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Une caravane contre la drogue : L’espoir en route

Le ministère de la Jeunesse surfe sur la vague des vacances avec un concept un peu vieillot. Mais qui pourrait bien avoir un petit quelque chose de génial !

D’un rien. Il suffit parfois de pas grand-chose. D’une bonne idée, d’une initiative qui sort de l’ordinaire, d’une simple envie de faire quelque chose. Et cet éclair, qui peut sembler banal au premier regard, peut illuminer, transformer, aider. Dans le combat contre la drogue, tous les essais sont bons à prendre. Cette semaine, le juge Paul Lam Shang Leen, président de la Commission d’enquête sur la drogue, s’est interrogé sur la présence des drogues dans les écoles. D’ailleurs, les drogues synthétiques ont certainement changé la donne de l’accès aux stupéfiants dans les établissements scolaires (des collégiens pouvant «créer» leurs propres «cocktails»). Et si le ministre de la Santé, Anil Gayan, estime que le fléau des drogues synthétiques n’est pas «alarmant», à la Jeunesse, on a décidé de s’activer en profitant des vacances pour toucher le maximum de zeness avec la Caravane de l’Espoir.

 

On peut lire dans le descriptif du projet ces quelques lignes : «Avec l’arrivée de nouvelles drogues, dites synthétiques, il y avait un besoin urgent d’intervenir en vue de conscientiser (…) sur les dégâts que ces drogues causent (…) particulièrement chez les jeunes.»Dans quelques jours, cette Caravane de l’Espoir s’arrêtera dans la région de Beau-Bassin-Rose-Hill, en principe le 19 novembre (après une première sortie à Port-Louis, de Roche-Bois au Jardin de la Compagnie, le samedi 5 novembre). À l’heure des smartphones, des tablettes, des réseaux sociaux et de la génération connectée, les autorités ont décidé de descendre lor koltarpour rassembler, sensibiliser, éduquer et prévenir. Une initiative presque anachronique (ah, le bon vieux rallye des jeunes !) ? Pas tant que ça, estiment les chevilles ouvrières de la Caravane de l’Espoir.

 

Une technique d’expression et de partage pourrait bien faire la différence (même s’il ne s’agit que d’une goutte d’eau dans l’océan de ce qui est nécessaire pour contrer le problème). Est-ce que vous connaissez le théâtre de l’opprimé (en anglais, theatre of the oppressed) ?On vous explique : d’abord, il y a une pièce, un échange entre acteurs (rien de neuf !) sur une thématique sociale. En général, la fin de cette fiction n’a rien de réjouissante (catastrophes, morts, lynchages…).  Mais le meneur de jeu propose alors aux membres du public d’apporter leurs idées à des moments importants de la trame afin de modifier l’histoire. Ils deviennent donc des «spect-acteurs» : ce qui leur permet de réfléchir à des sujets, les pousse à formuler des opinions, de prendre position (si besoin), d’analyser cette réalité qu’ils côtoient et d’exprimer leur ressenti par rapport à des «événements».

 

«L’acteur meurt…»

 

Raj Gokhool, qui anime ses ateliers lors des sorties de la Caravane, a un exemple qui explique tout :«Imaginez que vous regardez Le Titanic. L’acteur meurt, ça vous rend triste. Mais vous avez la possibilité de changer le cours de l’histoire, de dire qu’il faudrait qu’il prenne cette itinéraire, qu’il prenne cette décision plutôt qu’une autre…» Le fait d’être partie prenante changerait tout. C’est du moins une des théories de cette technique de théâtre créée par le Brésilien Augusto Boal, dans les années 60, et expérimentée dans les favelas de São Paulo en vue de promouvoir le changement sociétal et politique. Pour l’homme de La Comédie mauricienne, la sensibilisation théorique – sur les do’s and don’ts, explique-t-il – est essentielle, mais il faut aller un peu plus loin : «On arrive comme cela à sensibiliser les jeunes et les moins jeunes sur les social issues, en jouant des scènes de la vie, en interpellant, en improvisant des forums-débats.»

 

Les «animateurs» ne sont donc que des jouets de la fable réinventée… pour le meilleur (en toute logique) : «Nous ne jugeons pas, c’est ça notre force. Nous ne faisons pas de leçons de moralité non plus. C’est le public qui détient la solution et qui la partage.»Pour Shakeel Maiharaub, Principal Youth Officerdu ministère, c’est l’approche qui fait la différence. Et le souhait de jouer sur le visuel, sur les slogans percutants (sans hashtagnéanmoins, ni présence sur les réseaux sociaux), est aussi important. Il parle de T-shirts, de banderoles, d’équipes de jeunes venant des ONG impliquées qui «drivent» d’autres jeunes dans l’esprit d’un mouvement pour et par les jeunes (comme une impression de déjà vu ?). Tout cela avec un sentiment d’urgence. Il est temps de s’attaquer au «gros problème de la drogue», confie-t-il : «C’est difficile – mais pas impossible – d’aider ceux qui ont déjà succombé à s’en sortir, c’est pour cela qu’il est essentiel de sensibiliser les jeunes avant même qu’ils ne touchent aux drogues.»

 

Un programme pas vraiment 2.0 (pour l’instant, du moins). Néanmoins, Raj Gokhool estime que la technologie connectée s’invite tout naturellement à chaque rencontre avec les jeunes. Il n’y a rien à provoquer (mais il aurait été, quand même, intéressant d’accompagner). Les smartphones et les réseaux sociaux sont des outils qui peuvent faire circuler le message : «Un jeune présent filme et partage. En une sortie, nous touchons d’autres jeunes qui n’étaient pas présents  ou alors qui ne voulaient pas s’exprimer par timidité mais qui vont le faire sur les réseaux sociaux.»

 

Il croit en chaque Caravane – qui, en plus des pièces interactives, comprend des marches et des conversations visant à sensibiliser –, à son pouvoir de faire la différence : «Si chaque sortie que nous faisons sauve une vie, ça en vaut la peine.»

 

Et parfois, il suffit d’un rien.

 


 

Ça va bouger !

 

Une image. S’il doit en garder une de la Caravane de l’Espoir du samedi 5 novembre, c’est celle de ce garçon «à peine âgé de 8 ans», confie Raj Gokhool. Au moment de la marche, alors que toute l’équipe se trouve à Roche-Bois, «le premierspot», et fait passer son message en scandant le fameux «La drog – ar mwa non !» : «Les adultes nous regardaient un peu de loin. Ils étaient intrigués mais n’approchaient pas. Et là, un petit gars fait le pas vers nous. Il s’appelle Nolan et il nous dit qu’il va marcher avec nous. Ça a permis de briser la glace. C’est beau l’innocence des enfants.»

 

Un itinéraire. Cette première sortie a débuté auSt François Xavier Stadium, puis est passé par Roche-Bois, Sainte-Croix, Cité-La-Cure, Vallée-des-Prêtres, Cite Martial, Plaine-Verte, Vallée-Pitot, Tranquebar, pour finir au Jardin La Compagnie.

 

Le rythme. Cette caravane est organisée chaque quinzaine et a lieu les samedis.

 

Dans le futur. La prochaine étape ? La région de Beau-Bassin/Rose-Hill. La tournée des villes et villages continuera jusqu’en mars 2017. «Nous donnons à cette initiative une dimension nationale», confie Shakeel Maiharaub, Principal Youth Officer.