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Thérapie à Les Mariannes Wellness Center : Là où on se réinvente… loin des addictions

Une cure de désintox ? C’est bien ce que font les stars, non ? À Maurice, une clinique, à mi-chemin entre le centre de soins et l’hôtel, en a fait une de ses spécialités…

Perdu dans son monde. En ce moment, il fait le vide pour la plus grande de ses batailles : vaincre son addiction aux drogues dures. Il écrase sa cigarette, le regard perdu au loin. Comme s’il ne voyait plus la vue à couper le souffle qui s’étire devant lui. Comme s’il ne pouvait, pour l’instant, s’émerveiller des différentes teintes de bleu, entre l’océan et le ciel, qui s’épanchent vers le vert des plantations d’ananas.

 

Cet homme d’âge mûr, qui passerait sans problème pour un touriste profitant de ce début d’été ensoleillé, est à Maurice pour un voyage en lui et pour lui. D’où il vient ? Qui est-il ? Nous ne vous le dirons pas. D’ailleurs, bientôt, il repartira dans son pays, comme il est venu : dans l’anonymat. Sera-t-il alors libéré de son enfer ? C’est possible. Il a quelques jours pour vaincre ses démons (ou, du moins, essayer de les maintenir à distance raisonnable).

 

Pour cette bataille intime, il a choisi de déposer ses valises et ses terreurs à Les Mariannes Wellness Center, un centre de bien-être qui traite, entre autres choses, des addictions (à l’alcool, aux drogues, aux médicaments, au sexe, au jeu – pour ne citer que ceux-là). Comment et pourquoi a-t-il choisi Maurice pour ce renouveau ? Il ne nous le dira pas. Il ne parlera pas non plus de son combat. En fait, il ne parlera pas tout court. L’homme ne veut simplement pas s’exprimer, explique un de ses accompagnateurs, en cette fin de matinée du mercredi 5 octobre.

 

La cure de désintoxication étant un moment éprouvant, il n’est pas facile de trouver la force de mettre des mots sur ce que l’on vit. Avec lui, neuf autres personnes (dont huit Mauriciens) vivent le même parcours actuellement. Et ils ont choisi ce lieu, où l’invitation à la sérénité est posée dès l’entrée. Ils ont la volonté et aussi les moyens financiers, il faut le dire, de s’en sortir.

 

Ici, il n’est pas question de méthadone ou autre suboxonepour venir à bout de l’addiction aux drogues, par exemple (ni de faire la queue devant un poste de police pour sa dose de médicament quotidienne). Mais ce cadre et ces soins ont un prix (environ Rs 9 500 par jour pour une cure de 7 à 28 jours) et ne sont, malheureusement, pas accessibles à un grand nombre d’addicts mauriciens.

 

Néanmoins, au-delà de ce tarif qui peut sembler lourd, de la vue imprenable, des cabines de soins au top, de la piscine en pleine nature, au quotidien, ce sont des vies chamboulées qui évoluent dans cet espace qui ne se veut pas hôpital et qui a des allures de lieu de vacances. Ici, on se targue de pouvoir guérir des addictions grâce à une méthode internationalement reconnue, renforcée par le savoir des médecins de ce «sanctuaire». On y prend en charge le développement holistique de l’individu en proie à une ou des addictions. Comment ça se passe ?

 

Points d’énergie

 

Tout commence par une prise de rendez-vous, puis une consultation. Là, un médecin réalise un Neurofeed Check(à Rs 3 000), explique Corinne Geneviève, PR & Sales Executive : «Dans le corps, il y a sept points d’énergie. Cette machine qui vient de la Russie permet de savoir quels sont les points qui ne sont plus alignés correctement.» Ce débalancement est un symptôme (ou une des causes) de l’addiction et permet d’affiner les détails de la cure : «Chaque personne a une histoire, un parcours différent. Il ne faut pas oublier que le traitement dépend de ces paramètres-là. Il est impossible de mettre sur pied le même programme pour tous. Nous travaillons sur l’individu», confie le Dr Siddick Maudarboccus, le directeur de cet établissement (qui répond à nos questions en hors-texte).

 

Médecins (pour le traitement médicamenteux visant à réduire, entre autres, les effets du manque), psychologues et psychiatres pour l’accompagnement, responsables de classes de yoga, de méditation et de session de mindfulness(pour se reconnecter avec l’instant présent et le monde environnant), thérapeutes pour les massages détoxifiants et thérapeutiques (concernant les points marmadu système ayurveda) et pour de l’acupuncture chinoise pour le rééquilibrage. Mais aussi profs de fitness pour la remise en forme et cuisiniers pour le retour à une alimentation goûteuse et équilibrée ; toute une équipe accompagne les personnes qui veulent se sortir de leur addiction.

 

Dans cet environnement loin de tout, on s’occupe donc du physique, mais aussi de l’esprit, on s’attarde sur la spiritualité (sans verser dans la religion), on s’attelle à la reconstruction de l’âme et on s’intéresse aux blessures qui poussent vers l’addiction : «Il faut construire une autre personne qui repartira sur de nouvelles bases.» Mais avec le retour à la vie quotidienne, loin de tout cet encadrement, dans les schèmes des habitudes et des amitiés, comment résiste la personne ? «C’est pour cela qu’il y a tout ce travail d’accompagnement et de reconstruction», poursuit le docteur qui explique qu’un suivi est organisé avec des rencontres hebdomadaires au centre.

 

Parfois, des groupes de parole se forment de manière spontanée. Les liens ne sont donc jamais rompus : «Nous pouvons être fiers de notre taux de réussite. Et nous sommes une référence dans le domaine.» C’est certainement pour cela que l’homme que nous croisons dans les allées du Wellness Centera quitté son pays pour s’aider lui-même, pour se retrouver loin de ses addictions... et se construire un nouveau monde.

 


 

Questions au… Dr Siddick Maudarboccus

 

L’addiction, c’est quoi ?

 

On peut parler d’addiction quand on estime qu’on a besoin de cette substance (ou d’autre chose) pour fonctionner et qu’on a besoin d’elle en dose grandissante.

 

Comment elle s’installe ?

 

L’addiction affecte une partie du cerveau. Les neurotransmetteurs ne fonctionnent pas correctement. Il est nécessaire de les réaligner. Souvent, tout commence par un mal-être, une dépression.  C’est comme pour tout le monde, on ne se sent pas bien : on va sur les comfort foods, on se grille une cigarette. Certains s’arrêtent là. D’autres en cherchent plus pour se sentir mieux. La dopamine, c’est l’hormone qui va permettre de feel good. Et la drogue multiplie cet effet par 10, par 20.Il y a aussi une curiosité, une envie d’expérimenter chez les jeunes qui existent.

 

Comment elle change la vie ?

 

Les relations changent. La façon de fonctionner aussi. Le travail en pâtit. Le couple, la vie familiale, aussi. Il y a un déséquilibre. La personne commence à mentir, socialement elle devient un poids lourd. Elle s’éloigne des siens, s’enferme dans son monde avec les personnes qui lui permettent d’avoir accès à l’objet de son addiction.

 

Qui sont ces personnes qui sollicitent votre aide ?

 

Il y a des professionnels bien établis, d’une part, qui ont fait face à un passage à vide et qui se sont tournés vers les drogues. Et puis, d’autre part, il y a des jeunes qui se sont laissés emporter par l’envie d’essayer sans pouvoir s’arrêter. En général, ce sont leurs parents qui nous contactent.

 

Vous n’utilisez ni méthadone ni suboxone, pourquoi ?

 

Ce sont des cousins des drogues classiques. Nous prônons une approche holistique différente de ce qui est proposé par les autorités. Ceci dit, la meilleure façon d’utiliser ces substances, c’est de diminuer la dose sur un time-framebien précis. Mais pour cela, il faudrait connaître la personne, pouvoir mettre en place un traitement sur la durée avec, pour but, de réduire la consommation petit à petit. Mais tout ça n’est pas suffisant si on n’encadre pas les toxicomanes dans leur recherche d’une nouvelle vie, avec la possibilité de trouver un emploi. Il faut leur insuffler de l’espoir, l’envie de vouloir autre chose, de se construire autrement.

 

L’accompagnement psychologique est essentiel ?

 

Oui, il y a des douleurs émotionnelles qu’il faut gérer, qu’il faut relâcher. Il faut que la tempête se calme. Il faut casser l’habitude de la drogue et, pour cela, il faut reprogrammer la personne.

 

Et les risques de rechute ?

 

Bien sûr qu’il y en a : l’addiction, c’est un monstre caché. Mais à la fin de la thérapie, nous organisons des sessions pour aider ces addictà mettre en place les stratégies psychologiques à mettre en place pour faire face aux tentations.

 

L’addict doit-il faire le pas lui-même ?

 

En général, oui. Mais il arrive qu’on ait besoin de le convaincre. Mais il sait qu’au fond de lui il faut qu’il se prenne en main. Ça, c’est essentiel. Si la personne a de la volonté, on peut lui faire vivre beaucoup de choses difficiles. Il est prêt à s’en sortir et il acceptera de s’ouvrir, de se donner à fond. Il a connu l’enfer et ne veut plus y retourner. C’est une de ses forces.