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Série d’attentats dans le monde : les Mauriciens se sentent-ils concernés ?

L’explosion après le concert de la chanteuse américaine Ariana Grande, qui a fait 22 morts et 59 blessés à Manchester en Angleterre, a à nouveau rappelé que l’ombre du terrorisme plane partout et peut frapper à n’importe quel moment. Les Mauriciens se sentent-ils concernés par ces drames ? La parole à quelques compatriotes.

Elle s’appelait Saffie Rose Roussos. Elle avait 8 ans. Elle aimait rire, sa famille, la musique et avait un incroyable sens créatif. Pétillante, aimée de tous, elle illuminait une pièce rien que par sa présence. La fillette était aussi une grande fan d’Ariana Grande. Mais le lundi 22 mai au soir, juste après le concert de son idole auquel elle assistait, avec sa mère et sa grande sœur, elle a perdu la vie suite à une explosion – un attentat revendiqué par Daech. L’attentat a fait 22 morts et 59 blessés à Manchester en Angleterre. 

 

Comme elle, au moins deux autres enfants se trouvent  parmi les victimes mais aussi de jeunes adultes et parents. Cette nouvelle a ébranlé l’Angleterre mais aussi le monde. Car le terrorisme choque, fait peur, suscite des pourquoi, de la révolte et attriste. Chaque nouvel acte est un acte de trop. Sur chaque grand événement plane l’ombre du terrorisme.  Est-ce qu’ils vont frapper à nouveau ? Est-ce qu’ils vont bientôt récidiver ? Où ça ? Dans quelle capitale ? Bref, le doute est aujourd’hui omniprésent et… partout.

 

Les Mauriciens se sentent-ils concernés par cette menace ? «Oui indirectement mais concernés», nous confie Yieldy Harrisson. Bien que loin des pays touchés, la jeune femme dit suivre cette triste actualité avec attention : «Ce n’est pas parce que nous sommes loin sur notre petite île que nous sommes à l’abri. Au train où vont les choses, tuer est devenu beaucoup trop facile. Ce qui est arrivé à Manchester ou même ce qui se passe en Syrie ne devraient pas être toléré.»  Pour elle, tout le monde doit se sentir concerné. Mais, dit-elle, il faut faire attention à la façon dont on gère ce mal : «Résoudre des attentats par la force et les armes, ce n’est pas la meilleure solution.»

 

Pour Kinsley David, un jeune homme travaillant dans l’immobilier, c’est important que tout le monde prenne conscience de ce danger : «L’Occident a, pendant longtemps, été une référence en matière de modernité et de sécurité. Les occidentaux se sont embarqués dans l’ère moderne bien avant nous. Ils étaient et sont toujours pour beaucoup d’entre nous des modèles. Or, depuis quelque temps, les attentats et les crimes atroces s’enchaînent et nous cessons peu à peu de les idéaliser.» 

 

Les Mauriciens, dit-il, devraient prendre conscience de la chance qu’ils ont : «En tant que pays en voie de développement, nous perdons nos repères. Beaucoup de gens ont perdu foi en l’humanité et ce n’est pas une bonne chose car nous reculons au lieu d’avancer. Cette perte de foi engendre une peur parfois infondée d’autrui. Chacun s’occupe de sa personne sans se préoccuper des autres. Cependant, la récurrence des attaques m’a fait prendre conscience de la chance que j’ai de vivre dans un pays où la paix et le vivre-ensemble sont toujours d’actualité. Cela me pousse à faire de mon mieux pour aider ceux dans le besoin. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice.»

 

Dans ce moment de grande tristesse, il est important de rester solidaire, souligne Neidi Thatcher : «Ça rend malade de penser à ces enfants victimes. Je prie non seulement pour les familles et les défunts mais aussi pour ceux qui ont assisté à ce massacre. S’ils veulent instaurer de la haine, ils se trompent car nous sommes aujourd’hui plus unis, partageant plus d’amour et de soutien les uns envers les autres.»Comme Yieldy et Kinsley, elle croit en un avenir meilleur et voudrait voir les choses évoluer dans le bon sens pour qu’il n’y ait plus d’autres Saffie… 

 

Kevin Raj, un Mauricien en Angleterre : «Les gens sont en colère»

 

Il est à la fois bouleversé et en colère. «Trop d’innocents sont morts. Les gens sont en colère», nous dit Kevin Raj, un Mauricien installé au Royaume-Uni. Pour lui, les attentats de lundi ont ravivé la peur de ce mal qui rode : «C’est triste ce qui arrive. Les gens pensent à deux fois avant de se déplacer.»

 

Virginie Bissessur-Corsini, psychologue : «Nous devons pouvoir nous indigner devant l’horreur»

 

Est-ce que les Mauriciens devraient s’intéresser aux actes de terrorisme répétés dans le monde ? C’est ce qu’on a voulu savoir et pour ce faire, on a posé la question à Virginie Bissessur-Corsini, psychologue clinicienne qui nous donne un éclairage sur ce fléau qui ronge le monde. «Au titre de citoyen du monde, les drames internationaux doivent tous nous interpeller et pas seulement quand cela touche notre petit rocher au milieu de l’océan. D’une part, pour la solidarité avec ces peuples qui souffrent et aussi pour la compréhension et la connaissance générale du monde qui nous entoure. D’autre part, car en lisant les réactions sur les réseaux sociaux, cette actualité n’est pas si éloignée de nous. Il n’y a pas encore eu de passage à l’acte à Maurice mais cela n’empêche pas de fantasmer», dit-elle. Devrait-on, alors, s’habituer à ce genre de nouvelles ? Non car ce serait donner raison aux terroristes, abandonner notre solidarité et notre capacité d’empathie, selon la psychologue. «Nous devons garder notre capacité à nous indigner devant l’horreur et la barbarie. S’habituer serait leur donner un feu vert sans précédent. De là, où s’arrêterait l’horreur ?»