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Son mari meurt dans un accident fatal | Jessica Edouard : «J’ai perdu mon époux, aidez-moi à sauver mon enfant cancéreux»

Daniella et Ramesh, les parents de Jean Ally Edouard, pansent  leurs blessures tant bien que mal.

Elle n’a plus de larmes pour pleurer. Mais intérieurement, le cœur de Jessica Edouard saigne. Après avoir perdu son époux Ally dans un accident de la route cette semaine, elle se retrouve seule avec ses deux enfants, dont l’un est atteint d’un cancer des os et risque une amputation. Le combat du petit garçon, qui s’accroche de toutes ses forces à la vie, est semé d’embûches en raison des démarches administratives non abouties auprès du ministère de la Santé.

Les rayons de soleil qui pénètrent dans la petite maison en tôle ne suffisent pas pour l’éclairer. Ici, tout est sombre, tout est synonyme de tristesse. Assis l’un à côté de l’autre, sur un sofa, Daniella Augustin, 63 ans, et son ex-mari Ramesh Aubeeluck, 67 ans, sont complètement anéantis par le décès tragique de leur fils Jean Ally Edouard, 36 ans. Ce dernier est décédé dans un accident de la route à Quartier-Militaire, le dimanche 19 mars. La moto sur laquelle il se trouvait, conduite par un ami, est entrée en collision avec une voiture. Le chauffeur du véhicule, testé négatif à l’alcotest, a été arrêté par la police tandis que le conducteur de la moto a reçu des soins à l’hôpital. Son alcotest est également négatif. Une enquête a été ouverte.  

 

Daniella et Ramesh n’arrivent pas à accepter ce terrible coup du destin. Leur fils, disent-ils, étaient un père et un mari aimant. «Il était très débrouillard et travaillait comme maçon. Sa vie n’était pas facile mais il faisait tout son possible pour assurer le bien-être de sa famille», confie Daniella, d’une voix remplie de chagrin. Le drame, explique-t-elle, s’est produit alors que son fils revenait des Quarante-Heures à l’église St-Léon, à Quartier-Militaire, ce dimanche-là. 

 

«Il s’y était rendu pour demander la guérison de son fils qui souffre d’un cancer des os depuis deux ans. Il rêvait de voir son enfant marcher à nouveau car cela fait plusieurs mois que ce dernier est privé de l’usage de ses jambes», murmure Daniella, alors que son ex-mari, lui, pleure sans arrêt et ne cesse de se demander pourquoi un tel drame s’est abattu sur sa famille. 

 

Ces lamentations sont soudain interrompues par des voix qui se rapprochent de la petite maison en tôle. Une femme robuste, tenant un enfant dans ses bras, fait son entrée. Aussitôt qu’elle franchit le seuil, Daniella nous apprend que c’est sa belle-fille Jessica, la femme de son fils décédé. Et que l’enfant est son petit-fils atteint d’un cancer des os depuis deux ans. Sa mère le dépose dans un sofa dans lequel il se replie. Chétif, il a les yeux enfoncés dans ses orbites. Sa croissance, explique sa mère, s’est arrêtée depuis que son cancer s’est déclaré. Toutes les souffrances liées à sa maladie se reflètent sur son petit visage. La maladie a volé l’enfance du petit Laurent, âgé de 7 ans seulement, qui reste cloué dans un sofa durant la journée et dans un lit la nuit. Et son cœur qui bat en accéléré l’affaiblit davantage. 

 

Mais il tient bon et se bat courageusement, même s’il risque une amputation. D’une petite voix, il demande à ce qu’on lui prépare un pain avec du burger. Jessica s’exécute aussitôt car le bien-être de son fils est sa priorité. D’autant qu’elle se retrouve désormais seule à prendre soin du petit et de sa fille aînée. «Mon mari était d’un grand soutien. Mais il est parti brusquement. C’était son plus grand rêve, et le mien également, de voir Laurent remarcher et jouir de la vie comme un enfant normal. J’ai perdu mon époux maintenant et je ne veux pas perdre mon fils également. Aidez-moi à le sauver», lâche-t-elle, les larmes aux yeux. 

 

Femme au foyer et souffrant d’asthme elle-même, elle explique qu’elle ne peut travailler en raison de la maladie de son fils. Car c’est elle qui veille sur lui et qui l’emmène au centre de cancérologie de Candos tous les jours en ce moment pour ses séances de radiothérapie.

