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Squatters de Case-Noyale : Une vie rythmée par la débrouillardise

La journée de Marie Josée Dorsa commence dès 4 heures du matin.

Sur la côte Ouest, à Case-Noyale, les petites maisons en tôle en bordure de route ne passent pas inaperçues. C’est ici que des dizaines de familles se sont installées illégalement depuis plus d’une dizaine d’années, faute de pouvoir se payer un logement. Et pour combattre la pauvreté, elles ont adopté un mode de vie : la débrouillardise.

Dans cet environnement où la pauvreté fait partie du quotidien, les habitants de Case-Noyale ont compris que leur salut ne viendra pas d’ailleurs. Que la débrouillardise est leur seule arme. Depuis plus de dix ans, ils se démènent pour ne pas dormir le ventre vide sur ces terres qu’ils occupent illégalement. Ils font preuve d’ingéniosité et saisissent toutes les opportunités pouvant leur rapporter quelques sous. 

 

Ainsi, sur la route côtière de Case-Noyale, plusieurs petits commerces ont été construits à partir de quelques feuilles de tôle. Marchand de boulettes, gérante de tabazi, vendeurs de fruits et de légumes, de fruits de mer, entre autres : les squatters de cette région veulent s’en sortir. Parmi, Marie-Josée Dorsa, 48 ans et maman de deux enfants. Cela fait 19 ans qu’elle s’est installée à Case-Noyale, dans une petite maison en tôle qui fait face à la mer. Bien qu’elle vive pratiquement pieds dans l’eau, son quotidien n’a rien d’extraordinaire. Dès 4 heures, alors que tout le village dort toujours, elle est déjà sur pied pour préparer les plats du jour.

 

Marie-Josée Dorsa gère d’une main de fer son commerce qu’elle a développé de fil en aiguille. «Auparavant, je travaillais comme cuisinière sur une île, je gagnais Rs 9 par jour. Je travaillais pratiquement sept jours sur sept. Un jour,  j’en ai eu assez et j’ai décidé de devenir ma propre patronne. J’ai commencé à cuisiner et à vendre mes menus», explique-t-elle. 

 

La quadragénaire s’est aussi diversifiée et vend des noix de coco ou encore des fruits confits aux clients, dont la plupart sont des touristes qui empruntent cette route très prisée de la région Ouest. «J’ai étudié jusqu’au Certificate of Primary Education. Je ne sais pas trop écrire mais je sais compter», lâche celle qui précise qu’elle arrive toutefois à placer quelques mots en français et en anglais dans une conversation. 

 

Non loin de là, Florise Antoine, pétillante d’énergie, est la première à avoir lancé un tabazi dans le coin. Tout a commencé avec quelques«boîtes de pomme d’amour» et quelques barres de savon. «La vie était très dure lorsqu’on s’est installée ici il y a environ 20 ans. Il n’y avait aucune boutique. Il fallait aller à Rivière-Noire ou à La Gaulette. Du coup, j’ai commencé par apporter quelques provisions, comme des boîtes de pomme d’amour, du savon pour la lessive, entre autres, et en tirant un tout petit profit. Petit à petit, j’ai apporté d’autres produits jusqu’à ce que j’obtienne une licence de commerçante», raconte-t-elle. 

 

De son côté, Vanessa Fra, 42 ans et mère de quatre enfants, fait partie de ceux qui gagnent leur vie grâce à la pêche. Ainsi, il n’est pas rare, tôt le matin ou dans l’après-midi, de la croiser dans la rue, poissons ou ourit à la main, essayant de les vendre aux passants pour quelques roupies. Ils sont nombreux à exercer ce métier à Case-Noyale. Toutefois, quand Mère Nature dicte ses lois et que la météo interdit toute sortie en mer, ils passent leur journée à ne rien faire. Comme en ce jeudi 13 juillet. «Kan lamer pa bon, pa kapav sorti», lâche Vanessa, tristement. Alors que c’est ce métier qui lui permet de nourrir sa famille et d’envoyer son petit dernier, âgé de 8 ans, à l’école. 

 

«Mo travay gramatin pou manze tanto», explique la mère de famille qui nourrit un rêve, celui de devenir propriétaire du terrain qu’elle occupe. «Cela fait quelque temps que les arpenteurs sont venus, ont mesuré les terrains et numéroté les maisons. Depuis, nous attendons de devenir propriétaires.» Un souhait partagé par les autres habitants de Case-Noyale, qui vivent au rythme de la débrouillardise.