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Sanju Unjore, boursier du Commonwealth : «Je trouve dommage que nos jeunes ne soient pas davantage ambitieux»

«ll y a tellement de financements de bourses d’études disponibles et de surcroît des bourses complètes, mais beaucoup ne font pas d’efforts pour postuler et les obtenir», nous confie Sanju Unjore. Le jeune homme, récemment boursier du Commonwealth, s’embarque pour une nouvelle aventure à l’Université de Goldsmiths où son projet d’études tournera autour du système éducatif local. Il nous parle de son parcours.

Pouvez-vous nous présenter Sanju Unjore ?

 

Je suis originaire de Camp-Thorel, j’ai 28 ans et des rêves plein la tête.

 

Parlez-nous de votre parcours académique ?

 

Cela a été difficile, mais j’ai eu beaucoup de chance car mes trois degrés ont été parrainés par des bourses – pour mon premier cycle, la maîtrise et maintenant le PhD. J’ai fréquenté la Shrimati Indira Gandhi SSS où j’ai fait mon School Certificate. Puis, j’ai continué à la sir Leckraz Teelock SSS pour mon Higher School Certificate. J’ai été classé 8e côté Art en 2008. Par la suite, je suis allé à l’Université de Maurice pour faire un BA en anglais. Puis, j’ai obtenu une bourse de troisième cycle du gouvernement en 2012 pour faire une maîtrise en linguistique appliquée et un ELT à l’Université de Nottingham. Actuellement, je fais un doctorat en éducation à l’Université de Goldsmiths, à Londres.

 

Quel système éducatif avez-vous connu au primaire ?

 

J’ai fréquenté une école du gouvernement, je suis issu de la culture des leçons particulières et j’ai aussi beaucoup appris par moi-même.

 

Parlez-nous de votre passage au Mauritius Institute of Education (MIE) ?

 

Mon passage au MIE a été une aventure. J’ai d’abord été chargé de cours en kreol morisienet je faisais aussi partie du Special Needs Education Departmentoù l’objectif était de développer des programmes et des manuels pour les élèves ayant des besoins spéciaux.

 

Vous avez récemment reçu une bourse du Commonwealth. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

Les procédures ont été longues, déjà pour obtenir une place à l’université, dans la première phase d’application du ministère de l’Éducation. Puis, il y a une deuxième sélection faite par le Commonwealth. C’est une bourse prestigieuse et intéressante, et elle couvre tous les coûts – billets d’avion, frais de scolarité et allocation. Le Commonwealth donne ces bourses aux pays en développement. L’idée est d’aider les chercheurs locaux à aller à l’étranger pour poursuivre leurs études et leur formation dans leurs domaines respectifs, et de revenir pour aider dans le processus de développement de leur pays d’origine.

Je trouve dommage que nos jeunes ne soient pas davantage ambitieux. Il y a tellement de financements de bourses d’études disponibles et de surcroît des bourses complètes, mais beaucoup ne font pas d’efforts pour postuler et les obtenir. J’ai même essayé d’encourager certains de mes amis, mais ils ont eu des problèmes avec leurs parents sur le fait d’aller étudier à l’étranger. Cependant, je comprends que l’ambition est subjective et que si quelqu’un a le potentiel de conduire une Ferrari et qu’il est tout simplement heureux avec une Toyota, alors qui suis-je pour dire que vous devriez être au volant d’une Ferrari ?

Je pense que nous devrions encourager nos enfants à rêver grand et à être ambitieux plutôt que de rêver petit. D’un autre côté, je peux comprendre que les jeunes n’osent pas rêver grand avec l’incertitude économique qui prédomine actuellement et les pressions sociales.

 

Vous commencez ainsi un PhD à l’Université de Goldsmiths. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

 

C’est un nouveau défi, une nouvelle aventure et un pas en avant dans ma carrière et en tant qu’universitaire.

 

Votre projet d’études tourne autour du Nine-Year Shooling. Pourquoi ce sujet ?

 

L’éducation est un domaine qui m’intéresse particulièrement. C’est pour cela que j’étais au MIE. En sus de cela, je suis moi-même un ancien enseignant. Le projet de Nine-Year Schoolingm’intéresse car ce sujet est actuellement au coeur des débâts dans le pays. 

 

Le pays serait-il gagnant en adoptant ce système ?

 

Étant chercheur, je crois dans la recherche. De ce fait, je ne peux pas et je ne commenterai pas largement ou de manière définitive ce nouveau système, parce que je n’ai pas encore fait des recherches. Ce que je peux dire pour l’heure, c’est qu’il n’y a pas de système parfait et que le Nine-Year Schoolingne prétend pas résoudre tous les problèmes d’éducation présents dans le système actuel. Le système a ses avantages et ses inconvénients.

 

Comme pour tout nouveau système, il faudra du temps pour qu’il fonctionne de manière efficace. Il faut aussi dire qu’il y aura toujours la possibilité de l’affiner et de l’améliorer. Mes recherches vont se concentrer sur l’une des questions fondamentales dans notre système éducatif : la discipline dans les écoles. Je vais bâtir mes recherches autour de cela et je m’intéresserai à la structure actuelle qui existe dans nos écoles pour faire face à ce problème. Je vais aussi m’intéresser aux outils disponibles pour les enseignants et je vais voir la chose du point de vue des étudiants et des parents.

 

Pourquoi la discipline ?

 

Quand je regarde notre système d’éducation, je constate qu’il y a beaucoup de questions à débattre. Bien sûr, je ne vais pas être en mesure de m’intéresser à tous ces sujets. Et d’ailleurs, il y a eu beaucoup de personnes qui ont fait des recherches sur ces sujets. Je ne veux pas être le 10e homme, une personne de plus qui vient faire des recherches et dire les mêmes choses. Par conséquent, je me suis intéressé à la question de discipline dans nos établissements. C’est un problème qui doit être abordé et ma recherche pourrait faire la lumière sur les lacunes et sur les points positifs de notre système, et comment l’améliorer. Cela pourrait peut-être conduire à une politique sur la discipline. Beaucoup m’ont dit que ce sera difficile, mais je ne suis pas d’accord et je verrai où cela me mène.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

 

Comme presque tout le monde en ce moment, je dirais que c’est la politique. Quand je regarde notre pays, surtout au fil de ces dernières années, je sens que quelque chose va profondément mal et que personne ne se penche sur les vrais problèmes. En fait, je crains pour mon pays. Je ne dis pas que le parti X ou Y est responsable de cette situation. Selon moi, ça va au-delà de la politique ! Je ne sais pas pourquoi les médias mettent l’accent sur la politique. Pourquoi l’accent n’est-il pas mis sur la population elle-même ? Dans une salle de classe, l’enseignant fait 50 % du travail et les élèves font le reste. Nous avons presque toujours blâmé l’enseignant pour les échecs et le taux de réussite, mais nous oublions que les étudiants ont également un rôle important à jouer. Idem, les dirigeants ne peuvent tout faire dans le pays. Nous avons besoin de savoir ce qui se passe à la racine. Je pense qu’il est grand temps de remettre en question les pratiques actuelles et la culture de notre population locale.

 

Et sur le plan international ?

 

Je suis de près tout ce qui concerne le Brexit.

 

Que lisez-vous actuellement et pourquoi ?

 

Je lis des articles et des livres sur la méthodologie et je suis l’actualité locale.