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Sobrinho, Lutchmeenaraidoo, Sumputh… : Les casseroles du gouvernement

Ça s’en va (pas tout à fait) et ça revient (toujours). Les petits «scandales» de l’équipe dirigeante commencent à s’entasser. Les observateurs politiques font le point.

Oups ! They did it again. Les semaines défilent, les rebondissements ne manquent pas. Un petit peu plus de cinéma tous les jours (de quoi provoquer une pénuriede pistas). Du salaire de Vijaya Sumputh, membre du ML et proche d’Anil Gayan, à la saisie record de drogue impliquant un partisan du MSM, en passant par les révélations de l’express sur Vishnu Lutchmeenaraidoo (et la tentative de ce dernier de museler la presse), la performance au Parlement desdéputés de la majorité et l’incontournable affaire Alvaro Sobrinho, les Mauriciens en ont
de l’entertainment

 

D’ailleurs, certains préfèrent en rire… jaune. Depuis quelque temps, un sentiment de désillusion a gagné les amateurs du vire mam. S’agit-il seulement d’une impression ? Nous avons demandé à ceux qui observent notre société et nos politiques de nous dire où en est le gouvernement.

 

Ki manier ? Comment ça se passe pour l’équipe dirigeante en ce moment ? Pas très bien, estime Kris Valaydon, avocat. Les symptômes (ou la cause du mal) : «une crise de solidarité permanente» dans les rangs de la majorité. «Il y a un power gamequi se joue au sommet. Du coup, le réflexe d’individualiser les responsabilités, c’est-à-dire de coller un scandale à un des leurs, est tentant.» 

 

Tania Diolle, chargée de cours en Political Science à l’université de Maurice, partage le même ordre d’idée (sans être aussi pessimiste que Kris Valaydon). «Il y a un blocage quelque part et je crois que c’est le résultat du manque de cohésion qu’il y a au sein du gouvernement.» Néanmoins, rappelle-t-elle, il y a des choses qui se font : «Sur certains aspects, il y a des initiatives intéressantes, le gouvernement fonctionne. Qu’il y ait une enquête dans l’affaire Sumputh, c’est une bonne chose. Les arrestations dans les affaires de drogue et la retransmission des débats parlementaires aussi.»

 

Du bon et du pas terrible, donc. Mais pour Dylan Allagapen, membre de Rezistans ek Alternativ, c’est le mauvais qui prime. Il n’y a pas vraiment de match. Le gouvernement a plus que déçu : «Nous sommes dans un système qui crée beaucoup de disparité entre ceux au sommet et ceux qui n’y sont pas. Pendant les élections, les gens votent pour l’équipe qui promet de réduire cet écart, pour changer ce système.» C’est ce que les Mauriciens qui ont plébiscité l’Alliance (qui était alors) Lepep attendaient : «Aujourd’hui, ils voient que ces personnes qui représentaient le changement profitent, avec leurs petits copains, du système. Du coup, il y a un sentiment de malaise et de révolte.» 

 

Jocelyn Chan Low, historien, est de cet avis : «Le pays ne décolle pas. Le gouvernement a pris des décisions, comme le Metro Express, qui ne font pas l’unanimité. Il y a une série d’affaires qui éclaboussent le gouvernement et les institutions. Les Mauriciens ont l’impression d’avoir été floués. D’ailleurs, ils n’ont pas digéré la passation de pouvoir entre sir Anerood Jugnauth et son fils.»

 

Ki pli pir ? Des affaires qui embarrassent le gouvernement, il y en a en ce moment. Les observateurs interrogés font le point sur celle de ces derniers jours, qui est la plus damaging pour l’équipe dirigeante, selon eux. Le choix n’a pas été aisé, précisent-ils. 

 

Dylan Allagapen : «Le cas de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Tout ça ne sent pas bon. On a une impression qu’il y a un cover-up. Sa réaction face au journaliste de l’express, l’expulsion de ce dernier de la conférence de presse, la tentative du ministre de museler la presse… Il croit qu’il est au-dessus de la loi ? C’est l’impression qu’il donne comme nombre de ses collègues.»

