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State Recognition Allowance Scheme : Stephan Buckland fait de la résistance

Sheila Seebaluck, Chief executive officer du Trust Fund for Excellence in Sport.

L’ex-sprinteur mauricien fait parler de lui depuis une semaine parce qu’on a supprimé son allocation. Les autorités campent sur leur position tout comme le principal concerné.

Depuis une semaine, la prise de position de Stephan Buckland défraye la chronique, tant dans les médias que sur les réseaux sociaux. L’ex-sprinteur mauricien revendique le droit de ne pas avoir à présenter un certificat de caractère (anciennement connu comme certificat de moralité qui est preuve de bonne conduite) pour l’obtention de son allocation dans le cadre du State Recognition Allowance Scheme (SRAS). L’Etat accorde une allocation financière aux anciens sportifs mauriciens ayant fait honneur au pays sur la scène internationale.

 

Les questions fusent de toutes parts sur la motivation de celui qui a amené le pays à tutoyer le gratin du sprint mondial au début des années 2000, et sur les raisons des autorités d’exiger le fameux document. «C’est par principe que je ne vais pas produire de certificat de caractère. C’est mon combat, car j’estime que je n’ai pas besoin de présenter ce document pour avoir cette allocation après avoir fait honneur au pays. C’est une démarche personnelle de ma part et je vous rassure que je n’aie pas eu de démêlés avec la justice. J’agis sur une question de principe», rétorque Stephan Buckland dont le montant alloué serai inférieur à Rs 7000.

 

Ce dernier dit ne pas comprendre les raisons des autorités d’exiger ce document. «Je me demande si on est en train de demander ce document par rapport à ce qu’on a accompli dans le passé ou ce qu’on est aujourd’hui. Ma position est claire, et je le redis, je ne vais pas produire de certificat de caractère par principe. L’argent ne m’intéresse pas, même s’il apporte un plus dans la vie. Je sais qu’il existe d’autres bénéficiaires qui sont solidaires avec ma démarche mais par crainte ne viennent pas de l’avant», lance l’ex-sprinteur mauricien, qui s’est reconverti en entraîneur de sprint au sein d’un des High Performance Training Centres  basé  à Réduit.

 

Changement de procédure

 

Mais du côté du Trust Fund for Excellence in Sport (TFES), instance responsable de la gestion de cette allocation, on voit la chose différemment. Sheila Seebaluck, Chief executive officer de cet organisme, avance que des critères ont été mis en place dès la création de ce scheme et que ce document a uniquement une fonction administrative. «Les anciens athlètes qui sont éligibles à cette allocation ont besoin de remplir un formulaire. Sur ce document, il est mentionné que les bénéficiaires doivent produire un ‘character certificate’ puisqu’ils doivent préciser s’ils ont commis des offenses graves ou pas. Par-là, je veux dire des délits liés à la drogue ou au meurtre et non de petites infractions comme une contravention. Si une personne maintient qu’il n’a rien fait, on ne va pas mettre en doute sa parole mais comment le justifier, c’est là qu’intervient précisément ce document. D’où l’importance de ce critère. C’est purement pour des besoins administratifs», explique Sheila Seebaluck.

 

Selon nos renseignements, seul Stephan Buckland refuse de se soumettre à cet exercice sur la bonne centaine de bénéficiaires de cette allocation de l’Etat. Le principal concerné apporte un autre éclairage sur les procédures pour  empocher cet argent. «Je sais que pour moi, c’est à partir de janvier de cette année que j’ai commencé à avoir cette allocation, et c’est à partir de mars qu’on vient dire qu’il y a un nouveau formulaire à remplir tout en produisant une preuve d’identité, le numéro d’un compte bancaire, certificat de caractère et une preuve des résultats qu’on a accomplis. Et voilà, c’est suite à ma désapprobation de soumettre un document qu’on a supprimé mon allocation depuis trois mois», souligne notre interlocuteur. Cela explique pourquoi c’est maintenant que celui qu’on avait surnommé le TGV de Mangalkhan a décidé de faire entendre sa voix.

 

La CEO du TFES précise que son institution n’a nullement l’intention de pénaliser l’ex-sportif, mais que c’est aussi par principe qu’on demande aux anciens athlètes de produire ce certificat. Sheila Seebaluck mentionne qu’actuellement ils sont 105 anciennes gloires du sport mauricien à bénéficier de cette allocation et que le TFES ne peut pas faire d’exception pour un seul cas. «Je comprends quand Stephan dit qu’il a ses principes mais qu’en est-il des autres qui ont respecté le principe de produire ce certificat ? Cette allocation est l’argent des contribuables et de l’Etat mauricien il y a des critères à respecter», fait remarquer l’ex-championne d’athlétisme.

