pays comme Maurice, nous ne pouvons accepter autant de morts sur nos routes. 

 


 

Bio express

 

Habitant à Solferino, c’est à l’âge de 20 ans que Vinod Seegum anime sa première classe à l’école de La Visitation, à Vacoas, après s’être essayé comme douanier et clerk à la Cour suprême. Son certificat de Form V en poche, Vinod a fait son A Level en tant que candidat privé. Un de ses amis le conseille alors de faire un DEUG de droit à travers des cours dispensés à la Cour suprême. Après deux ans, il finit toutefois par abandonner cette filière, convaincu que sa place sera toujours dans l’enseignement. Marié à Shakuntallah en 1981, le syndicaliste a deux fils : Ashvin et Neeshaal. C’est en compagnie d’Eugène Fabien que Vinod Seegum a fait ses premiers pas au sein de la Government Teacher’s Union comme délégué.