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Trafic de cadavres allégué

Le Krishnanand Seva Ashram

L’affaire du trafic de cadavres allégué qui éclabousse  l’hospice de Calebasses depuis deux semaines a connu  de nouveaux rebondissements cette semaine, notamment,  avec une plainte du ministère de la Sécurité sociale contre l’ashram à la police. Ce ministère soupçonne le Krishnanand Seva Ashram de détournement de fonds du fait que le flou plane sur une somme d’argent versée pour organiser les funérailles de quatre résidents dont les obsèques n’ont jamais eu lieu. Mais pour le directeur de cet établissement, toute cette affaire demeure un énorme mystère.

Pas question de laisser planer le doute. Premchand Boojhawon, directeur du Krishnanand Seva Ashram de Calebasses, préfère, dit-il, opter pour la transparence et dire les choses telles qu’elles sont concernant l’affaire qui éclabousse son institution. Mais la vérité, c’est qu’il semble lui-même ignorer les tenants et les aboutissants de cette sombre affaire. Du moins, c’est ce qu’il affirme. Depuis qu’une lettre anonyme a circulé faisant état de transferts de cadavres de pensionnaires de cet hospice vers des écoles de médecine, et ce contre paiement, cette institution est secouée par le scandale connu Et le vendredi 18 avril, un rebondissement de taille est survenu dans cette enquête avec une plainte formelle déposée à la police par un officier du ministère de la Sécurité sociale contre le Krishnanand Seva Ashram. En effet, une enquête interne a révélé que l’hospice avait reçu des allocations du gouvernement pour organiser les funérailles de quatre de ses résidents. Or, selon nos sources, les obsèques de ces personnes n’ont jamais été organisées. Un fait que Premchand Boojhawon dit ignorer. «Je ne suis pas au courant de cette affaire. Je n’ai jamais entendu parler de cela», avance-t-il.
 

 

Premchand Boojhawon, directeur de Krishnanand  Seva Ashram, explique que depuis son arrivée en 2007, aucun corps n’a été offert aux écoles de médecines.

Justement, ces quatre cadavres en question font-ils partie des 13 corps retrouvés récemment au SSR Medical College ? À cette question, un officier proche de l’enquête ne confirme ni n’infirme cette possibilité. Quoi qu’il en soit, pour avancer une thèse pareille, voire même certifier que ces quatre cadavres n’ont pas été inhumés, les enquêteurs doivent bien être en présence de ces corps. Et que se passera-t-il si ces accusations contre l’ashram s’avèrent vraies ? «Si l’ashram est trouvé coupable de ces soupçons de détournement de fonds, son directeur risque une amende de Rs 50 000. De plus, l’établissement risque de voir ses activités être suspendues», souligne-t-il.

Outre sa déposition à la police, le ministère de la Sécurité sociale a sollicité l’aide du ministère du Travail pour qu’il enquête de son côté sur le fonctionnement du Krishnanand Seva Ashram. En tout cas, depuis le début de cette affaire, l’image de cet hospice a pris un sacré coup et plusieurs personnes sont même allées jusqu’à réclamer sa fermeture. Mais Premchand Boojhawon, lui, persiste et signe : il ne voit aucun mal à ces transferts de cadavres. «Cette pratique de transfert de cadavres avait été mise en place par l’ancienne direction. Il n’a jamais été question de vente de cadavres. On remettait les corps non réclamés au SSR Medical College uniquement pour venir en aide aux étudiants mauriciens qui n’avaient pas les moyens de se payer des études à l’étranger afin qu’ils puissent faire des exercices pratiques en anatomie», précise le directeur de l’ashram que nous avons rencontré sur son lieu de travail, à Calebasses, le jeudi 17 avril.

Et selon lui, lorsqu’il a pris la direction du Krishnanand Seva Ashram en 2007, aucun exercice de handing over n’a eu lieu entre son prédécesseur et lui. D’où le fait, dit-il, qu’il ne peut certifier avec exactitude le nombre de cadavres qui ont été transférés au SSR Medical College. «D’après l’enquête de la police, nous avons conclu que les corps de six ex-pensionnaires de l’ashram avaient été transférés au SSR Medical College entre 2001 et 2007. Et maintenant, on avance qu’il y aurait un septième qui proviendrait de chez nous. Mais je ne sais pas de qui il s’agit et je ne peux pas non plus retracer l’identité de cette personne du fait que l’Attendance Records Book où sont inscrits les noms des résidents, leurs dates d’admission et celles de leur décès a été saisi par la police pour les besoins de l’enquête», explique Premchand Boojhawon. Il précise que son personnel vérifie la présence de chaque résident deux fois par jour, soit le matin et le soir.

Règles stricts

L’homme avance également que le Krishnanand Seva Ashram a des règles très strictes concernant l’admission d’un pensionnaire et sa prise en charge jusqu’à son décès. «Le ministère de la Sécurité sociale est informée de chaque inscription. Parfois, il y a des gens qui veulent faire admettre leurs aînés ou alors les personnes âgées nous sont référées par les autorités. Une fois les formalités effectuées, la Sécurité sociale nous verse un capitation grant de Rs 210 minimum par jour et par tête de résident. Cette somme varie selon l’âge de la personne. De plus, chaque résident a un pocket money mensuel de Rs 560. Pour les internes qui ont des problèmes mentaux, nous achetons ce dont ils ont besoin avec ces Rs 560 et on garde toujours les factures», fait ressortir notre interlocuteur.

Concernant les suivis médicaux, dit-il, deux médecins du ministère de la Santé effectuent des visites à raison de deux fois par semaine. «En cas de décès, on fait également appel à eux pour qu’ils viennent le certifier. Puis, on informe la famille du défunt. S’il n’a pas de famille, on transfère le corps à la morgue de l’hôpital SSRN et c’est cet établissement qui se charge des démarches en vue d’incinérer ou d’enterrer la personne.» Mais apparemment, les choses ne se passent pas toujours comme cela. Car lors de la session parlementaire de mardi dernier, le ministre de la Santé, Lormus Bundhoo, a déclaré, suite à une Private Notice Question sur cette affaire, que les hôpitaux Jeetoo et Victoria ainsi que le département de la police avaient aussi transféré des cadavres au SSR Medical College. Là où 13 corps ont été retrouvés la semaine dernière.

Après enquête, il s’avère que deux des défunts en question n’ont jamais eu de certificat de décès, ce qui veut dire que leur mort n’a pas été signalée au bureau de l’état civil. Autre fait très troublant : le corps d’un adolescent de 15 ans, ex-interne à l’hôpital Brown-Séquard à Beau-Bassin, mort le 1er septembre 2001 et dont le décès a été déclaré seulement le 27 septembre de cette année, a également été retrouvé au SSR Medical College. Idem pour un SDF décédé le 13 décembre 2001 dont le corps est supposé avoir été inhumé dans une fosse commune aux Salines, mais qui a été finalement retrouvé au SSR Medical College. Outre ce dernier, l’Anna Medical College de Solitude et le Mauras College of Dentistry seraient également concernés par ce trafic de cadavres allégué.

Malgré nos nombreuses sollicitations, Anoop Jhory, le directeur de l’Anna Medical College, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Alors que du côté du Mauras College of Dentistry, le mail envoyé par 5-Plus dimanche est resté sans réponse.

 

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