 

Elle précise que cette procédure a été mise en place depuis le début pour s’assurer que les bénéficiaires ne portent pas atteinte à l’image du pays à travers des actions illicites. «Tous ces anciens athlètes sont des exemples pour nos jeunes. À travers eux, nous voulons véhiculer une image positive afin que notre jeunesse puisse s’épanouir et s’en sortir malgré les difficultés qu’ils peuvent rencontrer dans la vie. Nous ne sommes pas là pour empêcher les anciens sportifs de toucher leur dû. Au contraire, nous cherchons encore à retracer d’autres qui sont éparpillés en dehors du pays afin que leurs sacrifices n’aient pas été vains», commente Sheila Seebaluck.

 

Celle-ci ajoutera que le TFES a, depuis le mois de mars, pris contact avec l’ex-champion mauricien pour que celui-ci présente le précieux certificat de moralité, mais que les sollicitations sont restées sans suite. Sheila Seebaluck terminera en annonçant que Stephan Buckland pourra toucher son allocation et l’utiliser comme il le convient aussitôt qu’il produira ce document. Chose que l’ex-sprinteur mauricien ne compte pas faire.

 

La procédure pour l’obtention de cette allocation

 

Pour pouvoir bénéficier de cette allocation, il faut être Mauricien et avoir été médaillé aux Championnat d’Afrique seniors ou des compétitions plus importantes. L’athlète doit aussi avoir dépassé l’âge de 35 ans et déjà pris sa retraite sportive. Ainsi, il aura à remplir un formulaire pour le SRAS et produire une attestation de sa performance. Le formulaire devra aussi avoir le tampon de sa fédération et la signature du président de cette instance fédérale. Par la suite, le sportif devra remettre le formulaire au TFES et présenter sa carte d’identité et un certificat de moralité. Sa demande sera approuvée lors de la réunion mensuelle du bord du TFES rendant l’ex-sportif éligible à cette allocation.

 

Déjà 105 bénéficiaires

 

Le SRAS a vu le jour l’année dernière, suite à une décision de l’Etat de valoriser et de rendre hommage aux anciens sportifs qui se sont sacrifiés pour faire honneur au pays. Une démarche qui a beaucoup plu,  d’autant que le mouvement sportif réclamait la mise en place d’un système de pension pour les anciens athlètes depuis un certain temps.

 

Cependant, l’allocation financière ne concerne pas tous les médaillés mais seulement ceux à partir des Championnats d’Afrique jusqu’aux Jeux olympiques et Paralympiques. Les bénéficiaires touchent entre Rs 3 000 à Rs 10 000 selon la teneur de la médaille et la compétition. À savoir que seule la médaille la plus importante que l’athlète a décrochée durant sa carrière est prise en considération et non l’ensemble de ses titres.

 

Le lancement de cette récompense a été effectué en octobre 2018. Au départ, ils étaient environ 70 bénéficiaires, mais aujourd’hui, ils sont 105 selon Sheila Seebaluck. Un chiffre qui continue à augmenter, d’autant que le TFES multiplie les démarches pour retracer tous les anciens médaillés mauriciens. Un travail de fourmi nous dira-t-elle. 

 

« Nous essayons de les retracer tous et ce n’est pas de tout repos. Mais nous continuons quand même que ce soit à travers les fédérations, leurs anciens camarades ou des proches. Nous tentons de les recontacter », dévoile la CEO du TFES. Outre les anciens, il y a aussi ceux qui viennent de prendre leur retraite et les nouveaux arrivants vont encore faire gonfler ce chiffre.

 

Le palmarès de Stephan Buckland

 

Recordman de Maurice du 100m, du 200m et du 4x100m

¼ de finaliste sur 100m aux Championnats du monde – Séville, 1999

½ finaliste sur 200m aux JO de Sydney en 2000

Finaliste au 200m aux Mondiaux d’Edmonton en 2001

½ finaliste sur 200m aux Jeux du Commonwealth à Manchester en 2002

Finaliste au 200m aux Mondiaux de Paris en 2003

Finaliste au 200m aux JO d’Athènes en 2004

Finaliste au 200m aux Mondiaux d’Helsinki en 2005

Médaille d’argent au 200m aux Jeux du Commonwealth à Melbourne en 2006

½ finaliste au 200m aux JO de Beijing en 2008

½ finaliste au 200m aux Mondiaux de Berlin en 2009

 

Textes : Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun