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Sophie Montocchio : «Un travailleur du sexe mérite le respect et ne devrait pas subir de violence»

La Journée internationale de lutte contre les violences envers les travailleurs du sexe a été observée le samedi 17 décembre, et a été commémorée pour la sixième année consécutive à Maurice. Le thème de cette année est Pa ziz nou kan to pa kone. L’équipe de Parapli Rouz, qui milite pour les droits des travailleurs du sexe, a présenté le sketch Fleurs du Jardin qui a pour objectif d’informer le public sur les différents types de violation des droits humains auxquels font face les travailleurs du sexe à Maurice. Parole à Sophie Montocchio, Coordinator de l’ONG.

Quelle est l’importance de la Journée internationale de la lutte contre les violences envers les travailleurs du sexe ?

 

Cette journée est soutenue par l’Organisation des Nations unies et est mondialement commémorée par les travailleurs du sexe et leurs alliés. Tout commence en 2003, le jour de la condamnation de Gary Ridgway, le Green River Killer, qui a atrocement tué des centaines de femmes, pour la majorité des travailleuses du sexe, sur une vingtaine d’années. À l’époque, les familles endeuillées ont posé la question : comment cet homme, pourtant suspecté plusieurs fois, n’a été arrêté qu’après autant de morts et autant d’années ? Est-ce parce que la majorité de ses victimes étaient des travailleuses du sexe ? À Maurice, les travailleurs du sexe rapportent subir des violences verbales, physiques, morales et émotionnelles de leur famille, des clients, des fonctionnaires, du public en général. Ces mêmes violences restent la plupart du temps impunies et sont souvent normalisées. 

 

La journée est commémorée à Maurice pour la sixième année consécutive. La mentalité des Mauriciens a-t-elle évolué vis-à-vis des travailleurs du sexe ?

 

Au fil des années, nous avons constaté que le nombre de commentaires positifs a augmenté sur les réseaux sociaux et suite à la parution d’articles en ligne. De plus en plus, le public comprend que c’est une forme de travail, ou tout au moins qu’un travailleur du sexe a des droits, mérite le respect et ne devrait pas subir de violence. Il reste néanmoins un long chemin à faire car la stigmatisation, les discriminations institutionnelles et autres violences font toujours partie du quotidien des travailleurs du sexe. 

 

Quelle est la situation dans l’île concernant ces travailleurs ?

 

Ils sont harcelés par la police : «gagn trape pou nanye», «gagn trape akoz ena kapot ar nou», «gagn case soliciting kan pena person ar nou», «gagn trape a koz pe marse lor sime», «gagn trape akoz inn met enn linz kourt»...Les travailleurs du sexe sont victimes de violences verbales et physiques de la police, des clients et de la société. Le regard péjoratif de la société envers les travailleurs du sexe les pousse à se cacher, à ne pas en parler.

 

Quels sont les récents cas de violences qui ont impliqué des travailleurs du sexe ?

 

Beaucoup de cas nous ont été rapportés. Par exemple, à Grand-Baie, Rose-Hill et Quatre-Bornes, la police se sert de la violence pour forcer les travailleurs du sexe à plaider coupable. Un client embarque une travailleuse du sexe qui est ensuite victime de viol collectif. Un client vole l’argent d’une travailleuse du sexe. Rejet de la famille pour d’autres. La liste est longue.

 

Que faut-il comprendre par le thème Pa ziz nou kan to pa kone ?

 

Nous faisons référence à la stigmatisation du public envers les travailleurs du sexe, à ces étiquettes qui collent à la peau. Nous pensons que c’est le manque d’information qui pousse les gens à penser que c’est un «vice», de «l’argent facile», que cet argent est utilisé pour subvenir à une addiction à la drogue ou encore à confondre l’exploitation sexuelle et le travail du sexe. Pa ziz nou kan to pa kone est un message direct des travailleurs du sexe au public.

 

Parlez-nous de Fleurs du Jardin

 

Fleurs du Jardinest un sketch que nous avons monté cette année dans le but de conscientiser le public et les autorités sur les réalités du travail du sexe à Maurice. Le sketch met l’accent sur le fait que les travailleurs du sexe sont des adultes consentants qui travaillent pour nourrir leur famille. Il met aussi en lumière les différents types de violations des droits humains contre lesquels nous luttons : violence des clients, viol, refus de la police de les protéger, arrestations arbitraires, procès injustes, refus de soin en milieu hospitalier, etc.

 

Comment fonctionne votre association ?

 

Parapli Rouz milite pour le respect des droits des travailleurs du sexe. Notre centre accueille les travailleurs du sexe et nous avons aussi une action de terrain à travers l’île pour aller à leur rencontre. Nous sommes soutenus par des avocats pour des formations en droit, conseils et représentations légales en Cour lorsque les droits des travailleurs du sexe sont bafoués. Nous proposons aussi des groupes de soutien qui visent au développement personnel ainsi que des cours d’alphabétisation, d’anglais et d’IT. Ce sont les travailleurs du sexe eux-mêmes qui guident notre action.

 


 

Bio express

 

Le social et elle, c’est toute une histoire. Toute jeune déjà, Sophie Montocchio se sent à l’aise au sein de l’association Rêve et Espoir, à Rivière-Noire, en faisant du bénévolat. La suite devient pour elle comme une évidence. Quelques années plus tard, elle s’envole pour l’Australie pour des études en sciences sociales. C’est à son retour à Maurice qu’elle commence l’aventure Parapli Rouz. Ses premiers pas, c’était en 2010 et depuis, elle ne s’est plus arrêtée.