 

Milieu très modeste

 

En avril 2016, le ministère de la Santé avait accordé à Laurent une aide de Rs 800 000 qui lui avait permis de se rendre en Inde pour se faire opérer. «Il était admis à l’Apollo Bramwell Hospital en Inde. Quand nous sommes allés là-bas, Laurent ne marchait pas. Et après son opération, il avait retrouvé l’usage de ses jambes. Nous sommes rentrés au pays quelque temps après. Mais ses médecins traitants en Inde avaient mentionné dans son dossier qu’il devait retourner en Inde pour des suivis médicaux. Toutefois, le ministère de la Santé n’a pas approuvé cette demande», souligne Jessica, visiblement désemparée. 

 

Selon elle, l’opération de Laurent aurait coûté moins de Rs 800 000 et il resterait dans sa balance à l’hôpital Apollo Bramwell assez d’argent pour couvrir les frais de ses suivis médicaux. «Mais je ne sais pas combien d’argent il reste car c’est l’hôpital Apollo qui gère cet argent. Il faudrait que le ministère fasse une requête pour qu’on ait le chiffre exact. De plus, si le ministère avait approuvé le déplacement de Laurent pour ses suivis, les médecins indiens m’auraient dit si l’argent restant était suffisant ou pas.» 

 

Issue d’un milieu très modeste, Jessica précise qu’elle n’a pas les moyens de se rendre en Inde à ses propres frais pour le traitement de son fils. À travers 5-Plus dimanche, elle supplie le ministère de la Santé de permettre à son fils de faire ce voyage qui lui sauvera peut-être la vie. «Laurent est suivi à Candos. Mais il va mal. Il risque une amputation. C’est pourquoi nous avons besoin d’aide», confie Jessica qui ne peut contenir ses émotions. Elle lance un appel aux Mauriciens pour l’aider à payer les frais de déplacement en Inde au cas où sa demande auprès du ministère de la Santé lui serait refusée. Afin que cesse ce cauchemar que sa famille vit depuis cinq ans et auquel est venu s’ajouter la tragédie de la mort de son époux. 

 

Laurent, raconte Jessica, avait 5 ans quand sa maladie s’est déclarée. «Il jouait avec ses petits camarades lorsqu’il a reçu un coup au pied. Il n’avait pas de douleur, rien du tout. Mais environ trois semaines plus tard, il a reçu un autre coup au même endroit en jouant avec ses copains. Il a commencé à avoir d’atroces douleurs. À l’hôpital, le terrible diagnostic est tombé. Selon ses médecins, il avait cette maladie depuis sa naissance mais elle ne s’était pas manifestée pour des raisons que nous ignorons.»

 

Aujourd’hui, le petit Laurent ne demande qu’une chose : vivre et avoir les meilleurs soins médicaux pour guérir complètement de sa terrible maladie. Jessica, elle, espère que ses cris de détresse seront entendus et qu’elle n’aura pas à vivre un double drame en perdant son fils. Et une double tristesse dont elle ne se remettra sans doute jamais.

 


 

Le ministère de la Santé s’explique

 

«Je vais vérifier son dossier et voir ce qu’il en est.» C’est ce que nous a déclaré un cadre du ministère de la Santé concernant le cas du petit Laurent Edouard. 

 

Jessica Edouard, la mère du garçonnet, assure, elle, que l’intervention de son fils a coûté moins de Rs 800 000 et que l’argent restant peut servir au suivi médical de son fils en Inde. Déplacement que le ministère n’aurait, dit-elle, pas approuvé. 

 

Selon notre interlocuteur, qui veut garder l’anonymat, plusieurs critères doivent être pris en considération pour qu’un patient puisse bénéficier de soins médicaux à l’étranger. Le budget maximum déboursé par le ministère de la Santé ne dépasse pas Rs 800 000 par patient lorsque ce dernier doit se faire soigner dans un autre pays. «Et si l’intervention chirurgicale et les autres soins coûtent moins de Rs 800 000, le patient peut utiliser le reste de l’argent pour retourner dans le pays en question pour ses suivis médicaux.»

 

Le haut cadre précise toutefois que toutes les transactions financières se font entre le ministère de la Santé et le service hospitalier étranger où le Mauricien se fait soigner. Le patient ne reçoit donc pas d’argent en tant que tel car tout est déjà pris en charge par le ministère. «Que ce soit le logement ou autres», souligne notre source.«Mais si les soins du patient coûtent la totalité de la somme attribuée par le gouvernement, le ministère ne pourra pas débourser de l’argent une deuxième fois pour payer les autres soins de la personne à l’étranger.»