 

Tania Diolle : «L’affaire Sumputh illustre ce manque de cohésion. Un ministre du ML qui dénonce cette affaire en égratignant un autre ministre de son parti. Et cela, avec la bénédiction du chef du gouvernement, leader du parti majoritaire du gouvernement. Ça provoque des questions essentielles.»

 

Jocelyn Chan Low : «L’affaire Sobrinho qui met en lumière les relations questionnables entre la présidence, des ministres et même des membres de l’opposition et ce businessman angolais. Tout le monde est éclaboussé.»

 

Kris Valaydon: «La retransmission des débats à la télé sur la motion de censure sur la Speaker. Le discours de Shakeel Mohamed dans la forme a fait mouche. Le public l’a comparé avec la prestation du Deputy Speaker et a, bien sûr, tiré ses conclusions.»

 

Ki kapav fer ? Est-ce possible pour le gouvernement de redresser la barre ? Maybe, maybe not. S’il le souhaite, il faut prendre des décisions courageuses, estime Kris Valaydon : «L’attitude du gouvernement vis-à-vis de la critique et les idées des autres peut se résumer par la phrase épicée que l’on sait. Pour redresser la barre, c’est un changement radical d’attitude qu’il leur faut. Les dirigeants peuvent croire qu’ils ont le pouvoir absolu mais ne peuvent prétendre avoir la connaissance absolue.» Dans la pratique, il faut agir sans tarder, estime l’avocat. «Qu’il règle tous ces scandales, qu’il corrige les nominations fortement critiquées. Qu’il n’allonge pas la liste des éternels impunis du système.» Tout un programme qu’il est trop tard pour mettre en place, estime Jocelyn Chan Low : «Ce gouvernement est aux aguets et ça ne devrait pas aller mieux. Il y a d’autres révélations à prévoir.» 

 

Dylan Allagapen partage le même point de vue : «Il n’y a rien à faire. À ce stade, on ne peut plus leur faire confiance. Il faut des élections, au plus vite.» Noir, c’est noir (il n’y a plus d’espoir ?). Pas tout à fait, estime Tania Diolle. Peut-être faut-il donner le temps au temps : «Pravind Jugnauth vient de prendre le leadership. Attendons de voir. Il y a quand même beaucoup de travail à faire par rapport à l’équipe.» 

 

En attendant, une question essentielle demeure : que se mijote-t-il pour les prochains jours ? Will they… do it again ? 

 


 

Affaire Alvaro Sobrinho : des voyages et de la colère 

 

Au Parlement, c’est «revelation time». Vous vouliez du croustillant ? Pour ça, il fallait suivre la réponse du Premier ministre Pravind Jugnauth à la Private Notice Question de Xavier-Luc Duval sur l’affaire Alvaro Sobrinho, le mardi 4 avril. Si le chef du gouvernement a déclaré qu’aucune commission d’enquête n’avait été instituée (il estime que cette mesure serait injustifiée), il a avancé que d’autres investigations sont menées par la Financial Services Commission (FSC) et le Central Criminal Investigation Department. Pravind Jugnauth a également confié que l’homme d’affaires angolais avait bénéficié du VIP Lounge (espace réservé, comme son nom l’indique, aux VIP) de l’aéroport 31 fois du 1er octobre 2015 au 27 février 2017. Un privilège possible pour Alvaro Sobrinho grâce aux demandes du secrétariat de la présidence de la République. 

 

L’affaire n’éclabousse pas seulement la majorité gouvernementale. Mais également l’opposition depuis que Roshi Bhadain en fait partie. Dans des documents publiés par l’express (des mails échangés entre Akilesh Deerpalsing, conseiller de Bhadain, et Mauricio Fernandes, bras droit d’Alvaro), on comprend que l’ancien ministre de la Bonne gouvernance avait rencontré l’homme d’affaires angolais. Et que les contacts dataient de 2015. Qu’il avait également organisé une réunion avec des fonctionnaires et d’autres personnalités du monde de la finance afin que le milliardaire angolais présente ses projets.

 

Pas happy Ramesh Basant Roi. Le directeur de la Banque de Maurice n’a pas apprécié les questions d’une journaliste de Radio Plus le vendredi 7 avril. Interrogé sur sa présence lors d’une des réunions qu’aurait organisées Roshi Bhadain pour Alvaro Sobrinho, il a perdu son sang-froid (et c’est le moins que l’on puisse dire) : «I got an invitation. I refused to go there. I was not there. Understood

 

Vishnu Lutchmeenaraidoo : comme une envie de museler la presse 

 

Il pensait être sorti d’affaire.Il y a quelque temps, l’ICAC avait informé le Directeur des poursuites publiques (DPP) qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves contre Vishnu Lutchmeenaraidoo dans l’affaire de l’euroloan. Certains estiment qu’il a bénéficié d’un emprunt de 1,1 million d’euros à un taux qui serait plus que préférentiel. Cette semaine, l’express a publié des documents (concernant la demande de l’emprunt jusqu’à l’octroiement de ce dernier) qui viennent mettre en lumière, entre autres choses, les interrogations autour de la garantie bancaire de l’ancien ministre des Finances (qui ne serait pas suffisante pour la somme empruntée) et son intervention auprès du chairman de la SBM. 

 

Tout a été fait dans la transparence. C’est ce qu’a affirmé Vishnu Lutchmeenaraidoo lors de sa conférence de presse épique, cette semaine. 

 

Expulsion et «gagging order». Un point de presse épique car, suite aux questions d’un journaliste de l’express le mettant face à ses contradictions, l’actuel ministre des Affaires étrangères a expulsé ce dernier, le traitant de menteur et l’accusant d’avoir un… agenda. Vishnu Lutchmeenaraidoo est même allé plus loin. Il a sollicité la cour afin d’empêcher l’express de publier le reste des documents précités. Une injonction provisoire qu’il n’a pas obtenue, permettant à l’express de poursuivre sa publication de documents (dont un donnant l’impression qu’il serait intervenu dans le cadre des négociations d’un contrat entre la SBM et son fils Ashwin). Les partis concernés devraient se rencontrer demain, lundi 10 avril, au bureau de la juge Nirmala Devat. 

 

Débat parlementaire : et c’est parti pour le show !

 

Motion de blâme et expulsion.Les discussions autour de la motion de blâme présentée par Shakeel Mohamed contre la Speaker Maya Hanoomanjee (qu’il accuse de ne pas faire son travail en toute impartialité) ont fini en eau de boudin. C’est le Deputy Speaker Sanjeev Teeluckdharry qui a présidé cette séance et il a fini par expulser Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan et Veda Baloomoody, provoquant ainsi unwalk-out de l’opposition. Au final, la motion a été rejetée. Et les députés de l’opposition ont dénoncé la façon de faire du Speaker adjoint, dénonçant une«dictature parlementaire». 

 

Passion et réseaux sociaux. La performance des membres du Parlement a été diversement commentée sur les réseaux sociaux, cette semaine. Attaques personnelles, mauvais jeux de mots, insultes, remarques qui ne volent pas haut : il y en avait pour tous les (mauvais) goûts. Cette séance parlementaire a passionné les Mauriciens et pas toujours pour les bonnes raisons ! 

 

Vijaya Sumputh : c’est la non-crise au ML 

 

Tout va bien dans le meilleur des mondes. C’est ce qu’a affirmé Ivan Collendavelloo. Les tensions entre les ministres Gayan et Husnoo (il a dénoncé le salaire de Vijaya Sumputh qui a fait tiquer plus d’un) ne sont donc qu’imaginaires. Celles avec le MSM (Pravind Jugnauth a soutenu Anwar Husnoo) inventées. Il a également affirmé que la principale concernée prenait un congé politique en attendant les conclusions du comité d’enquête mis en place pour définir les circonstances dans lesquelles l’ancienne directrice du Cardiac Center a touché Rs 323 200.