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Shannen, 10 ans, se noie à Tamarin : Le tragique destin d’une fillette «exemplaire»

Le décès de Shannen Château a semé la tristesse dans le coeur de nombreux habitants de Camp-Diable.

En vacances scolaires, la petite Shannen Château était allée passer quelques jours chez des proches à Baie-du-Cap. Toutefois, une sortie familiale, à la plage de Tamarin, a pris une tournure dramatique, il y a quelques jours. Son entourage raconte…

Le temps semble s’être arrêté à cité EDC, Camp-Diable. Une atmosphère pesante y règne. La joie a laissé la place aux larmes depuis le départ tragique de la petite Shannen Château, morte noyée à Tamarin, le dimanche 19 novembre. Pendant que quelques gamins s’amusent en toute innocence dans la cour, les adultes sont à l’intérieur, prêts à se recueillir, la mine grave. Leurs prières vont au rayon de soleil qui illuminait leurs journées jusqu’à tout récemment. Des bougies et une photo ornent une petite table placée dans un coin de la pièce. Sur le cliché, prise une semaine plus tôt, Shannen, vêtue d’une robe blanche avec un ruban rouge, sourit. C’était lors de sa confirmation. Elle avait 10 ans et toute la vie devant elle. Mais le destin, injuste et cruel parfois, lui réservait un terrible sort. 

 

Il y a à peine quelques semaines, Shannen était folle de joie à l’idée d’être finalement en vacances. Durant l’année écoulée, elle avait travaillé dur à l’école. Elle était même sortie première de sa classe dans l’une de ses matières préférée : le kreol. Ses parents, Laval et Natacha, étaient très fiers d’elle. C’est pour cela qu’ils ont accepté de la laisser partir pour passer quelques jours chez sa tante. «Elle voulait absolument profiter de ses vacances parce qu’elle savait qu’il lui faudrait bosser dur l’année prochaine. Elle allait être en Grade 6», confie Suzelle, sa grand-mère, désemparée. 

 

«Un cauchemar»

 

La semaine dernière, c’est avec bonheur que Shannen a retrouvé ses cousins et cousines à Baie-du-Cap. Tenant absolument à faire plaisir aux enfants, sa tante avait prévu une sortie à la plage. «Elle leur avait demandé où ils souhaitaient se rendre. Shannen avait été la première à proposer la plage de Tamarin et ils sont tous tombés d’accord», poursuit Suzelle. Pourtant, ce n’était pas dans leurs habitudes d’aller là-bas, la plage de  la Prairie étant beaucoup plus proche de leur domicile. Entre soleil, plage et sable… la petite famille espérait passer une journée exceptionnelle. Mais celle-ci s’était transformée en cauchemar en l’espace de quelques minutes. 

 

Ce moment horrible reste non seulement gravé à jamais dans la mémoire des proches de la petite Shannen, mais aussi dans celle d’Ashvin, un pêcheur. Vers 15 heures, il est dans son embarcation avec son oncle et son cousin lorsqu’il voit une ressortissante étrangère lui faire de grands signes de la main. «Lorsque je me suis approché, elle m’a fait comprendre qu’une petite fille s’était noyée et qu’il fallait la sortir de l’eau.  Quand je me suis mis debout, j’ai vu son corps qui flottait. Je savais qu’un enfant de son âge ne pouvait pas avoir pied à l’endroit où je l’ai repêchée. Elle ne bougeait plus. Je l’ai sortie de l’eau et je l’ai ramenée à la plage. La touriste a tenté de lui faire un massage cardiaque mais il était déjà trop tard», raconte-t-il péniblement. Selon lui, «des sauveteurs faisaient leur ronde au moment où elle s’est noyée mais ne se trouvaient pas de ce côté de la plage». 

 

Le SAMU est appelé en urgence et alors que l’ambulance est en route pour l’hôpital Yves Cantin, les proches de Shannen s’accrochent à l’espoir qu’un miracle peut encore se produire. Mais celui-ci s’est éteint définitivement lorsque les médecins leur ont confirmé le décès de la fillette. 

 

Les parents de Shannen ont, eux, perdu le goût de vivre depuis le départ soudain de leur petite chérie. «Sa maman est très accablée par ce qui s’est passé. Elle ne dort plus. Elle a tout le temps l’impression d’entendre sa fille lui parler. Depuis les funérailles, sa tension artérielle a grimpé. Elle a même dû se rendre à l’hôpital pour une consultation», explique Suzelle. 

 

«Elle aimait nager»

 

Écrasée par la douleur, Natacha a le regard perdu dans le vide. Elle pense aux rêves que sa fille ne pourra jamais concrétiser. «Elle voulait impérativement réussir ses examens de Grade 6 et intégrer par la suite le collège Lorette de Mahébourg, puis l’université», confie cette maman, le cœur brisé. Shannen, dit-elle, «était une fille exemplaire. Elle était très active à l’église et ne ratait jamais ses classes de catéchèse». Pour Natacha, sa mort est une injustice impossible à comprendre et à accepter.

 

Le décès de Shannen Château a aussi semé la tristesse dans le cœur de nombreux habitants de Camp-Diable. Notamment celui de Michelle Soulange, sa prof de catéchèse. «C’était une petite fille que tout le monde connaissait. Je n’ai jamais vu autant d’enfants à un enterrement», dit-elle. 

 

Ayant vu grandir Shannen sous ses yeux, Michelle ne tarit pas d’éloges à son sujet. «C’était un enfant calme. Elle n’était jamais en colère. J’ai aussi été sa prof à la maternelle ; c’était une petite fille très intelligente, que ce soit sur le plan éducatif ou spirituel. Elle n’avait que 10 ans mais elle était responsable. Par exemple, lorsque certains parents ne pouvaient pas conduire leur enfant aux classes de catéchèse, elle les y accompagnait et les ramenait chez eux après. Puis, elle venait toujours déposer son petit frère à l’école et veillait tout le temps à ce qu’il ne manque de rien.» 

 

Elle ne comprend pas comment Shannen a pu perdre la vie dans de telles circonstances. «Cela m’a fait un choc car elle aimait nager. J’ai eu le moral à zéro lorsque j’ai su ce qui s’était passé.» 

 

À 10 ans, Shannen avait tellement de choses à vivre. Le destin en a voulu autrement. Elle n’ira pas collège, ni à l’université, n’accomplira pas ses nombreux rêves, ne fera plus jamais le bonheur de ses parents, ne verra pas grandir son petit frère adoré de 4 ans, qui essaie encore de comprendre ce que veut dire «Shannen est avec le petit Jésus», comme le lui répètent ses proches. Encore un petit ange qui s’en est allé trop tôt. Bien trop tôt.