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Sandrine Ah-Choon, Communication & Development Coordinator à Lovebridge : «Nous ne pouvons pas nous avancer en disant que nous allons éradiquer la pauvreté…»

Créée en 2012, Lovebridge est devenue une organisation nationale en 2015. Sa mission : lutter contre l’extrême pauvreté à Maurice, en utilisant une méthode d’accompagnement social intégré et solidaire sur le long terme. Alors que l’organisme vient de publier son progress report, Sandrine Ah-Choon, Communication & Development Coordinator à Lovebridge, nous parle de son bilan…

En 2017, le projet Lovebridge a touché plus de 260 familles. Qu’est-ce qui a changé pour ces personnes ?

 

Selon les résultats du progress report, une moyenne de 40 % des familles a progressé sur les six piliers fondamentaux sur lesquels intervient Lovebridge : l’éducation, l’emploi/l’employabilité, le logement, l’alimentation, la santé et le MASCO (motivation, attitude positive, savoir-faire et courage). Cette progression se décline de différentes manières, dépendant des familles bénéficiaires, puisque chaque famille est unique. Chacune des familles avance à son rythme, selon son plan d’action et ses priorités.  

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur le pilier que vous appelez MASCO ?

 

Le MASCO est le pilier principal. C’est le moteur de l’empowerment. Pour qu’il y ait un impact sur les cinq autres piliers et pour que la famille puisse avancer de manière autonome, elle doit être avant tout motivée.  Elle doit avoir une attitude positive, un savoir-faire et du courage pour faire face aux défis.

 

Cela se traduit à travers un soutien émotionnel pour le développement personnel et le renforcement des soft skills. À travers cette relation de partage et de «reconnexion» sociale, qui s’est installée entre la famille bénéficiaire et l’équipe de Lovebridge, il y a un partage de savoirs. Il y a une communication interpersonnelle, un renforcement au niveau de la prise de décision, de la persévérance, d’une construction quotidienne, de la gestion de conflits, de la gestion du temps et du budget. Comme pour le soutien aux autres piliers, cela dépend du profil de chacune des familles que nous accompagnons.

 

C’est-à-dire ?

 

Dans le concret, cette progression se traduit à travers de meilleurs résultats scolaires pour certains des enfants, l’obtention d’un travail, des travaux qui ont été entrepris sur des maisons, une meilleure alimentation, une prise en charge médicale adéquate ou une connexion aux différents services sociaux auxquels les familles ont droit. Cette liste est loin d’être exhaustive. Ce sont là uniquement quelques exemples pour illustrer la façon dont la situation des familles que nous soutenons a changé. Et comme je disais, pour chacune des familles, les changements et les progrès se font de manière différente, puisque chacune de ces familles est unique, avec un profil et des besoins différents. Toutes les actions que nous entreprenons auprès des familles visent à l’empowerment pour qu’au final, elles soient autonomes.   

 

Pensez-vous avoir trouvé la solution pour éradiquer la pauvreté ?

 

Nous ne pensons pas qu’il y ait une réponse unique à la pauvreté. Il y a différents programmes qui sont mis en place de par le monde et à Maurice, et qui donnent des résultats. Nous pensons que la méthode employée par Lovebridge est un outil dans la boîte à outils. Nous avons besoin de l’expertise des uns et des autres pour faire avancer cette cause commune. Chaque citoyen mauricien, chaque organisation gouvernementale et non gouvernementale, a son rôle à jouer. En travaillant ensemble, nous pouvons apporter un changement.  Lovebridge utilise une méthode innovante à travers laquelle nous intervenons horizontalement sur les six piliers fondamentaux. Nous encadrons des familles pour une durée moyenne de deux heures par semaine et nous faisons un suivi continu de leur avancement par rapport à leur plan d’action. Et nous ne pouvons pas nous avancer en disant que nous allons éradiquer la pauvreté mais nous pouvons faire tout notre possible pour aider ces familles vulnérables à avancer.

 

Selon votre progress report, 99 % des familles sont satisfaites de vos services. Comment se passe le processus d’accompagnement ?

 

L’accompagnement des familles se fait par une équipe pluridisciplinaire qui inclut des travailleurs de terrain, des psychologues et une équipe d’encadrement. Une stratégie et un plan d’action individuel sont élaborés pour et avec l’aide de chacune des familles. Ce plan d’action est revu régulièrement afin d’affiner les méthodes et outils d’accompagnement. Nous recherchons l’impact et le changement à court, moyen et long termes. L’équipe de Lovebridge accompagne chaque famille en moyenne 8 à 10 heures par mois. 80 % des familles sont également soutenues par des bénévoles et bénéficient d’un soutien additionnel de deux heures par mois. Lors des visites hebdomadaires, les travailleurs de terrain font un suivi des familles, adaptent les plans d’action individuels, apportent un soutien psychosocial, un accompagnement dans les démarches administratives, assurent le suivi scolaire et la coordination avec d’autres ONG et institutions qui offrent des services spécialisés.

 

Lovebridge est aux côtés des familles en permanence afin de les soutenir dans leur projet de vie. Au niveau de l’avancement vers l’empowerment, chaque famille est suivie à travers un livret. Celui-ci comporte, dans le détail, les principaux indicateurs de performance élaborés pour chacun des piliers. Une évaluation annuelle nous permet de constater le degré de progrès vers l’empowerment et d’ajuster nos méthodes d’accompagnement.

 

Qu’en est-il du travail avec les jeunes ?

 

Pour les enfants et les ados, l’accent est mis sur l’éducation et leur motivation, leur attitude, leur savoir-faire et leur courage, donc leur MASCO. Une importance considérable est donnée à l’éducation car c’est un des leviers pour sortir de cette situation d’extrême vulnérabilité. Lors des visites, les travailleurs de terrain font un suivi des avancements au niveau scolaire. Ils travaillent sur cet aspect aussi bien avec les enfants qu’avec les parents. Lors de leur suivi, les équipes travaillent avec les familles pour s’assurer que les enfants aient un espace adéquat afin qu’ils puissent étudier. Ils veillent aussi à ce que l’encadrement familial soit propice au progrès des enfants au niveau de l’éducation. 

 

Lovebridge propose également un programme de soutien scolaire aux enfants bénéficiaires. Des bénévoles, en collaboration avec l’équipe de Lovebridge, ont travaillé sur un programme alternatif au cursus scolaire traditionnel. Le but est d’éveiller la curiosité des enfants et de leur inculquer le goût d’apprendre à travers des méthodes ludiques.

 

L’équipe de Lovebridge comprend également des psychologues qui, lors de leurs sessions individuelles avec les jeunes, arrivent à détecter certains besoins qui demandent un soutien spécialisé. La personne est alors référée à une organisation spécialisée pour qu’elle reçoive une aide adéquate. 

 

Et quels sont vos projets ? 

 

Pour l’instant, nous accompagnons un peu plus de 260 familles dans 48 localités. Nous allons graduellement augmenter le nombre de familles pour toucher 350 familles en 2019, tout en nous établissant dans d’autres régions.